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Quelle attitude adopter devant une affirmation ?

Extrait du document

« La notion centrale est ici "autrui”.

C'est à partir de l'analyse de cette notion que la question de "l'attitude à l'égard d'autrui” va pouvoir être traitée. Notons avant toute chose que le fait que le terme "adopter” soit employé ici indique que cette attitude n'est pas une évidence pour nous. Autrui se présente en effet comme une réalité complexe.

Cette réalité est difficile à cerner et, de ce fait, l'attitude à l'égard d'autrui l'est également et soulève divers problèmes. Autrui désigne en premier lieu l'autre, du latin "alter”. Autrui m'apparaît d'abord comme "celui” qui n'est pas moi.

Mais à la différence de "ce” qui n'est pas moi (les choses qui m'entourent), autrui est aussi un autre moi (alter ego).

Je ne le conçois pas comme chose mais comme sujet, du fait de sa ressemblance avec moi-même, ressemblance qui se base essentiellement sur le visage, lequel m'ouvre à la sympathie, et sur la communauté du langage. Autrui constitue donc une réalité paradoxale, d'autant plus que je ne peux aborder cette dernière qu'à partir de ma seule conscience.

En effet, autrui pose une limite à ce que je suis, il est l'autre en tant que tel, cette conscience qui n'est pas la mienne, mais ce qui me permet de reconnaître cette conscience comme autre, c'est justement le fait de reconnaitre une communauté entre l'autre et moi, la communauté de la conscience. Considérer autrui, c'est faire l'expérience de l'autre, qui me ramène à ma solitude, et du semblable, qui me ramène à une communauté à laquelle je participe. Dès lors, comment envisager mon attitude envers cette entité si trouble? Cette attitude risque en effet de ne pas pouvoir se construire de manière cohérente, ou du moins de révéler les mêmes paradoxes que la simple conscience que j'ai d'autrui. - Autrui est cet autre, mais il me permet d'être moi dans la mesure où, sans lui, je ne pourrais pas me construire. - Plus encore, c'est le regard d'autrui qui me fait exister comme objet de conscience et comme acteur sur la scène de la vie en société. - J'utilise de ce fait autrui souvent comme un moyen, car il me construit comme objet de conscience, - Cependant, derrière cette utilisation, il y a cette reconnaissance primaire, qui dépasse la logique des moyens et de l'utilisation.

Dès lors, considérer autrui comme moyen, c'est risquer de se voir soi-même comme moyen d'autrui. La solution qui se dégage serait ainsi la suivante.

Si autrui est pour moi cet autre qui me fait être comme objet, la reconnaissance, la sympathie qui fonde cette construction m'empêche de le considérer uniquement comme le moyen de ma construction. C'est dès lors le terme d'attitude qui semble ici intéressant.

Le sujet indique que ma relation envers autrui doit relever d'une "attitude à l'égard de”...

c'est-à-dire d'une action choisie et cohérente dans le temps, d'une action qui relève de la vertu.

Autrui est peut-être cet "autre moi” qui seul peut m'ouvrir au stade de la moralité.

Par la sympathie qui me permet de le considérer autrement que comme une chose, ma relation à autrui ne saurait rester purement utilitaire.

En cela, autrui est celui non plus qui me menace et me sert mais celui qui me permet d'atteindre la moralité, par l'action en vue de son bien-être.

Aimer autrui comme soi-même serait dès lors la maxime vers laquelle tendrait une relation cohérente envers cet autre moi.

Et elle permettrait de dépasser le paradoxe de cette alterité selon la logique suivante, à savoir qu'aimer autrui comme soi-même est peut-être la seule façon cohérente d'agir envers soi-même. 1) AUTRUI, CET AUTRE MOI. a.

Autrui représente l'autre, mais en un sens différent des choses qui m'entourent.

Car il est d'autant plus autre que je le reconnais comme semblable à moi.

Son altérité est d'autant plus étrange, voiere douloureuse qu'il est l'autre d'un même genre auquel j'appartiens.

C'est cette proximité qui rend la présence d'autrui si problématique. "Il vaut la peine d'observer, à propos de l'envie, qui provient d'une supériorité d'autrui, que ce n'est pas la grande disproportion de nous-mêmes à un autre qui la suscite ; c'est, au contraire, notre proximité.

Un soldat du rang ne saurait envier son général comme il envie son sergent ou son caporal ; de même, un grand écrivain n'est pas tant jalousé par de vulgaires écrivailleurs que par des auteurs qui le serrent de plus près.

On pourrait, en vérité, penser que plus grande est la disproportion, plus grand doit être aussi le malaise qui résulte de la comparaison.

Mais on peut considérer d'autre part qu'une grande disproportion interrompt la relation des idées : soit en empêchant la comparaison de nous-mêmes avec ce qui nous est éloigné, soit en diminuant les effets de cette comparaison.

La ressemblance et la proximité produisent toujours une relation des idées ; et quand vous détruisez ces liens, quels que soient les événements qui peuvent accidentellement rapprocher entre elles ces deux idées, comme elles n'ont ni attache ni qualité liante pour les joindre dans l'imagination, il est impossible qu'elles puissent rester longtemps unies, ni avoir une influence considérable l'une sur l'autre.” Hume Cette position paradoxale peut entraîner une réaction de rejet à l'égard d'autrui, qui pose par son existence à la fois autre et semblable, une limite à mon action.

Il représente un autre moi mais sur lequel je n'ai pas de prises. "La vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter.

Personne ne parle. »

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