Qu'est-ce que la religion ?
Extrait du document
«
Le sentiment religieux est présent dans toutes les sociétés humaines et se manifeste sous des formes très différentes.
Mais il s'accompagne
toujours d'un ensemble de rites[1] et de croyances[2] par lequel un groupe humain se rattache à un ordre universel et suprahumain.
Selon son étymologie, la religion[3] est un lien ou une mise en relation.
En latin, « religare » signifie relier.
La
religion relie l'homme à un être transcendant.
Une autre étymologie ferait dériver le mot « religion » de « religio » à
savoir l'intégrité, le scrupule à remplir ses devoirs.
On peut, à la lumière de ces deux hypothèses étymologiques,
définir plus précisément la religion comme système de croyances et de pratiques qui, dans le respect et la
vénération, relie des hommes entre eux et avec une ou des instance(s) non sensible(s), et donne sens à l'existence
subjective.
Cette définition présuppose la délimitation du monde en un domaine sacré [4] et un domaine profane [5],
qui serait le trait universel de l'attitude religieuse : « Toutes les croyances religieuses connues présentent un même
caractère commun : la division du monde en deux domaines comprenant, l'un tout ce qui est sacré, l'autre tout ce
qui est profane, tel est le trait distinctif de la pensée religieuse » (« Les formes élémentaires de la vie
religieuse »).
« On pourrait dire que l'histoire des religions, des plus primitives aux plus élaborées, est constituée
par les manifestations des réalités sacrées.
De la plus élémentaire hiérophanie : par exemple, la manifestation du
sacré dans un objet quelconque, une pierre ou un arbre jusqu'à la hiérophanie suprême qui est, pour un chrétien,
l'incarnation de Dieu dans J.C.
C'est toujours le même acte mystérieux : la manifestation de quelque chose de « tout
autre », d'une réalité qui n'appartient pas à notre monde, dans des objets qui font partie intégrante de notre monde
naturel, profane.
» Mircéa Eliade.
[1] Pratique répétitive de louange, d'offrande, de sacrifice, de communion, ou de passage à un nouveau stade de
l'existence humaine.
La circoncision et l'eucharistie sont des rites religieux
[2] Disposition de l'esprit à être convaincu par un dogme ou une représentation (qui, dans le ces de la croyance
religieuse, donne sens et cohérence à l'expérience subjective).
[3] Système de croyances et de pratiques qui, dans le respect et la vénération, relie des hommes entre eux et avec
une (ou des) instance(s) non sensible(s), et donne sens à l'existence subjective.
[4] Caractère de ce qui mis à distance, qui échappe à l'ordre du quotidien, et qui implique respect et précaution
rituelle dans les rapports des hommes avec lui.
Par exemple, le crâne d'un ancêtre en Mélanésie, est considéré
comme sacré, car il met celui qui s'en approche en contact avec l'au-delà.
Le sacré est le contraire du profane.
[5] Du latin « pro », devant, hors de et « fanum », temple.
Tout ce qui est de l'ordre du quotidien, de la vie
courante, par opposition à ce qui est sacré.
Chacune de ces deux catégories de « profane » et de « sacré »
n'existe d'ailleurs que dans la contradiction à l'égard de l'autre..
»
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