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Pouvez-vous analyser la signification culturelle de l'art ?

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« L'analyse de la signification culturelle de l'art peut s'entreprendre sur deux plans distincts.

Le premier concerne le rôle de l'art au sein de l'art culture, au sens où celle-ci se distingue de la nature.

De ce point de vue, l'art correspond à l'artificialité par contraste avec la naturalité et ne désigne pas seulement les œuvres d'art, mais tout aussi bien les comportements humains en société, les techniques, la religion, etc.

Deuxièmement, la signification culturelle de l'art peut s'entendre selon la place que l'on accorde à l'art au sein d'une culture donnée.

À ce moment-là, la signification culturelle de l'art dépend de l'importance reconnue à la pratique artistique au sein de la société.

De fait, si l'art se retrouve dans la plupart des cultures, son statut varie en fonction de celles-ci : nous prendrons pour exemple le rôle du roman à l'époque post-moderne, c'est-à-dire dans nos sociétés occidentales post-industrielles.

Afin d'assurer la transition entre ces deux plans, nous évoquerons le statut de l'art tel que l'envisage Hegel. I – L'œuvre d'art et l'œuvre de l'art L'expression « œuvre d'art » renvoie précisément aux produits de la pratique artistique ; en ce sens, « Impression, soleil levant » de Monet est une œuvre d'art, un produit des beaux-arts, en l'occurrence la peinture.

À l'inverse, parler de « l'œuvre de l'art », c'est considérer l'ensemble des choses (objets, comportements, etc.) qui se trouvent en rupture avec la nature.

L'art n'est plus dès lors compris comme une partie de la culture, à côté de la religion, de la science, etc.

mais comme le fondement de la culture.

L'art, c'est l'artificialité primordiale, en rupture avec la naturalité.

Cette idée se retrouve dans le fait que l'art est à la fois la pratique de l'artiste et de l'artisan. L'artisanat renvoie en effet à une technique, à l'introduction d'une médiation entre l'homme et la nature. De ce point de vue, la signification culturelle de l'art tend à occuper tout le champ de la culture.

Art et culture désignent la rupture qu'introduit l'homme vis-à-vis de sa naturalité première.

C'est ce que montre LéviStrauss dans Les structures élémentaires de la parenté, où la règle de l'interdit de l'inceste, en sa qualité de norme artificielle, rompt avec le donné naturel.

En effet, nous dit Lévi-Strauss, tout ce qui relève de la spontanéité relève de l'ordre de la nature : c'est le cas de l'instinct sexuel.

Or, la prohibition de l'inceste, présente dans toutes les sociétés, interdit les relations endogames, c'est-à-dire au sein d'un même groupe familial.

L'ensemble des croyances, des coutumes et des stipulations qui définissent cet interdit marquent ainsi l'entrée de l'homme dans la sphère de la culture, par l'introduction d'une pratique artificielle, c'est-à-dire non naturelle. L'art possède à ce niveau une signification culturelle fondamentale, au sens où il est l'opérateur fondamental de la culture.

En somme, pas de culture sans art.

Cependant, nous ne devons pas ignorer que l'art possède une signification plus restreinte, en tant que production d'œuvres d'art.

Nous allons voir avec Hegel comment il est possible de penser cette activité, notamment par rapport à ce que nous venons de dire. II – Hegel et la signification de l'art La culture rassemble un certain nombre de pratiques concurrentes : la science, la technique, l'art, la religion, etc.

De ce point de vue, l'art n'est qu'une manière, parmi d'autres, de faire œuvre de culture.

Cependant, avec Hegel, nous allons voir que l'art possède une fonction particulière au sein du processus culturel lui-même.

Ainsi, nous feront le lien entre l'art-culture, comme rupture avec la naturalité, et l'art comme pratique artistique. Pour Hegel, les pratiques humaines ont pour fonction primordiale de révéler l'Esprit, c'est-à-dire, notamment, d'abolir la distance entre l'homme, qui pense, et la nature inanimée.

En effet, aussi longtemps que nous pensons, nous restons enfermés dans une certitude subjective.

Autrement dit, nous ne sommes certains que de nous-mêmes et ce qui se trouve face à nous n'est qu'un élément étranger.

Or, pour que la pensée ne soit pas vide et abstraite, Hegel montre que l'esprit doit s'objectiver dans l'autre, c'est-à-dire se faire objet pour se contempler lui-même.

Ainsi, un petit garçon lançant des cailloux dans une mare contemple le fruit de son activité, son esprit s'est incarné devant lui. Pour ce qui est de l'art, les œuvres permettent à l'esprit de donner une forme sensible à ses idées.

L'art répond ainsi au besoin de présentation de l'esprit ; celui-ci doit pouvoir se reconnaître dans une matière qui lui est extérieure.

Le maquillage, les bijoux, etc.

participent à cette manière qu'a l'esprit de s'approprier le corps, d'en faire un objet spirituel et culturel ; à un autre niveau, l'architecture, la peinture, la poésie et la musique représentent une appropriation toujours plus spirituelle de l'esprit par lui-même. Passant d'abord par la massivité des édifices de pierre, l'esprit se retrouve enfin dans la musique, dont le support sensible est le moins évident.

Quoi qu'il en soit, l'idée à retenir est la suivante : par l'art, comme pratique artistique, l'homme ne se sépare plus seulement de la nature, mais il se la réapprorie.

Par l'œuvre d'art, l'homme imprime sa marque dans le monde objectif et s'y reconnaît. Ainsi, la signification culturelle de l'art n'est plus seulement d'opérer une rupture avec la nature, mais de dialectiser ce rapport, c'est-à-dire de montrer comment la nature appelle la culture et réciproquement. Dans des notes de cours qui ont reçu le titre d' « Esthétique » (posthume), Hegel (1770-1831) écrit: «L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure.

» Une formule plus rigoureuse précise: «Le contenu d'une œuvre d'art est tel que, tout en étant d'ordre spirituel, il ne peut être représenté que sous une forme naturelle.

». »

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