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Pourquoi les productions qui surgissent de l'esprit humain ont-elles plus de valeur que les oeuvres

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« Cette question revient à la question fondamentale de l'imitation et de la création dans l'art, et de la prédominance de la création sur l'imitation.

L'imitation semble être moins noble que la création artistique au sens où l'esprit y met moins sa marque.

Il s'agira de comprendre en quoi la simple imitation ont moins de valeur que les pures créations de l'esprit.

En comparaison, les créations artistiques véritables sont souvent comparées à celle du génie, qui lui est capable de créer à partir de rien.

Aussi, au lieu d'opposer d'une manière assez binaire imitation et génie, il s'agit plutôt de savoir si l'art n'est pas plutôt un mixte de création et d'imitation, un mixte réussi, où ce sont les véritables qualités créatives d'un artiste qui sont admirées et ensuite imitées par d'autres artistes à l'infini.

La véritable création étant capable d'engendrer une série d'imitation, rangeant les chefs d'œuvre au rang de modèle. 1) L'imitation dans l'art n'a que peu de valeur. Pour Hegel, reproduire la nature est un travail superflu.

C'est un travail inutile et présomptueux car l'homme n'est pas Dieu.

Ce genre de peinture n'est qu'une caricature du réel.

C'est une fin pour l'art que de vouloir tromper un public naïf.

Et cela risque de provoquer l'ennui et le dégoût.

Une peinture parfaite de la réalité ne sera jamais un chef d'œuvre.

L'art est au milieu du sensible immédiat et de la pensée pure.

Le sensible de l'art n'intéresse que nos sens intellectuels.

Nos sens intellectualisés sont la vue et l'ouïe, tandis que le goût, le toucher, l'odorat s'occupent des choses plus matériels.

Donc dans l'art, le sensible est spiritualisé.

L'esprit est dans le sensible.

Il échappe donc a un examen rigoureux de la pensée.

On pourrait penser que le travail de l'artiste tue la vie de la nature par la pensée.

Il est vrai que l'art est plus proche de l'esprit que de la nature.

L'esprit ne s'aliène pas dans le sensible.

Il appréhende ce qui est autre que lui et pourtant lui.

Cette appréhension n'est pas inutile.

L'art a pour but que l'artiste et l'homme se reconnaissent dans ce qui est autre que lui. L'homme doit marquer du sceau de l'intériorité ce qu'il lui est extérieur.

De lui rendre plus familier ce qui lui est étranger.

L'art dégage la vérité des apparences et la doté d'une réalité plus haute crée par l'esprit lui-même.

Aussi, pour Hegel la simple imitation n'a que peu de valeur artistique, ce qui compte c'est ce que l'esprit ajoute à la réalité, à la simple copie de la réalité.

Ce que Hegel admire, c'est donc la part de créativité dans l'art. 2) La nature de la création. L'homme expérimente parfois son agir comme un agir créateur, et il vit celui-ci comme l'affirmation exaltante de tout son être dans la libre production d'une valeur nouvelle.

L'analyse de ce fait vécu de la création permet de la distinguer de toute autre forme de production, naturelle ou humaine.

La poésie de la création, d'une part, est bien différente de la prose de la fabrication : l'homo faber ne s'engage pas de tout son être dans le travail par lequel il matérialise un projet déjà tout constitué ; le mécanisme de la fabrication s'oppose à la spontanéité de la création.

Mais, d'autre part, cette spontanéité diffère aussi de la spontanéité simplement naturelle qui, en ses cycles monotones, ne fait que répéter ses produits et, dans ce qu'on a appelé son « évolution créatrice », fait surgir, à de longs intervalles, des formes renvoyant à une exubérance vitale ignorante des valeurs.

La création humaine est donc fort éloignée de ces types de production ou mieux, d e reproduction - que sont la fabrication artificielle et la génération naturelle.

L'intuition créatrice intègre l'intelligence fabricatrice et l'instinct générateur dans l'unité vivante de l'imagination, dont la perfection est le génie.

Elle est une liberté prise dans la nature, une nature reprise par la liberté : l'homme crée l'œuvre en tant qu'elle se crée en lui, et elle se crée en lui en tant qu'il la crée.

La création est l'unité du moment de l'invention du thème et de celui de sa réalisation.

Cette identité du savoir et du faire exclut que la création soit simplement la réalisation d'une idée saisie en tout son contenu ou d'un « schéma dynamique » (Bergson) ayant seulement à se concrétiser.

En effet, le créateur ne sait ce qu'il va faire, ce qu'il veut faire, qu'une fois qu'il l'a fait ; nous devrions même dire : qu'une fois que cela s'est fait en lui.

Aussi, on comprend pourquoi la création est un processus supérieur à l'imitation, qui le différencie vraiment des animaux, c'est toute la gloire de l'homme que de pouvoir créer. 3) L'imitation comme terreau d'invention pour l'art : le kitsch. La création se corrompt et s'enlise lorsqu'elle est vouée à la quête sans issue d'une invention recluse sur elle-même.

Tout art digne de ce nom se doit et peut être imité par autrui.

C'est faire, sinon, trop de place à la culture et peu à la réalité.

C'est aussi le danger d'un art élitiste où la création serait réservée à quelqu'un qui possèderait des dons quasi divins.

C'est aussi le refus de lié l'art à la réalité et lui refuser tout pouvoir de transformation du monde.

La création seule ferait figure de narcotique, l'imitation a un facteur socialisant de l'art. Cela serait même la fonction de l'art que d'ouvrir des espaces où s'autorégulent les émotions et les sentiments.

Elle permet et évite toute effusion trop irrationnelle de la subjectivité, elle permet de traduire en un langage compréhensible par plus d'individus que le seul artiste. Au-delà de la perte de l'aura inhérente à la reproduction industrielle des œuvres artistiques, il faudra discerner de nouvelles formes artistiques et plastiques dans le kitsch.

Mais plutôt que de penser l'art en terme de déclin et de perfection, il faudra voir plutôt le kitsch comme source d'innovation et de renouvellement.

L'arrivée de la vitesse dans le domaine de la vie et de l'art ne doit pas être vue comme un handicap mais comme un nouveau point de départ dans la genèse des formes artistiques.

Les formes ne meurent pas mais elles se renouvellent et reprennent une nouvelle vie en empruntant des exemples au passé.

Mais il serait excessif de faire de ce kitsch une bouillie artistique incapable d'inspirer quoi que ce soit.

Le kitsch de la civilisation moderne a aussi inspiré le grand art.

Si le grand art se retrouve sur le calendrier des postes, et que Renoir décore les boîtes de chocolat de Noël, cela n'a pas été sans inspirer un certain nombre d'artistes.

Ce passage d'un Saison en enfer écrit en 1872 par Rimbaud éclaire l'importance du « petit art » pour le Grand Art : « J'aimais les peintures idiotes, dessus d e porte, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires, littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographes, romans de nos écoles, conte de fées, petit livre de l'enfance, opéras vieux, refrain niais, (…).

» C'est ainsi que le sous- art se fait l'inspirateur des grands poètes qui y trouvent un charme désuet et le support d'une nostalgie de l'enfance.

Par la suite, des artistes surréalistes ont apprécié ces objets kitsch et les ont intégrés dans des œuvres d'art.

Il n'est pas étonnant que Rimbaud ait été la figure tutélaire des artistes surréalistes avec son idée de « voyance » et du dérèglement de tous les sens.

La poésie rimbaldienne achève en quelque sorte l'idéologie romantique centrée sur l'inspiration et donne le départ de l'art moderne. Conclusion. L'imitation artistique, naturelle à l'homme est de par ce fait, à la portée de tous les êtres humains, la création elle, exige plus de capacité intellectuelle, la force de s'élever au-dessus de cette nature première pour faire apparaître quelque chose de radicalement nouveau dans le monde.

La création permet de répondre aux carences de l'imitation, de répondre à un vide, elle se loge là où un progrès est nécessaire, là où l'imitation n'est plus que redite, routine au fonctionnement imparfait.

Mais on ne peut rejeter tout ce qui n'est pas créatif du domaine de l'art.

l'imitation n'est en rien indigne de l'homme.

On doit aussi classer dans l'art ce qui l'objet de l'imitation, de la reproduction.

Elle n'est pas forcément stérile et inopérante.

Elle permet la socialisation des passions et des émotions, elle sort l'art de la pure subjectivité solitaire.

On ne peut rejeter l'imitation, elle peut une source d'inspiration pour le grand art, la création peut prendre sa source dans tout ce qu'il y a de plus ordinaire dans la vie.. »

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