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Quel sens y a-t-il de parler d'un droit du travail?

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« Analyse du sujet : - - - - - Noter que le sujet porte sur le droit du travail, et non sur le droit au travail.

Il s'agit donc du droit qui s'applique au domaine particulier qu'est celui du travail, et non uniquement du droit à travailler, qui pourrait n'être qu'un aspect du droit du travail. L'idée qu'il y ait un domaine du droit qui relève spécifiquement du travail sous-entend qu'on attache une importance particulière au travail dans nos sociétés, qu'il n'est pas un phénomène parmi d'autres, mais qu'il possède une nature spécifique qui justifie l'intérêt particulier qu'on lui porte. Notons à cet égard que le travail apparaît comme une activité spécifiquement humaine : on ne connaît pas d'activité laborieuse chez les autres espèces et on postule généralement que celles-ci agissent par instinct. A l'inverse, le travail ne semble pas instinctif chez l'homme.

Il semble certes bien nécessaire pour survivre, mais l'on ne ressent pas de manque lorsqu'on en est privé, et on souhaiterait bien souvent ne pas avoir à s'y adonner.

Le travail ressemble plus alors à une malédiction et à une fatalité. Pour autant, on a tendance à penser qu'un être humain ne parvient à rien de bon s'il ne travaille pas, comme si le travail était le moyen par lequel l'être humain se hissait au-dessus de l'animalité primitive. On parle d'ailleurs aujourd'hui de « valeur travail » en mettant par là en lumière le fait que le travail n'est pas simplement une nécessité, mais qu'il incarne des valeurs morales : « on n'a rien sans rien » a-t-on coutume de dire. Ce faisant, on ajoute souvent également que « tout travail mérite salaire », ce qui avance l'idée selon laquelle le travail n'est pas non plus une valeur en soi et à n'importe quel prix. C'est peut-être justement parce que le travail est une valeur morale pour l'homme qu'il faut le préserver par le droit, afin que les faits ne dévalorisent pas une activité qui, en droit, est porteuse de valeurs. Problématisation : Pour qu'il y ait un sens à parler d'un droit du travail, il faudrait, semble-t-il, que le travail ait « droit de cité » au sens où l'entendaient les juristes romains, c'est-à-dire en cela que le travail puisse être intégré à la vie citoyenne. Si le travail n'est qu'une activité qui nous exclut de la cité, qui nous empêche d'être un citoyen, alors il n'y a aucun sens à parler d'un droit du travail, car le travailleur se trouve reclus dans une zone de non-droit.

Utiliser l'expression « droit du travail », c'est sous-entendre qu'il y a une compatibilité possible entre travail et citoyenneté, que le travail n'avilit pas l'homme.

Mais il resterait alors à résoudre un problème : sous quelles conditions le travail respecterait-il vraiment l'homme ? Proposition de plan : 1.

Le travail vu par les anciens Grecs. « L'institution de l'esclavage dans l'Antiquité, au début du moins, ne fut ni un moyen de se procurer de la maind'oeuvre à bon marché ni un instrument d'exploitation en vue de faire des bénéfices ; ce fut plutôt une tentative pour éliminer des conditions de la vie le travail.

Ce que les hommes partagent avec les autres animaux, on ne le considérait pas comme humain.

» Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne. · Les anciens Grecs considéraient le travail comme un asservissement à la nécessité, un asservissement inhérent aux conditions de la vie humaine. · Le travail constituait donc une activité servile, une activité méprisée, et c'est pourquoi il fallait des esclaves pour l'accomplir. · On retrouve cette idée à travers l'étymologie du mot travail, ce terme provenant du latin tripalium, par lequel on désignait un instrument de torture formé de trois pieux auquel on attachait les esclaves pour les punir. · Ils considéraient que le travail dégradait l'homme à tel point qu'un homme qui travaillait ne pouvait être un homme libre. · L'homme ne pouvait être libre qu'à la condition qu'il s'adonne uniquement au loisir. « Le bonheur parfait consiste (...) dans le loisir (...) Il ne faut donc pas écouter les gens qui nous conseillent, sous prétexte que nous sommes des hommes, de ne songer qu'aux choses humaines et, sous prétexte que nous sommes mortels, de renoncer aux choses immortelles.

Mais, dans la mesure du possible, nous devons nous rendre immortels et tout faire pour vivre conformément à la partie la plus excellente de nous-mêmes, car le principe divin, si faible qu'il soit par ses dimensions, l'emporte, et de beaucoup, sur toute autre chose par sa puissance et sa valeur.

» Aristote, Ethique à Nicomaque. · Le loisir seul permet l'activité contemplative, car le travail use l'homme et accapare son énergie alors qu'à l'inverse, le loisir est un temps libre dont on dispose pour cultiver son âme. · Comme c'est dans l'âme qu'on trouve l'intellect, qui est la partie la plus élevée de l'être humain, l'activité contemplative est celle qui permet le mieux à l'homme de s'accomplir. · L'intellect seul nous hisse à la dignité d'un être rationnel, et ce n'est qu'en tant qu'être rationnel qu'on peut participer à la vie de la cité. · De ce point de vue, il n'y a donc pas de situation politique pour un homme qui travaille, et on ne peut donc parler de droit à son égard. · Dans cette perspective, il n'y a donc aucun sens à parler de droit du travail, puisque le travail rend esclave et qu'il fait ainsi perdre l'accès au droit. · Pour qu'il y ait un sens à parler d'un droit du travail, ne faut-il donc pas que l'idée que l'on se faisait du travail ait changée ?. »

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