Pourquoi refuse-t-on la conscience à l'animal ?
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«
Si la conscience désigne la capacité de réfléchir l'action, de la considérer, de l'évaluer du point de vue de sa
nécessité, de sa moralité etc., alors peut-on concevoir une conscience animale ? L'animal ne fait-il pas que réagir à
une sollicitation extérieure sans considération de la nature de son acte ? Son "action" n'est-elle pas entièrement
régie par l'automatisme de l'instinct ? L'action humaine, elle, n'est-elle pas d'un autre type ? L'homme n'a-t-il pas à
se représenter ses besoins et la façon de répondre à ces besoins ? N'est-ce pas la conscience qui permet cette
représentation ? Mais si l'homme est un animal par nature, est-il possible d'être aussi catégorique ? La question
serait plutôt : pourquoi l'homme refuse-t-il la conscience à l'animal ? Est-ce pour lui une nécessité de se démarquer
de l'animal, ou est-ce par souci scientifique ? La notion de refus illustre-t-elle une résistance de la conscience
humaine, ou relève-t-elle d'un acquis scientifique, irrémédiable ?
Beaucoup de gens considèrent les animaux, et en particulier leurs animaux domestiques, comme des êtres à part
entière et ils les installent sur le même plan que les hommes, en quelque sorte comme leurs égaux.
Mais peut-on
réellement considérer l'animal comme l'égal de l'homme ? Peut-on le laisser accéder au statut de conscience au
même titre que les hommes ? De par l'essence de la conscience, a-t-on le droit d'attribuer à 'animal une conscience
? Y a-t-il des raisons pour, ne pas lui admettre ce statut ? Mais si on ne peut le lui admettre, pourquoi parle-t-on du
droit des animaux ?
Aux deux premiers sens que prend l'essence de la consciences, on remarque que l'on ne peut pas attribuer la
conscience à l'animal.
La conscience est tout d'abord considérée comme réflexivité, c'est-à-dire qu'elle doit pouvoir sortir de l'en-soi pour
atteindre le pour-soi afin de savoir qu'elle est et savoir, ce qu'elle est.
En d'autres fermes, il faut que la conscience
soit consciente d'être, il faut qu'elle se sache exister.
Or, ce savoir ne naît pas avec elle, ce n'est pas une idée
innée, c'est un lourd travail, pénible et long.
Il s'acquiert, d'une part, de façon théorique : la conscience sort d'ellemême pour, se regarder, elle devient spectatrice d'elle-même et se regarde évoluer dans la sphère du monde.
D'autre part, cette théorie doit être accompagnée d'une pratique : la conscience prend conscience d'être à travers
ses actes et ses jugements, elle devient alors actrice sur la scène du monde.
Sartre a très bien exprimé cette idée
en affirmant : «je sais qui je suis en me regardant dans le miroir de mes oeuvres ».
Ensuite, l'essence de la conscience la compare à un acte de synthèses.
Pour qu'un être soit considéré comme
conscience, il faut qu'il se soit constitué comme un et identique grâce au pouvoir de synthèse qu'est l'entendement.
L'exemple de l'enfant résume parfaitement cette idée : lorsqu'il naît et jusqu'à ce que son entendement fonctionne,
l'enfant évolue dans la sphère du sentir: pour parler de lui, il utilise la troisième personne.
Or, lorsqu'il a emmagasiné
de nombreuses intuitions sensibles, son pouvoir de synthèse se met en route afin d'unifier toutes ces données
sensibles.
C'est ainsi qu'il va passer du « se sentir » au « se penser », utiliser la première personne pour parler de
lui-même parce qu'il va s'être construit comme un et identique.
Cependant, malgré toute la bonne volonté que l'on puisse mettre.
On ne peut considérer l'animal comme une
conscience réflexive.
En effet, celui-ci ne peut s'extérioriser, il ne peut sortir de lui-même pour se regarder.
Il ne
peut être spectateur.
De même, il ne peut se regarder à travers ses oeuvres, ses actes et donc devenir acteur pour
la simple et bonne raison que l'animal reste dans l'en-soi, c'est-à-dire dans la réalité telle qu'elle est, posée sur la
Terre.
En effet, l'animal n'a pas la capacité de se projeter hors de lui pour atteindre le pour-soi et par conséquent il
n'est pas conscient d'être: il ne sait pas qu'il est et ne sait pas ce qu'il est, aussi bien de façon théorique que
pratique.
En fait, l'animal et la nature sont des « intériorités repliées sur eux-mêmes » car leur intériorité n'a pas la
force ni la capacité de s'extérioriser hors d'eux.
De plus, l'animal n'arrive pas à se constituer un et identique car il
n'en a pas conscience, il reste toujours prostré dans le sentir sans pouvoir accéder au « se penser, ».
Son
entendement ne peut se mettre en route car l'animal ne reçoit pas les donnée sensibles.
Par conséquent la conscience ne peut être attribuée à l'animal en tant que réflexivité et acte de synthèse.
Même si l'animal ne peut être une conscience réflexive, ne peut se constituer comme un et identique, et même s'il
évolue toute sa vie dans la sphère du sentir, peut-on le considérer comme un être moral ? Peut-il se constituer
comme une conscience morale ?
Malheureusement pour lui, l'animal ne peut pas être considéré comme un être moral, l'homme n'a pas le droit de le
considérer ainsi car la conscience morale est à rapporter aux deux autres sens que prend la conscience.
Effectivement, pour pouvoir être une conscience morale, pour pouvoir être attribué ce statut,
il faut et cela est nécessaire que la conscience en tant que réflexivité puisse se réaliser.
Autrement dit, seule une
conscience réflexive est une conscience morale.
Grâce à la réflexion, la conscience peut être capable, si elle ne se
voile pas la face, de se juger digne ou indigne d'une personne, de juger ses actes bons ou mauvais, ses jugements
justes ou injustes.
Mais les décisions de la conscience doivent se faire en accord avec la raison qui seule, avec sa
vertu qu'est la prudence, peut instaurer des normes, des étalons de mesure afin de définir un acte, un jugement..
mais puisque l'animal ne peut avoir de conscience réflexive, il ne peut non plus être accepté comme une conscience
morale.
Seulement, la réflexion de la conscience n'est qu'une des conditions pour devenir conscience morale.
En effet, seule une conscience est morale si elle s'est au préalable constituée comme une et identique par
l'entendement.
Ainsi, la conscience comme acte de synthèse doit être réalisée pour que se construise une
conscience morale car la moralité inclut le concept de responsabilité.
Or, être responsable, c'est pouvoir répondre
de ses actes à la première personne, c'est pourquoi il est nécessaire d'être passé du « se sentir » au « se penser »,
sinon cela n'aurait aucun sens de parler de responsabilité là où il n'y aurait pas une personne.
L'animal ne pouvant
pas non plus avoir une conscience qui serait acte de synthèse, il ne peut encore une fois, être défini comme.
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