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Quel sens donner au mot «droit» dans l'expression «J'ai le droit de...» ?

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« Introduction Expression fréquemment utilisée d'un point de vue revendicatif : « j'ai bien le droit de...

» ou « j'ai quand même le droit de...», en y sous-entendant une référence à la liberté du sujet.

Qu'en est-il exactement? I.

Droit et légalité — L'expression elle-même n'a de sens réel que dans un système organisé par la loi: • dans l'hypothèse d'un état naturel de l'être humain, ce dernier peut revendiquer n'importe quoi dans la limite de ses possibilités physiques, si l'on admet avec Rousseau une solitude originelle.

Il a donc, si l'on peut dire, «tous les droits», mais le dernier terme n'a pas encore de signification; • cette signification n'apparaît que dans le cadre d'une collectivité, c'est-à-dire quand «tous les droits» de l'un peuvent contrarier «tous les droits» de l'autre.

C'est alors que doit être mis en place le Droit, qui a pour tâche de régler les rapports entre individus, en indiquant les limites que chacun doit respecter. Mon «droit» désigne ainsi, en première approximation, ce qui m'est autorisé par la loi.

Ce qui peut d'abord sembler porter atteinte à ma liberté (ici conçue comme simple ensemble de désirs). II.

Droit et liberté — En fait, c'est la loi qui définit ma liberté réelle, en l'inscrivant dans le contexte d'une égalité entre tous les membres de la collectivité (cf.

Rousseau). — «Avoir le droit de», c'est donc bénéficier d'une garantie légale: tant que je reste à l'intérieur de ce qui est autorisé par la loi, nul ne peut rien me reprocher. — Qu'autrui ait alors le même droit que moi n'a rien de contradictoire: il obéit à la même loi et ses droits sont égaux. III.

Droit et devoir — Tout droit civil s'accompagne d'un «envers» définissant le devoir civil: j'ai ainsi des droits dans un État si j'accepte les devoirs qui les accompagnent, ainsi que le signale le Contrat social (le droit de vote s'accompagne par exemple du devoir de défendre la nation lorsqu'elle est agressée). — Reste à savoir si me contenter de ne faire que ce qu'exige mon droit peut être suffisant. Ex.: j'ai le droit de rester à l'écart des soucis d'autrui, c'est-à-dire de ne pas m'occuper de lui et donc de ne rien faire pour lui venir en aide. — Considérer que le droit suffit à gérer ma conduite, cela peut donc signifier trouver refuge dans un conformisme légal : mon respect des cadres fixés par la loi va ici de pair avec l'inexistence morale. — Pour donner un sens plein au «droit », il convient donc d'y entendre résonner le sens complémentaire de «devoir ».

Il y a ce que la loi m'autorise à faire, mais il y a aussi, au-delà, tout ce que je peux ajouter à ses exigences.

Alors seulement le bénéfice que je retire du droit s'accompagne d'un aspect moralement positif, lorsque je dépasse ce qui est seulement autorisé vers une obligation qui ne se déduit pas du Droit lui-même, mais bien de ce qui l'excède. Conclusion J'ai le droit de faire ce qui m'est autorisé par la loi.

Mais la loi juridique est plus répressive qu'incitative — ce pourquoi son strict respect peut ne mener qu'à la jouissance égoïste et passive de ma liberté civile.

Si j'entends exercer activement mon propre pouvoir de législation, il me faut enrichir ce droit de devoirs qui ne sont pas seulement civils, mais bien moraux.. »

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