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Quelle relation la conscience entretient-elle avec ses objets ?

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« Vocabulaire: OBJET (n.

m., étym.

: latin ob-jectum : ce qui est placé devant ; chose).

1.

— T out ce qui es t présenté par la perception, avec un caractère stable et indépendant du sujet (objet externe) ; pour la phénoménologie, l'objet est déterminé par la visée de la conscience (cf.

sens 3).

2.

— T out ce qui se présente à un sujet, s'offre à la pensée, et qui est distinc t de l'acte de représentation ou du sentiment (donc du s ujet), c.-à-d.

aussi bien le percept, l'image, l'idée, que l'objet externe ou la pers onne aimée.

3.

— Le but qu'on se propose d'atteindre (cf.

un objectif). La conscience vient du latin c onscientia, qui signifie « acc ompagné » (cum) de « savoir » (s cire).

Être conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.

Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de l a c o n s c i e n c e réfléchie, conscience qui s e saisit elle-même comme c o n s c ienc e.

La première consiste à « a v o i r c o n s c i e n c e », tandis que la s e c o n d e consiste à « être conscient d'avoir conscience ».

Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». Idée directrice : La cons cience es t toujours conscience de quelque chos e. Selon une conc eption courante, que l'on trouve dans le P récis de ps ychologie de William James, la ps ychologie est « la description et l'explication des états de conscience en tant qu'états de conscience ».

La consc ience est ainsi conç ue c omme une sorte d'organe indépendant, qui, par intros pection, se saisit des états internes, tendances, phénomènes affectifs, proces s u s d'activité mentale, constituant la vie intérieure, et qui, par la perception, appréhende les phénomènes extérieurs. I l semble q u e c e t t e doctrine soit i s s u e d'une certaine interprétation de la pensée cartésienne, selon laquelle la cons cienc e serait l'acte purement intellectuel par lequel je pense ce que je pense et qui en ferait une réalité indépendante.

M ais D escartes ne dit rien de pareil.

Q u'y a-t-il sous le C ogito ? « une c hose qui pens e », «c'es t-à-dire une c hose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent ».

Le C ogito s'institue, non à partir d'une réflexion sur la pensée pure, mais du doute universel, qui fait abstraction des contenus eux-mêmes pour ne laiss er subsister que le fait de penser. C 'est la pensée cartésienne authentique qu'a explicitée H usserl dans la formule c élèbre, reprise par tous les phénoménologues et les exis tentialistes, que «tout état de consc ience en général est, en lui-même, conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle de cet objet». Indications générales H u s s e r l ( 1 8 5 9 - 1 9 3 8 ) a pos é l e s b a s es d'une nouvelle philosophie appelée la phénoménologie.

Il s'agit de «faire de la philos ophie une s c i e n c e rigoureuse»: non pas en lui appliquant les méthodes des s c i e n c e s expérimentales, qui sont justement jugées trop peu rigoureuses , mais en prenant pour modèle, à la s uite de Descartes, la géométrie.

C elle-ci en effet travaille sur de pures idéalités dégagées de la ques tion de leur existence empirique.

C 'est cette suspension de la question de l'existence du monde extérieur qui permet une réflexion véritablement rigoureuse s ur les ess ences.

Q uel est le statut, alors, du rapport de la c onscience au monde extérieur? C 'est la question de l'intentionnalité, abordée dans le texte suivant: «La perception de cette table est, avant comme après , perception de cette table.

A insi, tout état de consc ience en général est, en lui-même, consc ience de quelque chose, quoi qu'il en s oit de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse, dans l'attitude transc endantale qui est la mienne, de la position de cette existence [...] Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la c o n s c i e n c e d'être c o n s c i e n c e de quelque chose.» (M éditations cartésiennes, 1929.) La «réduc tion phénoménologique» c o n s i s t e à renoncer à l a naïveté de croire que l'on peut s'interroger sur le monde directement, sans s 'interroger sur la représ entation du monde dans la conscience.

C ontre l'empirisme, Husserl se situe dans la suite du «c ogito» de D e s c a r t e s e t de la notion de «sujet transcendantal» chez Kant*: il pose la question des struc tures d e la cons c i e n c e qui précèdent et rendent possible la cons titution d'une expérience pour moi. L'«intentionnalité» est la bas e de cette structure: elle est la structure d'ouverture de la conscience.

Elle est ce fait décis if, interne à la conscience, que la conscience vise une extériorité à elle.

H usserl dis tingue ainsi la «noèse» (l'acte de visée de la conscience) et le «noème» (l'objet intentionnel visé par la conscience): celui-ci est la forme de l'extériorité au sein de la cons cienc e. Le texte de Husserl propose un mode de résolution de la question du rapport de la consc ienc e au monde: ce rapport reste énigmatique tant que l'on se représente le monde comme posé devant la conscience, face à elle, tout en étant d'une nature radicalement hétérogène par rapport à elle.

C e que Huss erl met en évidenc e, c'est que c'est la conscience elle-même qui c onstruit les signific ations du monde extérieur - à commencer par la signification «extérieur». Sans la conscience, le monde exis terait sans doute, mais il n'aurait aucune s ignification assignable. Ne pas confondre l'objet intentionnel et l'objet empirique.

«Toute conscience est c onscience de quelque c hose» ne signifie pas qu'il n'y a de conscience que parce qu'il y a des objets extérieurs : la phénoménologie élimine les objets extérieurs.

C 'est c e qui lui permet de mettre en évidence que la notion d'«extériorité» est interne à la c o n s c ience.

«T oute c o n s c i e n c e e s t c o n s c i e n c e de quelque c hose» définit l a c o n s c i e n c e comme c e t t e v i s é e vers une extériorité: elle n'est pas un récepteur, une «tablette de cire» sur laquelle le monde viendrait s'imprimer: elle façonne elle-même l'opposition intérieur/ extérieur. Le propre de Husserl, c'est d'élargir la notion d'intentionnalité dans deux directions.

D'un côté, l'acte de la c onscience ne s'épuise pas dans les données actuelles.

A ins i, dans la perception d'un cube individuel, j'aperçois qu'il pourrait se présenter sous une multiplicité variable et multiforme d'aspects , mais tous liés par des rapports déterminés que commande son unité objective, c 'est-à-dire son essence géométrique.

De l'autre, la synthèse de c es rapports, présente à la c onscience dans la perception de c e cube individuel, n'anticipe pas seulement sur un avenir potentiel, elle peut être remplie de tout un halo de souvenirs .

En d'autres termes, la c onscience est temporalité, c 'est-à-dire continuité du passé et de l'avenir dans le présent. C 'est sans doute M erleau-Ponty qui a le plus approfondi la portée de cette double idée de la conscience comme présence au monde et comme temporalité.

P ar les ac tes du «Je», je déploie «un pouvoir de connaître qui est coextensif au monde ». L'être pour soi est l'être-au-monde.

Entre la conscience et le monde, il s'agit d'une véritable communication.

«C 'est en communiquant avec le monde que nous communiquons indubitablement avec nous-mêmes.

» M ais l a c o n s c ience, c'est aussi la continuité temporelle et « il faut comprendre le temps comme sujet et le sujet comme temps ».

Et le temps est avec le monde sens de tous les s ens.

« Il y a un style temporel du monde, et le temps demeure le même parce que le passé est un ancien avenir et un présent récent, le présent un passé prochain et un avenir récent, l'avenir enfin un présent et même un passé à venir, c 'est-à-dire que chaque dimension du temps est traitée ou visée comme autre chose qu'ellemême.

» O utre la valeur propre de cette conception où la conscience se reconnaît telle qu'elle se vit dans le temps, elle semble permettre d'éc happer au dilemme du réalisme et de l'idéalisme.

Donner raison au réalisme, c'est nier l'activité autonome du sujet.

Donner raison à l'idéalisme, c'es t admettre que le moi c onstruit en lui-même la totalité de l'être et perdre la richesse inépuisable du monde.

« L'intérieur et l'extérieur sont inséparables .

Le monde est tout en dedans et je suis tout hors de moi.

». »

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