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Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration, pour la ressemblance des choses dont on admire point les originaux (Pascal)

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« Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance des choses, dont on admire point les originaux! ( Pascal) L'art au sens actuel, désigne la capacité à produire des objets beaux.

En parlant des arts, on entend les beaux-arts. Les oeuvres d'art sont ainsi d'une très grande diversité : architecture, sculpture, peinture,..

Le terme "art" vient du mot latin ars et du grec techné : il peut désigner autant une technique, un savoir-faire, que la création artistique, la recherche du beau.

Pourtant les deux significations diffèrent de par leur fin.

En effet, si la technique vise l'efficacité d'une action, l'art n'a d'autre finalité que lui-même, c'est-à-dire qu'il n'a pas d'utilité concrète.

Il s'agit ici de savoir si la représentation que la peinture fait du monde extérieur se distingue des choses même représentées. Platon a le premier reproché à l'art de n'être qu'une pâle copie de la réalité.

L'artiste se sert en effet souvent de son environnement pour créer.

Mais peut-on dire que l'art n'introduit pas une autre dimension? L'inutilité de sa représentation ne peut-elle pas justement nous permettre les objets représentés d'une autre manière? Le but de l'art n'est pourtant pas à chercher ailleurs que dans la simple imitation de la nature? 1.

Il n'y aucune originalité dans l'imitation de la nature Il est vrai que la peinture reproduit souvent des scènes de la vie quotidienne( pensez aux tableaux flamands) mais aussi ce que l'on appelle des natures mortes.

Dans ces productions, le tableau semble n'être qu'un miroir.

Ainsi, par exemple, Léonard de Vinci dans son traité sur la peinture, rapproche le résultat de l'artiste, le tableau à un miroir. Pour lui, la meilleure peinture est celle qui imite le mieux la nature : "la peinture la plus digne d'éloges est celle qui a le plus de ressemblance avec ce qu'elle imite." Platon est le premier à avoir affirmer que l'artiste est un imitateur d'une production qui n'est qu'illusion, "éloignée de la nature de trois degrés".

Il y a en effet trois sortes de lits : l'un est l'idée du lit et n'existe que dans le monde intelligible et indépendant du sensible, le deuxième est celui du menuisier qui construit le lit en fonction de l'idée de lit et le troisième est celui du peintre qui ne fait que reproduire le lit sensible, celui du menuisier.

Ainsi l'art ne consiste qu'à tromper, n'est qu'une illusion qui nous détourne de la réalité et de la vérité. La philosophie de l'art commence avec Platon par une condamnation.

Il faut renvoyer les poètes hors des murs de la Cité.

Socrate rejette les discours écrits pour privilégier la parole, et la peinture n'est tenue que pour une imitation dégradée et inférieure d'une réalité par ailleurs déjà imitée des Idées. Par ailleurs, poésie, peinture et musique ne sont pas sensées exprimer la beauté.

Si l'art est condamnable, c'est qu'il est fondé sur la mimêsis, l'imitation.

Les choses sont, et elles sont ce qu'elles sont par l'Idée qu'elles incarnent, qu'elles matérialisent.

L'Idée est l'essence ou l'être vrai de chaque chose.

L'artisan fabrique des ustensiles en vue d'une Idée, il imite le modèle idéal pour en faire une chose.

Pour tout produire de la sorte, il suffirait de promener un miroir tout autour de nous pour restituer l'image exacte des choses.

La "production" artistique se dit poiein : rendre présent.

Le tableau est un miroir, il ne produit pas les choses dans leur être mais dans leur apparence.

L'artisan quant à lui ne produit pas non plus l'être véritable qui est l'Idée, mais un analogon.

Il y a donc trois degrés à considérer : l'Idée, vraie, naturelle, unique, immuable, parfaite et identique à soi ; les choses ou les objets fabriqués par l'artisan, demiourgos qui incarne l'Idée en de multiples exemplaires ; la peinture des choses qui les reproduit dans leur apparence.

L'artiste est donc plus éloigné de la vérité que l'artisan.

L'art est une imitation du réel, non pas en ce qu'il est, mais en ce qu'il apparaît.

Il n'est capable de produire que des simulacres ou des idoles. Hegel critique aussi l'idée de l'imitation de la nature par la peinture.

Il prend l'exemple de Zeuxis qui "peignait des raisons qui avaient une apparence tellement naturelle que des pigeons s'y trompaient et venaient les picorer".

Dans Esthétique, il se demande quelle est utilité de "refaire une seconde fois ce qui existe dans le monde extérieur"? Quel besoin "de revoir dans des tableaux ou sur la scène des animaux, des paysages ou des événements humains que nous connaissons déjà"? Il dénigre l'art imitatif et affirme que "tout ce qu'il peut nous offrir, c'est une caricature de la vie" qui sera toujours inférieure à la vie même. 2.

Dans un tableau, l'objet représenté est vu d'une autre manière Pourtant, il existe effectivement une différence entre la représentation de l'objet dans l'art et l'objet dans le monde réel et quotidien.

Il faut en effet réaffirmer que l'art n'a aucune utilité, contrairement aux autres choses de notre vie.

En fait, Kant définit la production artistique comme une finalité sans fin, c'est-à-dire que l'oeuvre d'art n'a pas d'autre but que elle-même.

De même, le philosophe allemand caractérise la réception de l'art comme désintéressée, comme pure contemplation esthétique qui ne vise aucune satisfaction d'un désir, ou d'un bien moral. Schopenhauer voit dans le tableau, une scène certes quotidienne mais extraite de son contexte habituel.

Les choses représentées ne sont plus en relation avec d'autres choses, elles ne peuvent nous servir et donc n'excitent pas notre volonté.

Dès lors, nous ne voyons plus les objets tels que nous les voyons tous les jours.

Nous pouvons enfin voir ce qu'ils sont réellement, pour eux-mêmes, dans leur essence et non plus dans leur relation avec notre intérêt.. »

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