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Quel est le but d'une oeuvre d'art ?

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« Notre société occidentale contemporaine est celle du marché de l'art.

L'oeuvre d'art devient une marchandise. Devenu valeur d'échange, l'oeuvre d'art est perçu dans une optique lucrative.

Ne perd-on pas par là de vue le véritable but de l'art ? Et quel est-t-il ce but justement ? On définit communément l'art comme production du beau.

Mais qu'est-ce que cela veut dire « produire du beau » ? Et est-ce là le seul but de l'art ? Problématique : pourquoi l'oeuvre d'art ? Que nous apporte-t-elle ? I.

Atteindre le Beau dans son idéalité A- Pendant l'antiquité, et notamment chez Platon, la notion de beau existe (Kalos), mais elle est fondamentalement liée au Bon (Kagathos).

Le Beau est un absolu, un idéal, et en tant que tel, il se confond avec l'idéal de Bonté.

Kalos-Kagathos : ce qui est beau est bon, et ce qui est bon est beau.

Le beau n'a ainsi pas de valeur esthétique, mais bien plutôt une valeur éthique et cosmologique. Au couple Kalos/Kagathos correspond celui Technè/utile. « Si la cuillère de figuier, dira-t-il, convient mieux que celle d'or, n'est-il pas vrai qu'elle est plus belle, puisque tu es convenu, Socrate, que ce qui convient est plus beau que ce qui ne convient pas ? Avoueronsnous, Hippias, que la cuillère de figuier est plus belle que celle d'or ? » Platon Est beau ce qui correspond le mieux à sa fonction.

Le beau sensible n'a pas de valeur en soi, mais est seulement révélateur d'un ordre plus profond : celui du cosmos.

Il n'y avait ainsi pas de notion de Beauxarts. B- La notion d'art, définie comme production du beau, apparaît réellement à la Renaissance.

Elle a pour caractéristique d'être rétroactive : on considère l'art hellénique comme un modèle qu'il faudrait retrouver.

La valorisation de l'art va de pair avec la conception du beau sensible.

Des néo-platoniciens, tel que Ficin, vont penser l'art comme un moyen d'atteindre le Beau, la beauté dans son idéalité, par l'art lui-même. « Le beau se définit comme la manifestation sensible de l'idée » Hegel Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

La contemplation de la belle nature accorde mystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'un être naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher de soleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche à s'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme. La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en est l'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il est naturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettre l'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de son concept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucun organisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beauté artistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite et inauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualité apollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéale est hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'il culminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes, soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut plus. »

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