Aide en Philo

Quels problèmes pose la division du travail ?

Extrait du document

« Quels problèmes pose la division du travail ? Introduction.

La division du travail a été très diversement jugée.

Mais c'est peut-être que, sous cette expression, on entend des phénomènes très différents.

On verra que c'est surtout sous sa seconde forme que la division du travail pose aujourd'hui des problèmes souvent difficiles à résoudre. I.

La division du travail professionnelle. A.

— On peut d'abord entendre par division du travail un phénomène social très général, celui-là même que DURKHEIM a étudié dans sa Division du travail social, à savoir la spécialisation des différentes fonctions dans la société.

Dans les sociétés non ou peu différenciées, les diverses fonctions sociales se confondent ou plutôt sont comme intriquées les unes dans les autres : le spirituel est confondu avec le temporel ; le prêtre est, en même temps, magistrat, quand il n'est pas aussi guérisseur ou médecin ; l'économique se confond avec le politique, etc. L'évolution des sociétés devait amener la distinction et la spécialisation progressives des tâches sociales.

— Cette répartition des fonctions fait de la vie sociale une immense coopération, où toutes ces fonctions sont interdépendantes ; et c'est ainsi que se substitue à la « solidarité mécanique » (Durkheim), c'est-à-dire massive, des sociétés indifférenciées, une « solidarité organique », comparable à celle qui lie les différentes fonctions d'un organisme vivant.

Cette solidarité est donc plutôt bienfaisante et ne pose pas de problèmes spéciaux. B.

— Sous une forme plus spéciale et qui s'applique plus particulièrement à la vie économique, la division du travail devient la division du travail professionnelle, la spécialisation des métiers.

C'est un fait que les métiers se sont spécialisées à mesure que les groupes sociaux s'étendaient et s'accroissaient en volume.

Nous pouvons le constater même de nos jours, où l'on voit, par exemple, cette spécialisation beaucoup plus accusée dans une grande ville que dans un petit village où un artisan exerce souvent plusieurs métiers à la fois.

— Quelles sont les conséquences ce cette spécialisation ? 1° Durkheim n'a pas craint d'étendre à la division du travail professionnelle les conclusions optimistes qu'il a formulées pour la division du travail social en général.

Selon lui, la «solidarité organique» qui en résulte permet à la personnalité de l'individu de se manifester, tandis que la solidarité mécanique ne pouvait se développer « qu'en raison inverse de la personnalité ».

Elle fait que le droit répressif cède de plus en plus la place au droit coopératif ou contractuel : c'est ainsi qu'on voit notre Code de Commerce réglementer les contrats spéciaux « entre le commissionnaire et le commettant, entre le voiturier et l'expéditeur, entre le porteur de la lettre de change et le tireur, entre le propriétaire du navire et ses créanciers, entre le premier et le capitaine, entre le fréteur et l'affréteur, entre le prêteur et l'emprunteur à la grosse, entre l'assureur et l'assuré » (Div.

du travail social, p.

95 et 101).

Nulle part peut-être la spécialisation des fonctions n'est plus apparente. 2° Toutefois Durkheim lui-même a précisé que, pour que la division du travail produise .ces heureux effets, certaines conditions sont requises.

Il existe en effet, selon lui, des « formes anormales » de la division du travail, qu'il ramène à trois principales et qui l'empêchent d'être bienfaisante.

Il y a d'abord des cas où les fonctions ne concourent pas, parce que leurs rapports ne sont pas réglés : c'est la « division du travail anomique ».

Ces cas sont fréquents dans la vie économique (crises industrielles ou commerciales, faillites antagonisme du capital et du travail, grèves) parce que la vie économique est abandonnée au régime du « laissez-faire » ; d'où nécessité d'une réglementation qui détermine les rapports mutuels des fonctions.

Une seconde série de cas se rattache à la « division du travail contrainte ».

Par suite de l'inégalité « dans les conditions extérieures de la lutte » (inégale répartition des moyens de production, héritage qui fait « des riches et des pauvres de naissance »), l'individu n'est pas en harmonie avec sa fonction parce qu'il ne peut choisir, librement, celle qui correspond le mieux à ses aptitudes (cf.

sujet 206).

Enfin une troisième série de cas provient de ce que « l'activité fonctionnelle de chaque travailleur est insuffisante ».

C'est ce qui arrive dans ces entreprises industrielles, commerciales ou autres où « les tâches sont partagées de telle sorte que l'activité de chacun est abaissée au-dessous de ce qu'elle devrait être normalement », par exemple dans ces administrations « où chaque employé n'a pas de quoi s'occuper suffisamment».

— Ainsi, même vue sous l'angle optimiste qui est celui de Durkheim, la division du travail pose toute une série de problèmes qui touchent à l'organisation même de la vie économique et sociale.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles