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Quels sont les facteurs essentiels du langage ?

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« Quels sont les facteurs essentiels du langage? Dans la première thèse (empirisme) il y a bien un langage, mais il n'y a pas de « sujet qui parle » ; dans la seconde (intellectualisme) il y a bien un sujet, mais c'est un « sujet qui pense » ; dans la troisième (existentialisme) on attendrait enfin un sujet parlant, mais nous avons aussi bien un sujet qui chante ou qui danse.

C'est que chacune des trois thèses contient une part de vérité. — I — Il y a quatre caractères essentiels du langage : 1 — Le langage est un ensemble de mécanismes et un système d'habitudes.

Sans les automatismes du langage, toute pensée resterait virtuelle, si même elle arrivait à l'existence.

L'interpénétration du langage et de la pensée est d'ailleurs si étroite que le développement de la pensée est corrélatif de celui du langage.

Les automatismes forment donc le corps de la pensée parlée. 2 — Le langage est une organisation rationnelle avec un ensemble de règles et de lois, une syntaxe, qui sont le résultat actuel d'un effort vers la rationalisation.

D'autre part, la langue contient un grand nombre de concepts forgés par la raison.

Des « mots nouveaux » apparaissent ainsi dans le sillage du progrès de la connaissance. 3 — Le langage est l'expression du rapport entre une conscience collective et son monde.

La thèse existentialiste insiste sur l'expressionisme du langage mais tend trop à assimiler le langage à un chant individuel ; c'est méconnaître son essence collective.

Il porte la marque du « génie » d'un peuple et, avec d'autres phénomènes collectifs (art, religion, histoire etc.), il exprime une « civilisation ». 4 — Le langage est un moyen d'expression de la pensée personnelle.

Quoi qu'en disent les phénoménologues, nous éprouvons dans la simple expérience de chercher nos mots pour exprimer une pensée personnelle, l'existence du langage comme un moyen d'expression plus ou moins adéquat.

Là le halo symbolique ou expressif du langage peut être lui-même utilisé pour agir subconsciemment sur l'esprit de l'auditeur ou du lecteur ; c'est la magie des rythmes, des rimes, des sonorités ; mais il peut être aussi utilisé pour illustrer les pensées les plus intuitives (ex.

rôle des images dans certaines philosophies : Platon, Plotin, Bergson). La pensée est à la fois immanente et transcendante au langage.

Elle ajoute une « forme » (les Anciens diraient : elle donne une « âme ») aux mots. — II — Par ces caractères, le langage se distingue de la science qui est aussi une langue, mais qui vise à exprimer les relations objectives d'un univers abstrait ; et se distingue de l'art, qui, à l'opposé, exprime le rapport personnel de l'artiste et du monde, c'est-à-dire un « univers personne] ». Les langues sont-elles destinées à mourir ? Cette question est à l'ordre du jour.

Plus les hommes pensent à des communautés fédéralistes (Bénélux, Communauté Européenne etc.), plus ils créent d'organismes internationaux (Office mondial de la Santé, UNESCO, Fond International de Secours à l'enfance, Union Postale Universelle etc.), plus la diversité des langues est perçue comme un obstacle.

D'autre part, les langues artificielles (la première fut « l'espéranto ») se multiplient (il y en aurait actuellement une dizaine d'inventées) sans être adoptées.

C'est que le langage est autre chose, comme on l'a vu, qu'un univers de symboles conventionnels et rationnels, il a un « génie » ; un peuple y tient comme il tient à son folklore, à son sol et à son Histoire.

Des résistances vivantes et instinctives se manifestent à l'idée de disparition de la langue maternelle.

Peut-être la disparition progressive des frontières, changeant la « situation » des hommes dans le monde historique, provoquera-t-elle une nouvelle conscience qui adoptera le langage universel artificiel, au moins comme «langue officielle ».. »

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