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« L'étude de l'histoire littéraire est destinée à remplacer en grande partie la lecture directe des Oeuvres de l'esprit humain. » A cette affirmation de Renan, Lanson répond dans l'avant-propos de son Histoire de la Littérature française : « Je voudrais

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INTRODUCTION. -- Les siècles passés nous ont transmis une production littéraire immense et nos bibliothèques, par suite des progrès de l'imprimerie et de l'extension de la culture, s'accroissent tous les jours. Il y a de quoi se perdre dans cette masse de livres dont les érudits eux mêmes ne peuvent lire qu'une petite partie. Heureusement se multiplient encore plus des études qui fournissent en de brefs condensés ce qu'il faut. savoir de ces ouvrages : pour les nouveautés, les chroniques et les comptes rendus bibliographiques de la presse; pour les oeuvres anciennes, les histoires de la littérature. Mais, sur le rôle de cette dernière sorte d'écrits, on a formulé deux conceptions apparemment opposées qui valent aussi des informations que fournit la presse sur les livres nouveaux : pour RENAN, l'histoire littéraire dispenserait de la lecture directe des oeuvres qu'elle. étudie; pour LANSON, au contraire, elle devrait amener à lire des ouvrages qu'on n'aurait pas lu sans elle. A qui donner raison ? A RENAN ou à LANSON ?

I — ÉTUDE DES DEUX JUGEMENTS ANTITHÉTIQUES

L'histoire littéraire dispense de lire.

A première vue. RENAN semble approuver la pratique, officiellement honnie par le corps professoral, de l'élève qui disserte sur des oeuvres dont il n'a jamais lu une page en utilisant les notes prises au cours du professeur ou les exposés d'un manuel d'histoire de la littérature.

« « L'étude de l'histoire littéraire est destinée à remplacer en grande partie la lecture directe des Oeuvres de l'esprit humain.

» A cette affirmation de Renan, Lanson répond dans l'avant-propos de son Histoire de la Littérature française : « Je voudrais que cet ouvrage ne fournît pas une dispense de lire les Oeuvres originales, mais une raison de les lire, qu'il éveillât les curiosités au lieu de les éteindre.

» Étudier ces deux jugements. INTRODUCTION.

-- Les siècles passés nous ont transmis une production littéraire immense et nos bibliothèques, par suite des progrès de l'imprimerie et de l'extension de la culture, s'accroissent tous les jours.

Il y a de quoi se perdre dans cette masse de livres dont les érudits eux mêmes ne peuvent lire qu'une petite partie.

Heureusement se multiplient encore plus des études qui fournissent en de brefs condensés ce qu'il faut.

savoir de ces ouvrages : pour les nouveautés, les chroniques et les comptes rendus bibliographiques de la presse; pour les oeuvres anciennes, les histoires de la littérature.

Mais, sur le rôle de cette dernière sorte d'écrits, on a formulé deux conceptions apparemment opposées qui valent aussi des informations que fournit la presse sur les livres nouveaux : pour RENAN, l'histoire littéraire dispenserait de la lecture directe des oeuvres qu'elle.

étudie; pour LANSON, au contraire, elle devrait amener à lire des ouvrages qu'on n'aurait pas lu sans elle.

A qui donner raison ? A RENAN ou à LANSON ? I — ÉTUDE DES DEUX JUGEMENTS ANTITHÉTIQUES L'histoire littéraire dispense de lire. A première vue.

RENAN semble approuver la pratique, officiellement honnie par le corps professoral, de l'élève qui disserte sur des oeuvres dont il n'a jamais lu une page en utilisant les notes prises au cours du professeur ou les exposés d'un manuel d'histoire de la littérature. Pour le succès aux examens — résultat qui prime chez la grande majorité des élèves — la méthode présente de sérieux avantages : elle est économique, dispensant d'immenses lectures et réduisant l'effort à l'assimilation d'un honnête volume; elle est relativement sûre, car elle permet de ne rien omettre d'essentiel et de porter des jugements, sans originalité peut-être, mais acceptables et susceptibles de valoir à celui qui les formule une note honorable. Il est vrai que les auteurs qui dissertent sur le rôle des manuels, et en particulier des manuels d'histoire littéraire, tiennent en médiocre estime l'élève et, à plus forte raison, le professeur dont la préoccupation principale est l'examen : ils se placent au point de vue de la culture et de la formation de l'esprit. Mais, pour la culture elle-même, la conception de RENAN se justifie, pourvu qu'on la prenne avec l'importante réserve « en grande partie ».

En effet, l'auteur de L'avenir de la science ne prétend pas qu'on puisse se contenter d'apprendre un manuel d'histoire de la littérature.

Celui-ci situe les auteurs dans leur époque, indique les influences qu'ils ont subies et l'action qu'ils ont exercée, expose les données biographiques qui expliquent leurs oeuvres et leur évolution, etc.

Il ne se contente pas des chefs do file et des oeuvres maîtresses dont les noms sont connus de tous : il signale aussi des écrits et des auteurs de second ou de troisième plan qu'on ne lit plus, mais qui furent lus par leurs contemporains et.

contribuèrent à créer le climat de leur époque.

Par exemple, dit RENAN à la suite de la phrase soumise à notre examen : « Qui est-ce qui lit aujourd'hui les oeuvres polémiques de Voltaire ? Et pourtant quels livres ont jamais exercé une influence plus profonde ? » Des 70 volumes, de l'édition Beuchot des œuvres complètes de VOLTAIRE, un homme cultivé ne lit qu'une petite partie : les contes, un choix de lettres, les Lettres philosophiques, peut-être Le siècle de Louis XIV et quelques tragédies..., moins du dixième de l'oeuvre totale; pour le reste, il s'en tiendra à ce qu'il a vu dans son histoire de la littérature.

Quant aux auteurs aujourd'hui relégués au second plan, l'homme cultivé laisse aux érudits le soin de les étudier et se contente d'en savoir ce qu'en dit l'histoire de la littérature. La prédiction de RENAN s'est donc bien réalisée : l'histoire de la littérature remplace en grande partie la lecture directe des oeuvres de l'esprit humain.

Mais il ne la supprime pas, car il est des oeuvres maîtresses dont il faut avoir une connaissance directe : c'est pour cela qu'on édite à l'usage des collégiens et étudiants des pièces de théâtre, des recueils d'extraits qui leur permettent de prendre un contact direct avec les chefs d'oeuvre de l'esprit. L'histoire littéraire invite à lire. Nous sommes naturellement curieux de connaître un homme dont parlent les journaux ou dont nous apprécions les oeuvres; aussi saisissons-nous l'occasion de le rencontrer ou simplement de le voir.

Une histoire littéraire bien faite doit aboutir au même résultat et son étude doit se prolonger par la lecture des œuvres dont elle parle. On lit alors pour compléter son information.

Un manuel, si développé soit-il, ne dit pas tout.

Il ne peut donner qu'un bref résumé des oeuvres principales et ce résumé, dont on ne retient qu'un résumé, ne suffit pas à les faire connaître.

Le sentiment de cette insuffisance porte l'étudiant consciencieux à se reporter le plus possible aux oeuvres elles-mêmes. Ensuite, quiconque a un peu de personnalité n'aime pas jurare in verba magistri.

C'est pour juger par soi-même qu'un esprit déjà formé s'imposera la lecture d'oeuvres dont l'histoire de la littérature lui a déjà donné une idée.

Il ne. »

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