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Le progrès des connaissances scientifiques peut-il menacer l'existence des religions ?

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« INTRODUCTION Les querelles entre la parole scientifique et la parole religieuse sont fréquentes dans l'histoire.

Récemment encore, on a vu aux Etats-Unis que des établissements scolaires refusent d'enseigner la théorie biologique de l'évolution en fonction de motifs religieux ; la théorie selon laquelle l'homme descend du singe s'accorde mal avec l'idée selon laquelle Adam et Eve sont les premiers êtres humains. En contredisant les vérités établies par la religion, les connaissances scientifiques ne menacent-elles pas l'existence des religions ? L'exemple introductif nous montre à la fois qu'il y a en effet une menace, puisque les discours scientifiques et religieux sont sur ce point-là concurrents, et à la fois que la religion résiste au discours scientifique, puisque semble-t-il, certains refusent encore d'adhérer à un discours scientifique. La science est une connaissance qui repose sur des démonstrations rationnelles et objectives.

A l'opposé, la religion concerne plutôt la croyance, et la foi suppose une adhésion plutôt subjective.

En quoi les progrès de l'une menacerait-elle les fondements de l'autre ? On l'a vu : parfois les discours sont concurrents. Par ailleurs, qu'est-ce qui « progresse » dans la science ? S'agit-il de l'étendue des connaissances, de la justification des connaissances ? Peut-être que progressant, la science est de mieux en mieux armée pour invalider les discours de la religion et menacer son existence. Mais la religion se réduit-elle à une explication du monde, de la nature ? N'y a-t-il pas des domaines où s'applique la religion et où la science n'a rien à dire ? A moins que ces domaines-là puissent finir par être menacés justement parce que la science progresse, et conquit toujours de nouveaux territoires ? En définitive, pour savoir quels sont les terrains d'action de la science et de la religion, puis pour saisir les potentielles menaces exercées par le progrès scientifique sur l'existence de la religion, il convient d'interroger non seulement les questions auxquelles chacune répond ou pas, mais aussi d'interroger les méthodes mises en oeuvres par les discours scientifique et religieux. PREMIÈRE PARTIE : La religion menacée par la science. On peut prendre l'exemple célèbre de la controverse qui a opposé Copernic, puis Galilée, aux dogmes religieux de leur époque.

Les deux scientifiques défendaient la thèse de l'héliocentrisme (selon laquelle c'est la Terre qui tourne autour du soleil, qui est au centre) contre celle du géocentrisme (selon laquelle la Terre est au centre, tandis que le soleil tourne autour). Galilée a été condamné en 1633 par le Pape Urbain VIII à la prison à vie pour avoir soutenu la thèse héliocentrique. Le refus de l'héliocentrisme était entre autre motivé par le fait qu'il est écrit dans la Bible qu'à un moment le soleil a « arrêté sa course ».

Or si c'est le soleil qui est au centre, et la Terre qui tourne autour, cela contredit donc ce qui est écrit dans la Bible. Voici un extrait d'un manuscrit de Galilée qui permettra de comprendre l'enjeu de cette première partie : GALILEE, Manuscrit rédigé en 1615. « Il faut encore faire attention que lorsqu'on traite de la mobilité ou du repos de la Terre et du Soleil, on se trouve devant un dilemme de propositions contradictoires, dont l'une est nécessairement vraie.

[...] Si donc l'immobilité de la Terre et le mouvement du soleil sont vrais dans les faits, et la position contraire absurde, comment soutenir raisonnablement que la position erronée s'accorde mieux avec les apparences perceptibles, pour le mouvement et la position des étoiles, que la position vraie ? » Ce que montre Galilée dans ce manuscrit, c'est que le point de vue qu'il défend (l'héliocentrisme) explique mieux les phénomènes visibles.

Peut-on soutenir une position (celle de la religion) qui explique moins bien les phénomènes ? Cela apparaît « absurde », effectivement.

La primauté va à la théorie qui explique mieux les phénomènes. Que l'on se serve de cet exemple ou non, l'essentiel est d'expliquer deux choses : - Premièrement, il y a des terrains où les discours scientifiques et religieux s'affrontent.

La religion apporte un savoir sur le monde qui est susceptible d'être contredit par la science en perpétuelle progression - Ensuite, on peut montrer que l'avantage de la science est qu'elle peut établir des preuves de ses connaissances.

Une connaissance scientifique doit toujours être validée par les faits observés. On n'est pas obligé de développer l'exemple de l'opposition entre le géocentrisme et l'héliocentrisme.

L'essentiel reste toutefois de constater qu'il y a des terrains où les discours religieux et scientifique s'affrontent, et qu'en outre le discours scientifique semble mieux armé que le discours religieux pour répondre à certaines questions.. »

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