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PASCAL: « [Les géomètres] se perdent dans les choses de finesse, où les principes ne se laissent pas ainsi manier. On les voit à peine, on les sent plutôt qu'on ne les voit...»

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« Thème 410 PASCAL: « [Les géomètres] se perdent dans les choses de finesse, où les principes ne se laissent pas ainsi manier.

On les voit à peine, on les sent plutôt qu'on ne les voit...» Il y a un esprit de finesse distinct de l'esprit de géométrie. « [Les géomètres] se perdent dans les choses de finesse, où les principes ne se laissent pas ainsi manier.

O n les voit à peine, on les sent plutôt qu'on ne les voit; on a des peines infinies à les faire sentir à ceux qui ne les sentent pas d'euxmêmes : ce sont choses tellement délicates et si nombreuses, qu'il faut un sens bien délicat et bien net pour les sentir...

» Pascal, P ensées (1670). • Le fait qu'il faille interpréter le monde qui nous entoure suppose que celui-ci a un sens, mais ce sens se dérobe à une saisie immédiate.

L'interprète essaie d'être objectif, son interprétation lui paraît la bonne, mais elle n'est «qu'» une interprétation, parmi d'autres possibles.

C ette particularité de l'interprétation impose de recourir à l'«esprit de finesse» tel que Pascal l'oppose à l'«esprit de géométrie». • Face aux problèmes de la vie (les rapports humains par exemple, avec leurs passions et leurs contradictions), on ne dispose pas de principes universellement reconnus; et même si on les avait, on n'aurait souvent pas le temps d'y réfléchir. C 'est là qu'intervient «l'esprit de finesse», c'est-à-dire une capacité à interpréter, en quelque sorte plus vite que la pensée rationnelle, sans avoir de principes fixes, mais sans que cela nous empêche de comprendre le sens de ce qui se passe. « N’est-ce pas indignement traiter la raison de l’homme que de la mettre en parallèle avec l’instinct des animaux, puisqu’on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse, au lieu que l’instinct demeure toujours dans un état égal ? Les ruches des abeilles étaient aussi bien mesurées il y a mille ans qu'aujourd'hui, et chacune d'elles forme cet hexagone aussi exactement la première fois que la dernière.

Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce mouvement occulte'.

La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu'ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver ; et toutes les fois qu'elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque, la nature n'ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu'ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu'ils y ajoutent, de peur qu'ils ne passent les limites qu'elle leur a prescrites.

Il n'en est pas de même de l'homme, qui n'est produit que pour l'infinité.

Il est dans l'ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s'instruit sans cesse dans son progrès : car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs, parce qu'il garde toujours dans sa mémoire les connaissances qu'il s'est une fois acquises, et que celles des anciens lui sont toujours présentes dans les livres qu'ils en ont laissés.

Et comme il conserve ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement.

» PASCAL. 1.

C aché. PASCAL (Blaise).

Né à C lermont-Ferrand en 1623, mort à P aris en 1662. Enfant précoce, il écrivit à onze ans un traité des sons, et retrouva tout seul, à douze ans, la trente-deuxième proposition du premier livre d'Euclide.

A dix-neuf ans, il inventa une machine arithmétique.

En 1646, il entre en relations avec Port-Royal et fait sa première expérience sur le vide.

A partir de 1652, commence ce que l'on a appelé la « vie mondaine » de P ascal.

A mi du duc de Roannez, il fréquente les salons et les femmes, s'adonne au jeu, mais poursuit cependant la réalisation de ses travaux mathématiques : il se révèle le promoteur de l'analyse infinitésimale et du calcul des probabilités.

Insatisfait de la vie qu'il mène, las du monde, le cœur vide, il éprouve la nostalgie de Dieu.

Pascal a une illumination dans la nuit du 23 novembre 1654, et trace quelques lignes sur un morceau de papier, qu'il conservera cousu à l'intérieur de son vêtement.

Il se retire à Port-Royal-des-C hamps, et participe avec ardeur à la polémique qui oppose les Jansénistes et les Jésuites, prenant la défense de Port-Royal (1656-1657).

La guérison de sa nièce, à la suite de l'attouchement d'une épine de la couronne de Jésus, le rend encore plus convaincu dans sa foi chrétienne.

Il abandonne ses recherches de mathématiques et de géométrie, et vit désormais dans l'humilité et la souffrance.

Il imagine la création de carrosses à cinq sols pour le déplacement des pauvres, voitures qui sont à l'origine des transports publics en commun.

Il meurt le 17 août 1662.

— Bien entendu, il n'y a pas de système philosophique de P ascal, que Bayle a appelé « un individu paradoxe de l'espèce humaine ».

Malade et las, Pascal a cherché en souffrant.

Il s'est approché de l'univers invisible, à tâtons.

Dieu est pour lui « la dernière fin, comme lui seul est le vrai principe ».

Polémiste, géomètre, physicien, Pascal est l'un des plus grands écrivains français.

Sa distinction entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse est célèbre.

L'esprit de géométrie, c'est celui qui procède par définitions et déductions rigoureusement logiques et qui s'étend jusqu'aux plus extrêmes conséquences.

L'esprit de finesse, c'est la « souplesse de pensée » qui permet, face à la complexité des choses, l'adaptation aux circonstances concrètes.

— Rappelons ici l'argument du pari, dans le problème de l'existence de Dieu.

Ou bien Dieu est, ou bien il n'est pas.

Or, « il faut parier, cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.

Lequel prendrez-vous donc?...

V otre raison n'est pas plus blessée en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir.

V oilà un point vidé ; mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est.

Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.

Gagez donc qu'il est, sans hésiter...

Tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude : et néanmoins il hasarde certainement le fini pour gagner incertainement le fini, sans pécher contre la raison...

Et ainsi, notre proposition est dans une force infinie, quand il y a le fini à hasarder à un jeu où il n'y a pareils hasards de gain que de perte, et l'infini à gagner ».

— La grandeur de Pascal est dans ce combat qu'il a mené, où il a engagé toutes les contradictions de son être, dans cette quête gémissante de la vérité.

Elle est aussi dans cette sourde inquiétude qu'il a fait naître dans le cœur des hommes, même dans le cœur de ses adversaires les plus obstinés.

C omme l'a dit un philosophe contemporain, « Pascal a vécu intensément le combat du chrétien, la lutte avec l'ange de la foi, où la seule victoire est de se reconnaître vaincu.

» Œuvres principales : Essai pour les coniques (1640), Expériences nouvelles touchant le vide (1647), Récits de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (1648), Fragment d'un traité du vide (1651, publié en 1663), Discours sur les passions de l'amour (1652), Traités de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air (1654, publié en 1663), Lettres de Pascal à Fermât sur la règle des partis (1654), P rière pour demander à Dieu le bon usage des maladies (1654, publié en 1666), Entretien avec M .

de Saci sur Epictète et Montaigne (1655, publié en 1728), C omparaison des chrétiens des premiers temps avec ceux d'aujourd'hui (1655, publié en 1779), Les Provinciales (janvier 1656-mars 1657), Trois lettres circulaires relatives à la cycloïde (1658), Lettres à Mademoiselle de Roannez (1658), Histoire de la roulette (1658-1659), Fragments sur l'esprit géométrique et sur l'art de persuader (1659, publié en 1728), P ensées de M .

Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets qui ont été trouvées après sa mort parmi ses papiers (1669).. »

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