Que sont les Idées platoniciennes ?
Extrait du document
«
Dans l' Hippias majeur, Socrate pose à Hippias la question : Qu'est-ce que le beau ? »
Hippias confond la question avec : « Qu'est-ce qui est beau ? », répondant que le beau,
c'est une belle fille, un beau cheval...
Tout ce qui est beau a en soi le même beau ; c'est
cette idée du beau, du pieux, de la vertu, etc., que Socrate recherche, afin de s'en servir
comme critère de tout ce qui est beau, pieux, vertueux, et de ne pas qualifier de tel ce qui
ne l'est pas.
1.
Du mouvant à l'immuable
A.
Le relativisme de Protagoras et le devenir d'Héraclite
Platon résume ainsi la thèse de Protagoras : « L'homme est la mesure de toutes choses
», c'est-à-dire : telles m'apparaissent les choses, telles elles sont pour moi ; telles les
mêmes choses t'apparaissent, telles elles sont pour toi.
Il n'y a pas d'opinion fausse,
chacun a toujours raison de son point de vue.
Nous sommes donc, remarque Platon, tous aussi savants que les dieux ; mais le porc est aussi savant que nous.
Si
les choses sont telles qu'elles apparaissent à chacun, ceux qui ont des opinions contradictoires ont raison tous deux :
chacun pensant son opinion vraie et celle de l'autre fausse, chaque opinion est à la fois vraie et fausse.
De même,
l'opinion de Protagoras l'oblige à penser que ceux qui contredisent sa thèse ont raison, donc que sa thèse est aussi
fausse que vraie.
Ce qui, selon Protagoras, justifie cette thèse, c'est que le monde est, comme le dit Héraclite, en perpétuel devenir :
rien n'est fixe, tout change.
Ce qui m'apparaît à moi, à tel moment, en tel lieu, cela seul est vrai pour moi, à tel
moment, en tel lieu.
Mais si une science est possible, il doit y avoir un vrai et un faux sur son objet, qui ne peut donc
être changeant et relatif.
Un savoir absolument certain porte sur ce qui est immuable et identique à soi-même : la
forme des choses.
B.
Les formes
Prenons une chose belle : elle a la beauté en elle.
Elle est pourtant moins belle qu'une autre chose, par rapport à
laquelle elle est laide : cette chose n'est donc pas toute beauté, elle a aussi en elle la laideur.
Ce qui en une chose fait
qu'elle est belle, c'est ce qui fait que toute chose belle est belle, la beauté en soi, qui est toute beauté, et n'est que
beauté.
C'est ce que Platon appelle forme de la beauté, au sens du caractère distinctif de l'espèce de tous les objets
beaux.
2.
Les idées
A.
Idée, chose, image
L'artisan qui fabrique un lit a un modèle à l'esprit de ce qu'est et doit être un lit.
Le peintre, à son tour, qui dessine
un lit, prend modèle non sur l'idée du lit, mais sur un lit réel, particulier, fabriqué par l'artisan.
Ce dernier fait du lit en
soi, créé par le dieu, une image, une copie à l'identique ; quant au peintre, il fait du lit réel, en bois, à trois dimensions,
un simulacre' à deux dimensions.
C'est que le domaine du peintre est l'illusion : faire que les choses paraissent ce qu'elles ne sont pas.
Malhonnête, le
simulacre artistique ne se présente pas tel qu'il est, c'est-à-dire copie : l'artiste trompe.
Ce qui guide la connaissance de l'idée du lit, c'est la science ; la connaissance technique de la réalisation du lit se
contente de l'opinion vraie ; quant à l'artiste, seule l'ignorance, non innocente, lui appartient.
B.
« Apprendre, c'est se ressouvenir » : la théorie de la réminiscence
Pour reconnaître un lit particulier, il faut savoir ce qu'est un lit en général, c'est-à-dire posséder l'idée du lit ; mais
d'où pourrait bien nous venir l'idée du lit si, à l'inverse, nous ne pouvons la trouver que dans les lits particuliers ?
À ce paradoxe de l'acquisition de l'idée, Platon en ajoute un second : comment chercher à savoir quelque chose ?
Ce que l'on sait déjà, on n'a pas besoin de le chercher ; ce que l'on ne sait pas, on ne peut pas le chercher, puisque
l'on ne sait pas ce que l'on cherche.
Pour lever ces paradoxes, Platon évoque l'immortalité de l'âme.
Ayant contemplé, avant son incarnation, les idées
des choses, l'âme les oublierait sous l'effet du choc violent de la rencontre avec un corps – c'est-à-dire la naissance.
L'espèce de notion vague qui se présente à l'esprit à l'occasion d'une rencontre avec les choses dont nous avons l'idée
en nous, sans pouvoir en disposer, serait comme un souvenir imprécis, éveillé par ces choses qui lui ressemblent.
Découvrir la vérité, c'est retrouver un savoir oublié que l'on possédait d'avance.
Chercher et apprendre, c'est se
ressouvenir..
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