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Que signifie "croire en la raison" ?

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« Que signifie « croire en la raison » ? Introduction La raison étant la faculté de connaissance par excellence, par laquelle nous sommes assurés de bien juger, l'expression « croire en la raison » semble aller de soi, nous pouvons difficilement ne pas nous fier à notre raison.

Elle est la faculté exempte de doute, nous pouvons donc avoir entièrement confiance en elle.

Pourtant à l'évidence première succède l'interrogation suivante : comment « croire en la raison », relier deux notions qui semblent s'opposer à savoir la croyance, qui constitue une adhésion incertaine, et la raison, source du savoir ? Au doute, à l'incertitude, lié à la croyance s'oppose la fermeté de la raison, condition de possibilité du savoir, de la connaissance vraie.

Cependant cette contradiction qu'il y aurait à donner un sens à l'expression « croire en la raison » s'évanouit quand est mise en évidence la limitation de la raison.

Le caractère imparfait de la raison rend possible la croyance en cette faculté limitée.

Mais paradoxalement si la limitation de la raison laisse la place à l'incertain et rend alors pertinent de parler de croyance à son endroit, elle bouleverse par là même la confiance que nous pouvions avoir en elle, les raisons de croire en la raison. Afin de répondre à cette problématique nous procéderons en trois étapes qui auront pour finalité de répondre aux questions suivantes : dans quelle mesure « croire en la raison » peut sembler paradoxal ? La limitation de la raison rend-elle possible la croyance en elle ? Y a-t-il une autre acception de la raison qui résoudrait la contradiction inhérente à la croyance en la raison ? Première partie : Dans quelle mesure « croire en la raison » peut sembler paradoxal ? L'hypothèse étudiée dans cette partie conçoit la raison comme étant la faculté de connaissance par excellence qui s'oppose à l'incertain et conteste la possibilité d'une croyance en elle. Avant de se lancer plus avant dans l'étude de cette hypothèse, il faut distinguer deux sens de croire : « croire à » et « croire en ».

Croire à quelqu'un, ou à quelque chose, revient à être persuadé de son existence ; croire en quelqu'un, ou en quelque chose, c'est avoir confiance en lui.

Ainsi l'expression « croire en la raison » désigne une relation de confiance que nous aurions avec notre faculté de connaître supérieure.

Le bien fondé de cette expression peut être interrogé dans la mesure où il semble aller de soi que nous nous fions à la raison, puisqu'elle détient le pouvoir de bien juger.

La raison peut être définie comme étant le guide de nos actes et de nos pensées.

Au sein de la tripartition de l'âme de Platon, le noûs correspond à l'intelligence ou raison, il lui revient de diriger les autres composantes irrationnelles de l'âme, que sont le thumos ou cœur et l'épithumia ou sensibilité. « Dès lors, n'appartient-il pas à la raison de commander, puisqu'elle est sage et a charge de prévoyance pour l'âme tout entière, et à la colère d'obéir et de seconder la raison ? » (République, IV 441e) Le paradoxe dans l'expression « croire en la raison » repose donc sur l'opposition croyance/savoir, la raison étant du côté du second.

Il n'y aurait pas de place pour la croyance dans l'entreprise rationnelle visant la constitution de la science, dans la mesure où justement pour être possible elle nécessite d'exclure l'incertain.

Or la croyance est conditionnée par l'incertitude.

La certitude, quant à elle, est issue de la raison ou de l'entendement. L'erreur a pour source la croyance aux préjugés, à ce qui est obscur et incertain.

Le doute méthodique de Descartes permet d'éviter de tomber dans l'erreur, de croire abusivement à la vérité de certaines affirmations.

Pour se prémunir contre l'erreur, l'esprit humain doit suivre ce que lui dit son entendement.

« La lumière naturelle nous enseigne que la connaissance de l'entendement doit toujours précéder la détermination de la volonté.

Et c'est dans ce mauvais usage du libre arbitre que se rencontre la privation qui constitue la forme de l'erreur.

» (Méditations métaphysiques, IV) A l'issue de cette première partie la définition « croire en la raison » est problématique dans la mesure où la raison étant la faculté de connaissance par excellence elle peut difficilement être l'objet d'une adhésion incertaine. Cependant la perfection de la raison doit être nuancée dans la mesure où son caractère limité la force à ne pas outrepasser les limites de son pouvoir.

Or bien souvent elle prétend connaître ce qui est pourtant en dehors de sa portée.

La mise en évidence de la limitation de la raison donne-t-elle sens à l'expression « croire en la raison » ? Deuxième partie : La limitation de la raison rend-elle possible la croyance en elle ? L'hypothèse analysée dans cette deuxième partie révèle l'imperfection de la raison pour mieux rendre possible. »

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