Que signifie la mort ?
Extrait du document
«
Introduction
L'homme est le seul être qui sait qu'il va mourir, mais il est aussi par conséquent le seul pour qui la mort est un
mystère.
En effet, l'homme sait qu'il est mortel, mais sans savoir ce qu'est la mort en elle-même.
Sur la mort, il en
sait à la fois trop et pas assez.
Quel sens peut-elle donc avoir pour lui ? La disparition pure et simple de son être ?
Le passage vers une autre forme de vie ? Comment comprendre ce qu'on ne peut connaître qu'en creux ? Savoir ce
que la mort signifie, ce n'est pas seulement savoir à quel moment un corps est déclaré mort (est-ce lorsque le cœur
cesse de fonctionner ou lorsque le cerveau s'est éteint ?).
La définition médicale ne peut suffire à expliquer la
signification de la mort.
Pour que quelque chose soit véritablement signifiant, encore faut-il que l'homme puisse en
comprendre le pourquoi, puisse lui donner un sens, c'est-à-dire aussi une place dans sa vie.
Or, comment donner un
sens à ce dont on ne peut faire l'expérience et qui pourtant détermine aussi radicalement notre vie ?
I.
il n'y a pas d'expérience possible de la mort
A.
Par définition la mort est ce dont on ne peut pas faire l'expérience : personne ne peut témoigner de la mort, elle
ne fait pas partie de ce qui peut être vécu.
Qu'est ce que la mort peut donc signifier pour nous ? Rien ; telle est la
réponse d'Epicure dans la Lettre à Ménécée : puisque tant qu'on est vivant, on n'est pas mort, la mort ne nous
concerne donc pas, et qu'une fois qu'on est mort, on ne souffre pas, il ne faut par conséquent pas avoir peur de
mourir.
Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle du
platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.
La mort n'est pas une
évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien,
puisque vivants, nous appartenons à l'être.
"Tout bien et tout mal résident
dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière."
Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous serons
heureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.
La pensée
de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions à
choisir et agir en vue de l'éternité.
Pour l'existence humaine, l'éternel n'est
jamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.
De
plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucient
pas des affaires humaines.
Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes,
mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.
Il ne faut
donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.
Une
chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que
déjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.
L'homme ne rencontre jamais sa
propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instant
présent qui sépare le passé du futur.
La mort n'est rien, comme le pur instant
présent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapport
avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les
premiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée ni
comme un mal, ni comme une délivrance.
Si ne pas exister n'est pas un mal,
la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.
Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le plus
longtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut.
La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la
crainte de la mort.
Les hommes ont peur de la mort.
Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans
l'absolument inconnu.
Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne
leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.
Les chrétiens, par exemple, imagineront que
quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.
La peur de la mort a
partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.
De plus, si tout dans
l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,
lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui
se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.
Dès lors, rien de notre être ne
survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».
Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,
la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.
Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat
d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut
penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,
de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de
temps à commencer à se décomposer.
Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :
« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et
que la mort est absence de sensation.
»
En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de
toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,
puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.
Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme un
sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.
La mort étant la disparition des sensations, il ne peut.
»
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