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Quelle est l'essence du temps ?

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L'être du temps, c'est son essence. Le temps semble ineffable, inexprimable. Pourtant, il s'agit d'une notion familière, dont on fait un usage fréquent dans la conversation. Le temps se caractérise à la fois par une évidence et un caractère énigmatique. Chacun a une idée de ce qu'est le temps, parce que nous en faisons tous l'expérience. Nous en avons une représentation suffisante pour les besoins de la conversation, suffisante pour nous faire comprendre, pour que nous croyions parler de la même chose. Mais cette notion est en réalité vague et confuse. Nous avons tous conscience du temps. Mais cela ne suffit pas à en avoir une connaissance. Nous avons une expérience du temps, le temps est vécu par la conscience; mais nous sommes incapables de formuler cette expérience pour l'expliciter. Une conscience immédiate du temps, une conscience pré-réflexive. Mais c'est l'exemple même d'une opinion dont le caractère problématique est en général inaperçu, d'une notion apparemment bien connue, qui est en réalité méconnue. Cependant, puisque l'on fait usage du mot temps, c'est que l'on donne un certain sens à ce mot. En analysant cette idée, il sera peut-être possible de l'éclaircir.

« Introduction : Qu'est-ce donc que le temps? Si personne ne me le demande, je le sais.

Mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus.

Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé, que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir; que si rien n'était, il n'y aurait pas de temps présent. Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité.

Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus. Saint Augustin, Confessions, livre XI L'être du temps, c'est son essence.

Le temps semble ineffable, inexprimable.

Pourtant, il s'agit d'une notion familière, dont on fait un usage fréquent dans la conversation.

Le temps se caractérise à la fois par une évidence et un caractère énigmatique.

Chacun a une idée de ce qu'est le temps, parce que nous en faisons tous l'expérience.

Nous en avons une représentation suffisante pour les besoins de la conversation, suffisante pour nous faire comprendre, pour que nous croyions parler de la même chose.

Mais cette notion est en réalité vague et confuse.

Nous avons tous conscience du temps.

Mais cela ne suffit pas à en avoir une connaissance.

Nous avons une expérience du temps, le temps est vécu par la conscience; mais nous sommes incapables de formuler cette expérience pour l'expliciter.

Une conscience immédiate du temps, une conscience pré-réflexive.

Mais c'est l'exemple même d'une opinion dont le caractère problématique est en général inaperçu, d'une notion apparemment bien connue, qui est en réalité méconnue.

Cependant, puisque l'on fait usage du mot temps, c'est que l'on donne un certain sens à ce mot. En analysant cette idée, il sera peut-être possible de l'éclaircir. I.

Le problème de l'être du temps La notion de temps est familière.

Chacun, en effet, sait bien de quoi est fait le temps: le temps, c'est le passé, le présent et l'avenir.

Mais cette définition ne résiste pas à l'analyse.

En effet, écrit Augustin, l'être du temps ne peut résider ni dans le passé ni dans le futur, car passé et futur sont deux non-êtres.

Le passé n'est pas -- puisqu'il n'est plus; quant à l'avenir, il n'est pas davantage, puisqu'il n'est pas encore.

L'être de l'avenir soulève une difficulté supplémentaire car, de l'avenir, on ne peut même pas savoir avec certitude s'il sera.

Reste à examiner le cas du présent. 1.

L'être du présent La tentation est grande de faire résider l'être du temps dans le présent car, à l'inverse du passé et du futur, le présent, semble-t-il, est.

Avec le présent, on éviterait donc la difficulté précédente.

Mais c'est pour tomber dans une série de difficultés nouvelles.

A l'analyse, nous nous rendons compte que le présent nous échappe, qu'il est insaisissable.

En effet, le présent, aussitôt qu'on essaie de l'identifier, n'est déjà plus présent, mais passé.

Le présent fuit, il coule en direction du passé.

Le temps se donne pour un écoulement, un devenir (les Grecs ne parlent pas du temps, mais du devenir).

Si le temps ne coulait pas, il ne serait pas un devenir, mais un demeurer.

Le présent, nécessairement, cesse d'être en devenant passé.

Un présent qui ne passerait pas ne serait pas du temps présent, il ne serait pas du temps: ce serait l'éternité, dit Augustin.

Il propose ainsi une définition de l'éternité, qui ne consiste pas seulement en une durée indéfinie, car ce serait encore du temps, mais plutôt dans l'absence de temps.

L'éternité est un éternel présent, une immobilité.

Le présent, en revanche, tombe sans cesse au passé et, du coup, cesse d'être.

Si l'on fait donc consister le temps dans le présent, l'être du temps consisterait à tendre au non-être: à s'écouler vers le passé, c'est-à-dire à n'être plus.

Si l'être du temps, c'est de n'être plus, la nature du temps est bien paradoxale.

L'être du temps, ce serait le non-être.

C'est cette contradiction que souligne Augustin à la fin du texte. On ne peut pas définir le temps par quelque chose dont l'être est insaisissable.

Or, si l'on tente de définir le présent, on s'aperçoit qu'il s'effrite sous nos doigts.

En effet, quelque étendue de temps que l'on considère, aussi courte soit-elle, on se rend compte qu'elle peut être divisée, de même que ses parties, et ainsi de suite, sans que l'on puisse atteindre une partie elle-même irréductible.

Si l'on considère l'année présente, on voit qu'en réalité elle n'est pas tout entière présente.

Sur les douze mois qui la composent, onze sont déjà passés ou bien encore à venir. Quant au mois présent, à son tour, on peut le diviser en jours dont un seul est en cours.

Cette division semble. »

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