Pouvons-nous avoir de notre propre passé une connaissance exacte ?
Extrait du document
«
Observation.
— Nous ne donnons ici qu'un plan très sommaire, le sujet pouvant être traité, en grande partie, à
l'aide des indications fournies pour les sujets précédents.
Position de la question.
La question revient à savoir si le souvenir est la reproduction exacte de notre passé.
I.
Le souvenir-reproduction.
Le sens commun s'imagine volontiers que le souvenir est une simple reproduction du passé.
La théorie classique de
l'image (TAINE) était dupe de la même illusion, et comme l'a bien vu SARTRE, la théorie bergsonienne de la mémoire,
admettant que les images continuent à « durer » dans l'inconscient, ne fait que prolonger cette illusion.
II.
Discussion.
A.
— LA MÉMOIRE-RECONSTRUCTION.
En réalité, le souvenir ne reparaît jamais identique à ce que fut l'impression
première.
Il est, pour une grande part, reconstruit par l'esprit, et c'est cette reconstruction qui lui donne son unité
et son identité.
Toutefois elle n'est pas arbitraire.
Nous disposons, le plus souvent, de points de repère qui nous
permettent de contrôler, dans une certaine mesure, l'exactitude du souvenir.
Comme l'écrit Ph.
FAURÉ-FRÉMIET
(cité par DELACROIx, ouv.
cité, p.
338), « le souvenir est bien une image nouvelle, originale, singulière,
spécifiquement distincte du réel antérieur; le souvenir constitue bien un fait nouveau, une recréation remaniée du
passé; mais il y a un modèle, et ce modèle impose ses limites et ses lignes de réalisation ».
B.
— LA MÉMOIRE-PARTICIPATION.
On a soutenu toutefois que la mémoire est « participation » à la conscience
passée.
Mais il résulte de là que, solidaire d'une « conscience », c'est-à-dire d'une structure, étrangère à la conscience
présente, le souvenir qui est bien tout de même, en un sens, un état présent, ne saurait, étant pris dans un réseau
de représentations et de rapports tout autre que l'ancien, être identique à ce qu'il a été jadis.
Il est facile de
constater d'ailleurs que, sans que nous nous en rendions toujours compte, nos souvenirs se déforment d'eux-mêmes
dans le temps, précisément parce qu'ils participent à la vie de notre conscience.
Conclusion.
La mémoire n'est donc pas la reproduction exacte du passé.
Nous pouvons cependant parvenir à une
connaissance suffisante de celui-ci en ayant recours, non seulement à nos propres souvenirs, mais aussi aux points
de repère objectifs auxquels il a été fait allusion et même au témoignage d'autrui..
»
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