Que peut-on apprendre des mots?
Extrait du document
«
Introduction :
Selon Hegel « le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie » (Philosophie de l'esprit).
Les
mots nous apprennent-ils donc à penser ? À faire exister la pensée ? Mais la pensée n'est-elle pas antérieure à la
parole? Les mots ont été formés par la pensée, et il faut d'abord apprendre les mots, avant de pouvoir apprendre
quelque chose des mots…
1ère partie : Les mots nous donnent accès à la connaissance.
-C'est par l'articulation des mots dans un langage que l'on peut s'exprimer.
Le langage nous permet d'accéder à la
connaissance, au savoir.
Les mots nous permettent de recevoir la pensée d'autrui.
Ils sont les vecteurs de la
transmission du savoir.
-Les mots font exister les choses.
C'est parce que les choses sont nommables qu'elles existent.
(ex : dans la langue
des tziganes, le romani, il n'y a qu'un mot pour dire « hier » et « demain », si bien que la distinction que nous faisons
en français entre ces deux termes n'existe pas chez eux).
Les mots permettent de faire exister les notions générales
(ex : le mot « arbre » ne désigne pas un arbre précis mais une famille dans laquelle se rassembles tous les arbres
particuliers), les choses abstraites (ex : la justice, l'honneur…), et les choses irréelles (ex : un dragon, un
martien…).
-Il suffit parfois de nommer une chose pour qu'elle devienne réalité.
Il y a un caractère « hypostasiant » du mot (=il
devient une chose réelle).
(ex : Marcel, le héros de Proust dans Du côté de chez Swann, voit apparaître la ville de
Parme à sa simple évocation).
2ème partie : Les mots nous apprennent la relation à autrui.
-Les mots nous apprennent à nous exprimer, à s'affirmer ainsi par rapport aux autres.
Les mots sont adressés à
autrui.
Ils permettent le dialogue, la discussion, l'échange.
Les mots circulent, créés des liens et permettent la
communication.
-Les mots nous permettent d'agir sur autrui : il y a un pouvoir des mots (persuasion, chantage, influence, ordre...).
-Les mots apprennent aussi à s'affirmer soi-même dans l'expression.
S'exprimer demande parfois du courage, car on
s'expose dans le langage, on se livre, on est vulnérable.
(ex : on peut avoir du mal à dire certaines choses, comme
« j'ai peur », « je t'aime », etc.
difficulté de l'aveu.)
Parler peut aussi soulager et rassurer.
« Mettre des mots sur les choses » a un caractère apaisant.
Cela permet de
fixer les choses, d'avoir le contrôle sur les choses.
Les mots nous apprennent alors à nous confronter à la réalité, à
concrétiser les choses.
(ex : la cure de parole en psychanalyse, découverte par Freud permet de faire remonter à la
surface ce qui a été refoulé dans l'inconscient)
-Le choix des mots peut nous apprendre beaucoup sur une personne : dans une même langue, l'emploi de certains
mots peut trahir une appartenance sociale, professionnelles, ou à une classe d'âge.
3ème partie : Les mots nous apprennent à penser.
Les mots nous apprennent à nous exprimer, à penser, réfléchir.
Ce sont des outils pour la réflexion.
-C'est le langage qui rend possible notre pensée de façon claire et précise.
Nous apprenons à penser en apprenant à
parler.
Formuler les mots permet de formuler la pensée.
La pensée à besoin d'un support pour se développer (on ne
peut penser à quelque chose précisément sans passer par les mots).
-Les mots constitués en langage organisent notre vision du monde.
Chaque langue est un découpage particulier de
la réalité.
(ex : en anglais il n'y a que le pronom personnel « you », et non pas « tu » et « vous » comme en
français : cela reflète une certaine façon de penser).
Conclusion (ouverture):
Finalement, les mots nous apprennent aussi qu'ils reste des choses ineffables (=inexprimables) : les intuitions, les
sentiments confus.
Certaines choses s'abîment dans les mots lorsqu'on les exprime.
Il y a des limites à ce que peut
nous apprendre les mots (ex : un sourire en dit parfois plus long qu'un discours)..
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