Quel est l'intérêt de recourir un regard extérieur pour argumenter ?
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«
1) CORRECTION PHILOSOPHIQUE
Le sujet nécessite une analyse serrée d'un certain nombre de termes.
Le premier de ces termes est celui d'argumentation qui nous renvoie à une activité précise.
L'argumentation désigne
en effet un discours qui tend à prouver une thèse.
Cette preuve est obtenue dans l'argumentation grâce au raisonnement logique selon lequel toute proposition doit
nécessairement découler d'une autre proposition qui la précède et qui est elle-même vraie.
L'argumentation apparaît
comme une des caractéristiques majeures du discours philosophique.
S'efforcer de trouver des raisons nécessaires à
ce que l'on affirme permet en effet de distinguer le discours philosophique, en recherche d'une vérité prouvée, de la
simple opinion.
Notons cependant plusieurs remarques.
En premier lieu, il existe un paradoxe de l'argumentation, En effet, jusqu'où cette dernière peut-elle nous mener ?
Peut-on indéfiniment remonter dans l'ordre des raisons ? L'argumentation risque en effet de ne plus avoir rien de
nécessaire si elle ne repose pas sur des principes qui, eux, sont indémontrables et ne relèvent pas du domaine de
l'argumentation.
Il y a ici un paradoxe qui met en question la prétention de l'argumentation à se croire toute
puissante lorsqu'il s'agit de dire le vrai.
Ce paradoxe souligne également que toute argumentation fait fond sur une
foi en des principes.
Or cette foi pose problème puisqu'elle rend moins évidente la distinction entre vérité et opinion
ou croyance.
Quand bien même, conscient de ce problème, celui qui argumente poserait ces principes non comme des vérités
certaines mais comme de simples hypothèses (postulats), il y aurait une autre difficulté.
Car faire reposer
l'énonciation du vrai sur de l'incertain ne revient-il pas à ruiner l'aspect nécessaire du raisonnement argumentatif ?
Notons également que le sujet ne parle pas tant d'argumentation que « d'argumenter ».
En cela, il met l'accent sur
le fait que toute argumentation, comme système de probation par la raison, est cependant le fait d'un discours
humain donc, nécessairement fini, conditionné et exposé au risques de l'erreur, par inattention, par ignorance etc...
Ce sont ces problèmes que pose l'argumentation qui justifient un intérêt d'un regard extérieur.
L'expression regard
extérieur est ici assez riche.
Elle suppose d'abord une extériorité à ma propre pensée, qui risque de rester dans une
argumentation trop sure d'elle-même et inconsciente de ses paradoxes et de ses erreurs.
Elle désigne l'activité
qu'est la discussion.
Cette extriorité est ainsi à prendre dans un sens critique, au sens où le terme de critique (en
grec, krinein) désigne l'activité du jugement et de la mise en crise.
Par le regard extérieur, qui s'exprime dans la
discussion, ma pensée est limitée, jugée et mise en question.
Le terme de regard renvoie quant à lui à des notions comme le point de vue ou la perspective, à savoir l'idée que le
discours argumentatif reste toujours relatif à une hypothèse, une prise de position initiale irraisonnée, ou simplement
à un cadre culturel qui privilégie un certain type de principes au raisonnement logique.
Ce regard extérieur désigne
ainsi non seulement la critique mais également le renvoi du discours, sa confrontation à d'autres possibles.
L'argumenter trouve donc un intérêt certain dans ce regard extérieur.
Cependant, la notion de regard, liée à la perspective et au point de vue, porte en elle-même une autre menace,
celle d'un relativisme, qui ne fait que replacer les argumentations dans des contextes et nier à ces dernières une
prétention à dire le vrai.
Si le regard extérieur semble bénéfique, il apparaît aussi, dans ce qu'il a de limitatif,
menacer l'idée même d'argumentation.
La solution à ce problème résiderait dès lors dans le terme d'intérêt employé dans le sujet.
En effet, s'il y a intérêt
pour l'argumentation à recourir à un regard exterieur, c'est dans la mesure où ce dernier aide l'argumentation à
atteindre son but qui est de dire vrai.
Dès lors, il est possible d'envisager un type de regard extérieur qui soit à la fois critique et constructif, qui ne se
contente pas de designer les failles de l'argumentation et de la renvoyer à ce quelle semble être, c'est-à-dire un
simple discours relatif.
Ce regard extérieur serait plutôt un discours critique où la crise conduit à un dépassement
des problèmes et des paradoxes, où le jugement permet de mieux avancer sur le chemin difficile et imparfait du vrai.
Ce travail du négatif est appelé dialectique, et désigne une confrontation constructive au sein du discours.
La
confrontation se mue ici en dialogue.
L'argumentation, pour réaliser ce qu'elle prétend être se doit de faire sienne
cette exigence.
Cela implique que le regard extérieur ne soit plus convoqué comme recours occasionnel,
ponctuellement utile, mais comme une dimension irréductible de l'argumentation.
Cela implique également que
l'extériorité de ce regard puisse s'intérioriser au sein du discours de chacun, en rendant tout discours
essentiellement dialogal.
1)
L'argumenter et ses paradoxes
a.
L'argumentation repose sur un système de preuves rationnel, où une thèse est valable si elle
découle d'une autre déjà vraie..
»
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