Pourquoi malgré les progrès scientifiques, la religion demeure-t-elle dans ce cas ?
Extrait du document
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Termes du sujet:
PROGRESSER /PROGRÈS:
* Progresser: évoluer du moins bien vers le mieux, (s') améliorer.
* Progrès: 1) Passage graduel du moins bien vers le mieux, évolution dans le sens d'une amélioration.
2) Le Progrès:
marche en avant de la civilisation, par le biais du développement des sciences et techniques.
RELIGION
Étymologie discutée.
Cicéron fait dériver le mot du latin relegere qui s'oppose à neglegere comme le soin et le
respect s'opposent à la négligence et à l'indifférence.
D'autres font dériver le mot de religare: La religion est avant
tout le lien qui rattache l'homme à la divinité : «La religion consiste dans un sentiment absolu de notre
dépendance.» (Schleiermacher).
La religion c'est le sentiment que l'homme ne s'est pas donné lui-même l'existence,
qu'il dépend d'un Être qui le dépasse infiniment.
Sociologiquement, les religions sont les divers cultes organisés (avec
leurs dogmes et leurs rites) pour rendre hommage à Dieu.
L'idée selon laquelle le progrès scientifique rend caduque les religions, que le savoir pourrait se substituer
entièrement à la foi, est un doux rêve positiviste.
D'abord parce que, il n'y a pas de savoir sans croyance.
Mais
aussi et surtout, parce que les sciences excluent de leur domaine, par souci méthodologique, des questions
fondamentales: celles qui se rapportent au sens ou au non-sens de notre univers et de notre propre existence.
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi y a-t-il de l'ordre plutôt que du désordre ? Pourquoi la vie
naît-elle de la mort ? Sur ces questions et sur bien d'autres, les sciences restent muettes.
Ajoutons qu'il y a la misère matérielle et que, lorsque nos besoins sont satisfaits, il y a la détresse psychique, en
particulier la certitude de la mort.
Qu'un monde informé par la rationalité scientifique et technique, où domine le
productivisme, la recherche de la rentabilité et du profit à tout prix, ne peut satisfaire le besoin de sens de l'être
humain.
Le progrès dans quel but ? Quelle humanité voulons-nous ? Quel type de société serait vraiment souhaitable
? S'agit-il simplement de progresser pour survivre ? Il y a et il y aura toujours une place pour la croyance religieuse.
Et celle-ci est toujours donatrice de sens et donc fondement d'intelligibilité, mais sa limite est sa pente vers
l'obscurantisme et le fanatisme.
Si la science pour condamner les croyances irrationnelles, elle ne peut que tolérer des croyances qu'elle ne saurait
ni justifier ni réfuter.
Quant aux religions, peuvent-elles se dispenser du savoir scientifique et refuser d'évoluer, si
elles veulent rester vivaces ? On peut songer à Teilhard de Chardin qui, prenant conscience du danger qui résulte de
la coupure entre la science et la foi, a tenté dans son oeuvre de concilier la théorie de l'évolution avec l'idée de la
création du monde et de l'homme par Dieu.
Il a été ainsi amené à rejeter le mythe de la création en six jours et à
adopter l'idée d'une "cosmogenèse", cad d'une création continue, qui ne cesse de se produire.
Apparu, de son
vivant, comme un fondateur d'hérésie, il est aujourd'hui réhabilité par le Vatican.
Pour approfondir:
Peut-être faut-il finir cette notion en revenant sur l'exemple par lequel on l'a ouvert, et reposer la question qu'ont
cru trancher de façon définitive les philosophes du soupçon : la foi religieuse repose-t-elle vraiment sur l'illusion ?
Correspond-elle seulement à une forme de conscience primitive naïvement animiste, que l'être humain serait
nécessairement amené à rejeter au fur et à mesure qu'il gagnerait en savoir et en maturité ? Il est certain qu'à la
lecture de Marx, de Nietzsche, de Freud, de Sartre semble inviter à une telle conclusion.
Mais il n'est pas moins
évident que ces analyses destructrices n'ont pas entraîné, comme on a cru jadis qu'elles le feraient, la disparition de
la religion, et que celle-ci reste d'une étonnante vitalité : même dans les pays les plus développés et les plus
sceptiques, où elle a connu une crise indiscutable, qui l'a fortement marginalisée, son rôle a été redéfini (s'intégrant
sans trop de heurts dans un cadre politico-philosophique fondamentalement laïque) plus qu'il n'a disparu.
Et c'est en
fait l'athéisme radical qui paraît aujourd'hui daté, et qui a cessé d'apparaître comme une position intellectuelle
avancée : l'influence notamment de l'anthropologie, qui montre dans le fait religieux une des formes les plus
universelles de la culture, a souvent conduit à sa relégitimation intellectuelle même par ceux qui se déclarent
personnellement incroyants.
Ce dont on a d'abord pris conscience, c'est de l'erreur qu'il y avait à traiter la foi religieuse comme une sorte de
concurrente maladroite de la science : s'il est illégitime de la considérer comme une illusion, c'est qu'elle ne se veut
pas une connaissance du monde tel qu'il est.
Il est plus pertinent de voir en elle une façon de structurer activement
la vie humaine et de l'arracher au non-sens : cela à la fois par la pratique de certaines rites, et par l'adhésion à des
dogmes et des mythes visant à exprimer et à affirmer, dans un langage symbolique, une certaine conception de la
vocation spirituelle de l'être humain et du sens de sa destinée –sens dont aucun discours cognitif ne peut et ne
veut par principe parler.
Quelle est cette conception ? Au coeur de toute conscience religieuse, on retrouve,
semble-t-il, un certain nombre de convictions communes : celle que l'homme est d'abord un être éthique, confronté
à des devoirs qu'il ne peut modifier à sa guise, et qui renvoient donc à une loi absolue et indépendante de lui ; celle
qu'il est un être fini, voué à la souffrance et à la mort, que la recherche exclusive du bonheur terrestre condamne
donc nécessairement au désespoir ; celle qu'il est aussi un être faillible, capable de l'erreur et du mal, qui plutôt que
de s'enorgueillir de lui-même doit s'efforcer dans l'humilité de se perfectionner et de se purifier ; celle du coup qu'il
ne peut atteindre la sérénité qu'en se décentrant, en reconnaissant sa totale dépendance par rapport à une réalité
qui le dépasse infiniment, en éprouvant de l'émerveillement et de la gratitude devant le fait que la vie lui soit
donnée, en cherchant à accepter l'ordre du monde et à s'y adapter au lieu de le dominer; celle enfin qu'il n'est pas
de vie existentiellement lucide qui ne soit fondée sur la conscience de la différence entre le relatif et l'absolu, entre.
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