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Que signifie interpréter ?

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« Interprétation Interpréter, c'est donner une signification à un phénomène.

L'interprétation est un des moments fondamentaux de la compréhension. Toute phrase est susceptible de plusieurs interprétations, hormis les propositions mathématiques (à de très rares exceptions près) qui n'ont qu'un sens littéral.

L'interprétation décide de la bonne entente ou des mésententes entre les hommes.

C'est un art qui relève de l'argumentation, et qui ne peut pas être ordonné en une science rigoureuse. Notre liberté et responsabilité y sont pleinement engagées. • QU'EST-CE QUE LE SENS LITTÉRAL ? Il y a sens littéral lorsqu'il suffit pour la comprendre d'entendre une proposition au pied de la lettre ».

Si tout x appartient à y et si z appartient à x, alors z appartient à y; tout est dit, il n'y a pas à chercher plus loin, mais cette situation reste rare et surtout très abstraite, sans rapport au réel.

La réalité est autrement plus complexe. • QU'EST-CE QUE LE SENS MORAL ? C'est d'abord un sens figuré qui dépasse le sens littéral.

L'agneau signifie l'innocence et la faiblesse; le loup, la cruauté et la force.

Toutes les fables, tous les mythes, contes et romans prétendent à un sens qui veut orienter notre conduite dans l'existence, c'est-à-dire nos moeurs ou notre morale. • QU'EST-CE QUE LE SENS ALLÉGORIQUE ? Lorsque Perrault raconte l'histoire du Chat botté, il parle en vérité de la chance.

Tout ce qui est dit des actions de ce chat fantastique ou merveilleux s'applique, point par point, à ce que l'on appelle la bonne fortune.

Les personnages des mythologies sont aussi le plus souvent des allégories (auxquelles s'ajoute le sens moral). • LES UNIVERSAUX FANTASTIQUES De même qu'il y a des genres et des espèces, des universaux de la raison, des êtres de raison », comme l'homme, le cheval, l'arbre, etc., qui n'existent que dans nos têtes et nos ouvrages de science (car dans la réalité seuls les individus existent), les personnages de la mythologie et de la littérature forment des « êtres de l'imagination » : Athéna figure ou personnifie la raison et la stratégie, Arès la cruauté guerrière, le père Ubu le roi des mufles, Renart l'anarchiste enragé et perdant, Madame Bovary l'illusion d'une vie plus ardente, Julien Sorel le jeune homme intelligent et ambitieux qui tente de sortir de sa pauvreté en combattant par ruse la sottise de la classe dirigeante, etc.; ces « genres fantastiques » éclairent nos actions et nous offrent une compréhension du monde. Exégèse et herméneutique Historiquement, c'est au sujet des textes considérés comme fondateurs, saints ou sacrés, qu'est apparue l'exégèse ou art d'interpréter avec justesse les paroles et écrits, que l'on nomme aussi, dans un contexte profane, herméneutique.

La lecture des écritures saintes, partout où l'on rencontre l'existence de tels textes, a laissé apparaître un quatrième sens fondamental, plus rare et donc moins connu: le sens anagogique.

Le sens anagogique se rapporte aux fins dernières de l'homme, à l'eschatologie, à ce que nous attendons ou à ce qui nous attend; c'est donc un sens prophétique invérifiable par essence, et qui dépend de notre foi et de nos espérances : il esquisse notre avenir. Il y a eu de multiples tentatives pour fixer et codifier les règles de l'interprétation; aucune n'est parfaitement accomplie; une grande place est donc laissée à la liberté d'interprétation, à l'inventivité ou création, ce qui est à la fois exaltant et désespérant, car les divergences d'opinions abondent. On peut lire dans un texte jugé sacré (ce qui relève déjà de l'interprétation) : « Coupez la main au voleur »; on peut prendre cela à la lettre; ou bien moralement: » enseignez aux hommes et d'abord à vous-même que le vol est un crime »; ou bien encore : « supprimez les injustices sociales qui suscitent les voleurs ». On voit nettement que de l'interprétation découlent des pratiques morales extrêmement différentes. Les divergences d'interprétations engendrent sectes, schismes, écoles.

Pour justifier leurs opinions, les hommes vont jusqu'à la guerre et au martyre.

On connaît bien les sanglantes oppositions entre catholiques et protestants (eux-mêmes divisés en plusieurs sectes), entre chiites et sunnites dans l'islam; on pourrait multiplier les exemples. Le dogmatisme révèle dans tous les domaines notre pulsion de mort: tuer l'autre même s'il faut en mourir.. »

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