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Qu'appelez-vous « instant présent » ? Qu'est-ce qui distingue pour l'introspection le présent vécu du passé ou de l'avenir ?

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Le texte met en vedette le mot introspection; mais écartons tout de suite un malentendu (que n'ont pas évité certains candidats ) : le mot introspection donne l'esprit dans lequel doit être abordé le sujet : il ne s'agit pas de traiter de la valeur ou de l'emploi de l'introspection, ou de ses dangers, mais on. devra définir l'instant présent et le distinguer du passé ou de l'avenir, non pas d'un point de vue abstrait et objectif, mais du point de vue de la conscience, ou du sujet. Quant aux matériaux à utiliser, ils sont donnés généralement avec la description de la durée psychologique (caractères généraux de la vie consciente, ou organisation du « moi »), et avec le problème du sentiment du passé (qui est à la fois la forme du souvenir, et un élément du sentiment que j'ai de moi-même). Se rappeler à ce sujet les analyses de Bergson.  

  •  Plan. — Dans le déroulement incessant de la vie psychologique, chaque instant prend successivement une valeur, sorte de préférence d'être (praeesse, praesens) : le présent.
  

« Qu'appelez-vous « instant présent » ? Qu'est-ce qui distingue pour l'introspection le présent vécu du passé ou de l'avenir ? Le texte met en vedette le mot introspection; mais écartons tout de suite un malentendu (que n'ont pas évité certains candidats ) : le mot introspection donne l'esprit dans lequel doit être abordé le sujet : il ne s'agit pas de traiter de la valeur ou de l'emploi de l'introspection, ou de ses dangers, mais on.

devra définir l'instant présent et le distinguer du passé ou de l'avenir, non pas d'un point de vue abstrait et objectif, mais du point de vue de la conscience, ou du sujet.

Quant aux matériaux à utiliser, ils sont donnés généralement avec la description de la durée psychologique (caractères généraux de la vie consciente, ou organisation du « moi »), et avec le problème du sentiment du passé (qui est à la fois la forme du souvenir, et un élément du sentiment que j'ai de moi-même).

Se rappeler à ce sujet les analyses de Bergson. Plan.

— Dans le déroulement incessant de la vie psychologique, chaque instant prend successivement une valeur, sorte de préférence d'être (praeesse, praesens) : le présent. I.

— Le présent se définit logiquement comme la limite, infinitésimale, et perpétuellement mobile, entre le passé et l'avenir.

Mais psychologiquement l'instant présent est une réalité qui ne se confond pas avec cette limite abstraite des deux directions du temps.

Il est bien instant, car pour la conscience qui S'y absorbe il ne dure pas : dès que la durée est sentie, elle devient succession, sentiment que quelque chose était, précédant l'actuel.

Nous sentons donc l'instant comme une unité vivante et indivisible.

Pourtant il occupe un temps effectif (aisément mesurable dans la sensation), temps d'ailleurs variable, généralement très court (1/10e sec.

environ pour la sensation visuelle), mais qui peut s'étendre dans les états traînants de la rêverie, et beaucoup plus encore dans l'attention absorbée (fascination, extase, où disparaît le sentiment du changement et de la durée).

Le présent psychologique paraît donc se confondre avec l'acte que nous ne divisons pas. Ainsi défini, l'instant se donne comme un moment déterminé, au milieu de la période indéterminée que nous concevons comme « le présent », conception abstraite et objective ou impersonnelle et non sentiment d'un directement vécu.

Comment cet instant se situe-t-il dans la durée que « je » suis, et prend-il son caractère original ? ce qui revient à demander comment il se distingue du passé et de l'avenir, en lesquels nous divisons la durée. II.

— Intellectuellement, nous savons par toute l'organisation de notre expérience que le présent est le seul immédiatement donné, en fonction d'ensemble de conditions en même temps données; donc, à chaque instant, il est l'expression du réel, ou immédiatement lié à lui (soit traduction d'un « monde », soit liaison au corps ou traduction de sa vie).

Sous la même forme intellectuelle, le passé est représenté, donc pensé et reconstruit, et distingué par là de la perception; l'avenir est imaginé, inférence conclue de cette inférence qu'est le passé.

— Mais ces distinctions se superposent au fait : ce passé pensé, je me le représente comme un objet, et l'intelligence, pour détacher du présent passé et avenir, procède comme elle le fait pour construire le monde extérieur.

— De plus, ces moments, pensés, de la durée enveloppent une sorte de sentiment vécu, celui du passé en tant que tel, donné par la conscience : c'est de ce sentiment qu'il faut chercher les origines. III.

— Qu'est-ce donc pour l'introspection que le présent vécu, dans son opposition au passé et à l'avenir ? Nous disons : présent vécu, ce qui est faire appel au sentiment d'une conscience agissante, et Bergson veut opposer le plan du présent, plan de l'action, à la masse des souvenirs purs — plan du rêve — toute différente de l'attention au présent.

Nous remarquerions en effet que le présent est plutôt agi ou vécu que pensé, analogue en cela au réel de la perception auquel il est lié et qui est aussi ce qui s'organise en rapport avec nos réactions.

On décrit donc bien ainsi la forme toute spontanée sous laquelle les événements psychologiques, en leur ensemble, se distribuent dans la durée. Mais le sentiment du présent n'est pas uniquement cette sorte d'attention à la vie qui s'absorbe dans le vécu plus qu'elle ne le pense.

C'est bien aussi une attention à la durée elle-même, et, plus exactement, différenciation dans la durée.

Or, les caractères des matériaux qui font le présent et le passé ne suffisent pas à établir cette différenciation.

Bergson reconnaît que la « perception » n'est pas sans épaisseur : elle se souvient du passé; disons réciproquement que le passé n'est pas sans analogie avec le présent : il n'est pas rêve ou souvenir pur; mais quand il se fait reconnaître, c'est qu'il est « joué », au moins faiblement, à la manière du présent (on ne reconnaît pas sans revivre); et d'autre part il entre très généralement, et en totalité, dans le présent et s'y absorbe (ainsi toute la connaissance d'un pays familier entre dans nos mouvements).

Le passé expressément retrouvé tend à se confondre pour la conscience avec le présent; il n'est essentiellement « le passé » que comme sentiment d'une durée dont nous pourrions revivre le contour, mais qui reste indéterminée : sentiments de présence virtuelle de toute notre vie. Et si je rappelle une période du passé, en l'appelant passé et en la situant, ce ne peut être que grâce aux cadres, pensés, dont se construit la mémoire, et qui¡ me permettent à la fois de la relier en moi et de l'en distinguer : donc acte de réflexion (« je me souviens...

»), travail intellectuel, et non plus sentiment de moi-même ou introspection au sens exact. Conclusion.

— Présent et passé ne sont pas, pour l'introspection, les éléments d'un déroulement homogène, comme il en est pour la durée passée.

Le présent, avant tout vécu, fait d'états définis, dont il ne se sépare pas, se distingue du passé, donné comme sentiment global de la vie.

C'est par là montrer que l'avenir, construit de nos imaginations et de nos inférences du passé, ne saurait venir que de l'acte intellectuel qui renverse l'ordre de la durée pour la créer, en se servant comme matière des expériences du passé.

Nous disons bien que le présent mord à chaque instant sur l'avenir.

Mais ce n'est là qu'une vue, après coup, d'une pensée qui construit le temps homogène, impersonnel.

Car la conscience, attachée à soi ne saisit qu'un présent, l'oppose au passé qui est la totalité du moi, et elle pense l'avenir comme un pur possible, donc un objet auquel elle pourra pourtant s'identifier.. »

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