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Pourquoi l'homme ne peut-il pas vivre sans technique ?

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« APPROCHE: L'homme pourrait-il renoncer à la technique ? Pourquoi ? Serait-il possible de souhaiter, par exemple, un " retour à la nature " ? Mais même si la technique apparaît comme indispensable à notre évolution et sans doute tout simplement à notre survie, peut-on tout accepter de la technique ? Faut-il la laisser se développer sans contrôle ? INTRODUCTION: La technique, qui vient du mot grec technê signifant « art », « habilité » ou même littéralement « technique », désigne ce savoir-faire qui, une fois mis en œuvre, permet d'obtenir un résultat déterminé. Contrairement à la création artistique, qui relève elle aussi d'un savoir-faire mais dont la finalité esthétique est désintéressée, la création technique suppose un résultat visant l'utilité, l'efficacité : ce qui est créé doit servir à quelque chose, ce pourquoi il a été créé. La question est alors de savoir dans quelle mesure cette capacité technique à créer des objets qui vont lui servir, d'une part, et la maîtrise de ce savoir-faire, d'autre part, sont indispensables à l'homme.

Même plus, la question qui nous est ici soumise semble présupposer que l'absence de technique ne permettrait pas à l'homme de vivre.

Comment pouvons-nous l'affirmer ? 1- Nous montrerons tout d'abord que la mise au point progressive de techniques, à travers les millénaires, a bien été la condition nécessaire à la survie de l'homme dans la nature. 2- En allant plus loin, on peut même voir dans le perfectionnement de la technique la raison du progrès des sociétés humaines actuelles, au point qu'à présent, personne ne puisse plus s'en passer, ce qui n'est pas sans une certaine ambivalence. 3- Mais, pourtant, si l'homme ne peut vivre sans technique, peut-on réellement affirmer que ces effets lui sont seulement bénéfiques ? Rien n'est moins sûr. 1- Une technique nécessaire à l'évolution de l'homme et à sa survie Plongé dès l'origine dans un univers naturel hostile peuplé de danger, l'homme a dû mettre au point des techniques pour survivre.

En effet, si on le juge à ses capacités physiques intrinsèques, l'homme n'est pas, loin s'en faut, l'animal le mieux doté de la nature pour résister aux intempéries, porter de lourdes charges sur de longues distances, se déplacer rapidement sur terre et encore moins dans l'eau ou dans les airs, etc. Pourtant, contrairement à de nombreuses espèces qui y ont évolué sans beaucoup progresser, l'homme, au fil des siècles, n'a pas cessé d'améliorer sa qualité de vie tout en réussissant à se mettre à l'abri de la plupart des dangers.

Une part importante du succès de cette adaptation revient à ce que l'on appelle la technique.

Pour un spécialiste de la préhistoire comme Leroi-Gourhan (Le geste et la parole), l'aptitude à l'activité technique, étroitement dépendante de l'intelligence, est d'ailleurs un critère essentiel d'humanité.

On le comprend aisément avec l'exemple de la fabrication d'outil, qui suppose qu'on se représente mentalement l'action à accomplir, que l'on imagine la forme de l'outil la mieux appropriée à ce que l'on veut en faire, mais aussi qu'on détermine le choix des matériaux, etc.

C'est de ce processus, entre autres, que la maîtrise du feu, décisive pour l'humanité, a pu naître. Ainsi peut-on dire que pour pouvoir survivre au sein de la nature, l'homme a dès le départ médiatisé sa relation avec elle en y ajoutant un troisième terme : l'outil, sorte de prolongement d'un corps incapable à lui seul d'assurer la survie de l'homme. On sait que les grands singes utilisent ce qui semble avoir une fonction comparable à l'outil dans leur activité de chasse ou de protection contre les prédateurs.

Par exemple, un chimpanzé est capable de se servir d'une branche d'arbre qu'il aura pris soin d'effeuiller préalablement pour recueillir des termites ou des fourmis au fond de leur trou.

De la même manière, un castor est capable de fabriquer ce qui ressemble à nos barrages sur les rivières... Pour Leroi-Gourhan, il y a une différence de nature et pas seulement de degré entre la capacité humaine à inventer des outils et ce qui s'apparente plutôt chez l'animal à un simple détournement d'objet: " La fabrication et l'usage du biface relèvent d'un mécanisme très différent, puisque les opérations de fabrication préexistent à l'occasion d'usage et puisque l'outil persiste en vue d'actions ultérieures.

" Le biface, c'est la pierre taillée la plus primitive que l'on connaisse en paléontologie.

Mais il révèle déjà une pensée et pas seulement un instinct.

Les opérations de fabrication préexistent à l'usage de l'objet : autrement dit, l'homme fabrique d'abord le biface dans sa tête avant de passer à l'acte avec le silex.

Par ailleurs, il y a conservation de cet outil, ce qui signifie que l'homme sait qu'il va pouvoir s'en servir ultérieurement. 2- La technique, condition du progrès de l'humanité. »

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