Pourquoi peindre ?
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Sujet 3395
Pourquoi peindre ?
La physique médiévale chrétienne affirmait que les êtres vivants et les choses étaient faits de lumière, la
physique moderne confirme expérimentalement cette intuition, ainsi que la photographie et le cinéma.
La forme
des choses se laisse abstraire de son support naturel et peut être fixée sur un autre support.
A quoi bon?
D'abord et manifestement parce que les choses nous étonnent, nous émerveillent, nous ravissent, nous
effraient; ensuite parce que nous sommes capables d'inventer des possibles; enfin parce que la peinture peut
atteindre les essences les plus secrètes, jusqu'à apercevoir la face cachée de la divinité.
DIVERSITÉ DES STYLES PICTURAUX
Les styles picturaux sont nombreux mais pas au point qu'on ne puisse les classer ou diviser.
Le style dépend à
la fois de l'intention du peintre, de ses émotions, et ensuite de la facture : de la manière dont il traite les
matières colorées ou lumineuses.
Voici les principaux styles: la peinture figurative, narrative ou commémorative; la peinture figurative de
ravissement: l'impressionnisme; la peinture figurative de frayeur: l'expressionnisme; la peinture figurative
d'étonnement et de créativité: cubisme, fauvisme, fantastique; enfin la peinture formaliste ou abstraite, qui
est soit contemplative et mystique, soit énigmatiquement violente.
LA PEINTURE FIGURATIVE
Elle reproduit le réel, l'imite jusqu'au trompe-l'oeil, illustre des récits, particulièrement mythologiques, ou encore
commémore des événements historiques ou religieux.
Elle est soit exacte jusqu'au moindre détail, soit
extrêmement stylisée et épurée comme la peinture chinoise de paysage.
L'impressionnisme
L'impressionnisme est un hiératisme modéré, il se consacre à la beauté terrestre, mais non au sacré; il suspend
la douleur qui se tient sage et tranquille; on voit dans ces oeuvres la douceur des saisons, des raisons
d'espérer, des vestiges qui montrent que la terre a été un paradis, que cette vie est tendre et douce pour qui
sait la voir sous l'angle du bien.
La sérénité de l'impressionnisme dévoile la surnature qui nous environne, sans
nul souci pour l'histoire qui est « une vallée de larmes ».
L'impressionnisme comporte un caractère idyllique: trop beau pour être vrai, c'est que son sens n'est pas
littéral ni même moral, mais anagogique.
L'expressionnisme
Quand l'impressionnisme peint des paradis terrestres, l'expressionnisme compose une tératologie, une galerie de
monstruosités, un couloir de l'enfer.
Sans constamment avoir recours au narratif, mais s'y portant volontiers,
l'expressionnisme exagère les traits, les couleurs et les formes, outre les sujets afin de blesser le regard de
l'observateur, de scarifier les visages des contemplateurs par la place essentielle accordée aux misères,
souffrances et tribulations, aux déportations, tortures et meurtres.
Absentant la beauté, l'expressionnisme la
montre « en creux », nostalgique de sa présence violemment désirée.
L'expressionnisme, c'est Éros, l'amour en
manque d'Aphrodite la beauté; Éros dans ses périodes de misère quasi intolérable qui attend rédemption par
l'entrevision d'Aphrodite.
La peinture formaliste ou abstraite
La peinture abstraite, ou « pure », formaliste, spirituelle, l'art « informel » surgit lorsque le peintre délaisse ou
absente tout motif physique d'imitation en faveur du seul sujet pictural.
Ce sujet pur peut être expressionniste
par la violence des traits (comme chez Soulages) ; profondément tourmenté par une sorte d'égarement des
formes (chez Bram Van Velde) ; ou intégralement mystique (Mark Rothko), qui entrevoit les visages de Dieu,
visages voilés pour ne pas faire voler en éclats la personne du contemplateur, dont la nature est incapable de
supporter la plénitude de splendeur et beauté..
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