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L'avenir a-t-il plus de valeur que le présent ?

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« [L'homme se projette sans cesse dans l'avenir.] Le temps et l'avenir sont la substance de ma liberté La caractéristique fondamentale du Dasein est d'être temporel.

Non pas d'être situé « dans le temps », ce qui est aussi le cas des choses, mais d'être tout entier, intérieurement, tissé par le temps.

Non pas le temps extérieur, mais le temps vécu.

Le Dasein est temporel au sens où l'on dit d'un être fait de matière qu'il est « matériel ». Le temps n'est pas l'objet de la conscience : le Dasein est temps (pour approcher cette idée, dites-vous que le temps est aussi essentiel au Dasein qu'il l'est à une mélodie).

Prendre conscience de soi, acquérir une identité, et la poser comme telle, tout cela ne serait pas possible dans l'identité opaque d'un instant sans passage.

Être présent à soi, faire réflexion sur soi, c'est se décoller de soi, ce qui serait impossible sans le temps qui nous arrache à l'inertie de l'instant. Le Dasein est donc constitué par l'unité synthétique des trois dimensions temporelles (passé, présent, futur) ; Heidegger les appelle des « ex-tases », car en elles le Dasein sort de lui-même, s'étend pour revenir à soi. Disons même que le soi n'est rien d'autre que ce retour à soi après la sortie dans l'extériorité. L'homme se projette dans l'avenir "L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait.

Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir.

L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence ; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

(...) Mais que voulons-nous dire par là, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou que la table ? Car nous voulons dire que l'homme existe d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir et ce qui est conscient de se projeter dans l'avenir." SARTRE Sartre développe ici une formule qu'il a rendu célèbre : « l'existence précède l'essence », du moins pour l'homme.

Les choses qui nous entourent ont une nature déterminée (« la table ») suffisamment stable et prévisible pour que nous puissions les connaître et agir sur elles.

Nous dirons qu'elles sont alors que l'homme existe : il faut entendre par là qu'il est radicalement libre, qu'il peut toujours à chaque instant se vouloir radicalement autre, qu'il est en quelque sorte en avant de lui-même, qu'il est, selon le terme de Sartre, « pro-jet ».

Par opposition aux choses, le sujet humain « n'est pas ce qu'il est ».

Son existence est ainsi caractérisée par la négativité (« il n'est d'abord rien ») et sa dimension temporelle (« ce qui se jette vers un avenir »). C'est donc l'homme qui donne sens et valeur au monde qui l'entoure ; c'est lui seul qui est responsable de la situation dans laquelle il se trouve, puisqu'il est toujours radicalement libre.

C'est par mauvaise foi que l'on peut être tenté de dire : « Je suis comme cela ; je ne peux pas faire autrement.

» Une telle conception du libre arbitre, qui n'est pas sans rappeler Descartes (voir texte 15), fait toute la dignité de l'homme. Notons que cet humanisme philosophique absolu implique un athéisme et qu'il correspond à ce que Nietzsche considérait comme un nihilisme.

Pour Sartre aussi, Dieu est mort, et l'homme n'a plus rien à vénérer que sa propre liberté essentiellement négative.

L'homme se vit comme projet; l'avenir est ce qui donne sens à son action. L'histoire se déroule en fonction d'une fin à venir Au niveau de l'histoire collective, Hegel a mis en évidence la valeur de l'avenir.

L'histoire,'en effet, obéit aussi à un «projet» qui est celui de la Raison ou de l'Esprit.

Ce devenir avance dans une certaine direction, celle du progrès, et prendra fin lorsque l'Esprit sera réalisé.

Toute l'histoire est donc déterminée par une fin à venir. La formule exacte qui figure dans les « Leçons sur la philosophie de l'histoire » (1837) est : « L'histoire universelle présente le développement de la conscience qu'a l'esprit de la liberté, et de la réalisation produite par une telle conscience.

». »

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