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Que dire du silence ?

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« Termes du sujet: DIRE: signifie ici affirmer en connaissance de cause, mais cela désigne aussi l'opinion qui dit n'importe quoi, qui se contente d'affirmer ce qu'elle affirme, qui transforme son désir en vérité universelle. Si le silence est par principe absence de parole, donc absence de discours, est-il possible, est- on en droit de dire quelque chose sur lui ? Est-il possible de parler du silence ? Par définition, le silence semble ne rien dire, ne rien vouloir dire ; alors, comment peut-on lui attribuer un sens, une signification ? Dans la question, le verbe " dire " peut renvoyer à signifier : que signifie donc le silence ? Que dire du silence puisque le silence est aux limites du langage et qu'il se refuse à tout discours ? Si la pensée est le dialogue de l'âme avec elle-même, comme dit Platon, alors il y a au préalable à toute parole véritable la nécessité du recueillement, de la réflexion silencieuse avant de participer au bruit du monde.

Pour Hegel, " c'est dans les mots que nous pensons ".

Pour lui, pensée et langage vont de pair, et en dehors du langage, il ne peut y avoir de pensée.

Si le silence est précisément ce qui ne s'énonce pas, alors ce n'est pas de la pensée et nous n'avons rien à en dire.

Mais peut-être le silence dit-il cette incapacité de la pensée. Le silence signale et signifie parfois notre incapacité de pensée.

Il peut être l'expression laborieuse, maladroite d'un sens.

Et dès lors le silence renvoie au langage lui- même.

En quel sens le silence signifie, communique ? Mais en même temps l'expression " que dire ? " renvoie à une idée d'impuissance : face à certains actes (et le silence serait de ceux-là) il ne resterait que le constat de notre impuissance.

Quand on dit " que dire ? ", c'est précisément que l'on n'a plus rien à dire.

Devant un silence, un mutisme, ne doit-on qu'opposer un silence ? Ou est-on en droit de faire parler le silence et le silencieux, de lui faire dire, de le forcer à dire ce qu'il ne dit pas linguistiquement, verbalement ? Par exemple, devant un tableau, le langage peut sembler superflu, et l'on peut choisir de se taire.

Et comme le bruit assourdissant de certains bavardages, le silence peut être un refus de dire.

Est-on alors en droit de faire parler — sinon dans une optique d'interprétation (voir la démarche d'analyse freudienne et l'interprétation des silences) — ce qui se refuse à la parole ? Introduction L'énoncé nous place devant un apparent paradoxe, puisque par définition le silence paraît devoir ne rien dire.

Le silence est pourtant profondément ambigu : il peut ne renvoyer à rien, recouvrir le néant et l'absence de sens.

Ou, au contraire, il peut renvoyer à un trop-plein de sens, à un au-delà du langage, à de l'inexprimable, à de l'indicible. Dans ce second cas, le' silence « dirait » bien quelque chose : même si l'indicible ne peut être dit, il est bien quelque chose.

On comprend donc qu'ici le verbe « dire » de l'énoncé soit une métaphore de l'expression et de la communication, ce qui lève le paradoxe initial.

Reste alors à savoir si le silence est l'absence ou la présence du sens. I - Le silence aux limites du langage a) le silence peut d'abord être relégué du côté de l'échec, et on peut tenir pour rien ce qui ne peut être dit.

Dans la récusation de l'ineffable qui marque la pensée de Hegel, pensée et langage sont désignés comme deux ensembles congruents : il n'y a pas de pensée en dehors du langage, ce qui fait que l'ineffable n'est que la pensée qui « fermente ».

Ainsi, puisque, pour reprendre Boileau, « ce qui se conçoit bien s'énonce clairement », il faut déduire que ce qui ne peut s'énoncer ne mérite pas le nom de pensée.

Puisque tout peut être dit, le silence, lui, ne dit rien. La fonction essentielle du langage, selon Hegel, est de tirer l'esprit du monde complexe et confus que lui présente la perception brute et de le faire accéder à un monde plus intellectuel, purifié, celui des mots: "L'intelligence se trouve comme remplie par l'objet qui lui est donné immédiatement et qui entraîne avec lui la contingence, l'inanité et la fausseté qui sont le propre de l'existence extérieure".

Mais, le rôle de l'intelligence est de "purifier le contenu de l'objet qui s'offre à elle d'une façon immédiate, en y effaçant tout ce qu'il a d'extérieur, d'accidentel et d'insignifiant".

Or c'est le son articulé, le mot qui accomplit cette fonction, car d'un côté le mot est une forme externe mais il est aussi l'oeuvre de l'esprit: il est un signe et il est par là une forme interne.

"Le son s'articulant suivant les diverses représentations déterminées, c'est-à-dire la parole et son système le langage, donne aux intuitions et aux représentations une seconde existence, plus haute que leur existence immédiate, en un mot, une existence qui a sa réalité dans la sphère de la représentation".

Par exemple, "en entendant le mot lion, nous n'avons besoin ni de l'intuition, ni même de l'image de cet animal, le mot une fois compris est la représentation simple sans image.

C'est en mots que nous pensons", c'est-à-dire non en images. C'est pourquoi Hegel considère, en opposition à Leibniz, que le langage alphabétique est supérieur au langage hiéroglyphique, trop près des choses.

Celui-ci "désigne les représentations par des figures spatiales; mais l'écriture alphabétique exprime des sons qui sont en eux-mêmes déjà des signes.

Cette langue consiste donc en signes de signes; elle ramène les signes concrets de la langue des sons, les mots, à leurs éléments simples, et exprime ces éléments".

Et Hegel conclut: "Il suit de là qu'apprendre à lire et à écrire l'écriture alphabétique est un moyen d'éducation intellectuelle d'un prix infini, et qu'on ne saurait trop apprécier.

Car cela détourne l'esprit de l'existence sensible et concrète, et. »

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