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Puis-je créer un langage ?

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. CRÉER / CRÉATION (n.

f.) 1.

— (Lato) Toute production, avec l'idée d'une nouveauté de son objet (création du monde, d'une route, d'une oeuvre d'art).

2.

— Dans la tradition judéo-chrétienne, acte par lequel Dieu donne naissance au monde : en ce sens, la Création est création à partir de rien (creatio ex nihilo). 3.

— Apparition de quelque chose qui ne résulte pas des données : en ce sens, on a tendance à faire de toute création une création ex nihilo, quelque chose de mystérieux ; c'est pourquoi les matérialistes préfèrent employer le terme de production qui implique un processus matériel (ainsi dit-on production littéraire pour création littéraire).

4.

— Invention.

5.

— Création continuée : pour les cartésiens, action identique à la création initiale par laquelle Dieu conserve le monde dans l'existence.

6.

— Créativité : faculté de créer, de produire des idées nouvelles ; disposition qui pousse à l'invention. Pour cerner au plus près la définition du terme langage, il sera utile de le différencier de la langue.

On peut parfaitement imaginer créer une langue, il suffit pour cela de mettre au point une grammaire (c'est-à-dire un mécanisme, un système, une structure) et des sons, et l'on peut donc dans une certaine mesure prendre modèle sur les autres langues pour en créer une autre.

Toutefois la langue est une modalité du langage, et par conséquent inventer un langage impose un changement nettement plus radical.

On dit que l'homme est doué de langage, mais pour qu'inventer un langage soit possible, encore faudrait-il que le mot puisse se décliner au pluriel, que "des" langages puissent coexister, et surtout que l'expression "des langages" ait un sens.

Peut-on déterminer un langage particulier, propre à soi ? Et si ce langage est possible, quelle est son utilité ? En effet, la communication n'impose-t-elle pas que nous ayons tous le même langage pour qu'elle soit efficace et effective ? N'y a-t-il pas un devoir de ne pas céder à la tentation de créer son propre langage, d'un point de vue social ? Ne peut-on pas opposer les termes "je" et "un" dans l'intitulé : peut-on être seul pour créer un langage ? Cela ne suppose- t-il pas d'être plusieurs ? Discussion : À première vue, créer un langage paraît impossible parce que le langage précède à notre existence à la différence de la parole qui est individuelle ; la langue est institutionnelle.

C'est une distinction bien connue par les linguistes entre la parole et la langue.

Pourtant il est bel et bien possible de créer un langage ; ceci non seulement dans l'art mais aussi dans la philosophie. Première partie : le langage poétique Toute l'esthétique de la poésie est fondée précisément, sur la capacité du poète à créer sa propre langue.

Le poète est le gardien de la langue, celui qui, non seulement, protège la langue mais aussi l'approfondit et la développe sur des plans supérieurs.

Le poète est précisément un créateur de langage dans ce sens-là.

L'un des plus grands théoriciens de la poésie au 19 ème siècle, Stéphane Mallarmé, disait précisément ceci : « Le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire, achève cet isolement de la parole : niant, d'un trait souverain, le hasard demeuré aux termes malgré l'artifice de leur retrempe alternée en le sens et la sonorité, et vous cause cette surprise de n'avoir ouï jamais tel fragment ordinaire d'élocution, en même temps que la réminiscence de l'objet nommé baigne dans une neuve atmosphère.

» Dans cette citation de Mallarmé nous retrouvons les éléments cruciaux qui définissent le rapport du poète à la langue, rapport qui est de création, et d'invention.

Puisque Mallarmé dit bien que « le vers de plusieurs vocables refait un mot total », c'est-à-dire refait une langue totale, car c'est par le mot que le poète pense.

C'est avec des mots qu'il crée.

On peut rappeler à cet égard la réponse de Mallarmé à son ami Maner qui disait que lui aussi voulait écrire parce qu'il avait beaucoup de pensées à développer. Mallarmé répondait ce n'est pas avec de la pensée que l'on fait de la littérature mais avec des mots.

Roland Barthes disait aussi que l'écrivain « est un penseur de mots.

» Deuxième partie : la philosophie et la création de langage Le poète n'est pas le seul pour qui il est nécessaire de produire sa langue.

En philosophie aussi il est requit de fabriquer son propre système de concept en vue de produire un système.

C ar toute architectonique philosophique suppose de la nouveauté non seulement dans le contour de pensée mais aussi dans la création de concepts.

T out philosophe se veut un créateur de concept.

C 'est une des choses qui fait que la philosophie comme la poésie est souvent d'un abord difficile parce que les deux rompent avec le langage naturel, habituel.

La philosophie kantienne comme celle de Hegel sont des exemples parfaitement connus dans lesquels on voit un souci majeur de fabriquer une langue proprement adaptée à la pensée du philosophe.

Il ne faut pas oublier que le créateur de langage, c'est-à-dire ici le philosophe doit faire preuve d'une extrême rigueur et d'une extrême précision sinon sa pensée bascule dans le quiproquos dans l'obscurité ou dans la mécompréhension.

Hegel dans une lettre à Goëschel disait : « toute ma vie je n'est pas été lu et ceux qui m'ont lu ne m'ont pas compris ». Troisième partie : danger de la création du langage Toutefois créer du langage n'est pas du ressort de n'importe qui.

Il faut à la fois respecter certaines règles mais encore être capable de produire du nouveau dans la création elle-même.

Certes toute création est nouveauté, mais la vraie nouveauté dans la création est celle qui introduit une dimension que l'on appelle l'événement.

C'est justement l'absence d'événement que l'on voit dans les créations artificielles, telle que la publicité, tel que les artistes commerciaux, tout ce monde qui voulant faire du nouveau voulant faire de la création ne font en fait qu'agiter des oripeaux.

Bergson, Sur les données immédiates de la conscience : « Nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent: la pensée demeure incommensurable avec le langage.

» A insi, la pensée dépasse le langage et il est parfois plus prudent de renoncer à créer un langage pour illustrer la pensée.

C ar cette dernière est presque transcendantale. Conclusion : Wittgenstein Ludwig, Tractatus Logico-philosophicus : « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.

». »

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