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Pourquoi l'amour est-il vital pour vivre ?

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« L'amour vient du latin amor, qui signifie « amour », « affection » et « vif désir ».

L'amour c'est toujours l'amour de quelqu'un ou de quelque chose : amour comme affection réciproque entre deux personnes incluant aussi bien la tendresse que l'attirance physique ; mais aussi attachement à une valeur, à un idéal, à une idée : intention – ou volonté – de s'y dévouer.

L'amour c'est donc toujours une relation entre moi et quelqu'un ou quelque chose : une relation particulière que j'entretiens avec quelque chose de particulier, une chose ou un individu. Ici la question interroge l'amour de la vie : en quoi l'amour est-il nécessaire pour vivre ? En quoi est-ce une nécessité de lier amour et vie ? En quoi l'amour est-il vital pour vivre ? Pour deux raisons : une première qui concerne la conservation de soi ; une seconde qui concerne la perpétuation de l'espèce au travers de l'union physique de deux individus, contribuant à « enfanter selon le corps », chez Platon dans le Banquet. I. L'amour nécessaire à la conservation de soi : Rousseau distingue l'amour de soi et l'amour propre : amour de soi et amour-propre désignent deux mouvements autocentrés de la sensibilité, le premier vise les conditions de la pure et simple existence, le second est relatif à l'idée que se fait l'individu de la condition d'autrui.

L'amour de soi, comparable au conatus de Hobbes ou Spinoza, est une disposition primitive de l'individu selon laquelle chacun veille à sa propre conservation : c'est donc l'effort pour exister, pour persister dans son être.

L'amour-propre, en revanche, est la dépravation sociale de l'amour de soi, sa forme sociale et perverse, ce qui élargit donc abusivement le souci de soi à toute une série de relations artificielles, par le jeu des comparaisons que produit la raison. L'amour de soi est plus que nécessaire à la conservation de soi : chacun préserve ainsi son capital vital.

L'amour de soi est le souci qu'on a de soimême, de sa propre conservation et de son bien-être.

Chez Spinoza, comme chez Hobbes ou Rousseau, l'amour de soi désigne le conatus, cet effort pour « persévérer dans l'être » qui peut prendre la forme de « l'appétit » ou du désir (lorsqu'il est accompagné de conscience) et qui définit l' « essence » de l'être (la nature véritable) de toute chose. Tandis que l'on peut identifier amour de soi et conatus dans la philosophie rousseauiste, on identifie le conatus avec la volonté chez Spinoza quand il se rapporte uniquement à l'âme.

Dans le corps simple, le conatus coïncide avec la force d'inertie qui conserve au corps le mouvement qu'il possède. L'amour comme conatus traduit ici la volonté de vouloir se conserver soi-même et donc de vouloir survivre à toutes les épreuves que l'on peut rencontrer sur sa route.

Rousseau voit donc dans l'amour de soi une passion primitive naturelle liée à l'instinct de conservation, et l'oppose donc radicalement à l'amour-propre égoïste et entretenu par la vanité sociale.

L'amour de soi poussé à l'extrême et socialisé conduit à l'amour-propre : amour excessif de soi qui nous ferme des autres et nous renferme en nous. « L'amour de soi, qui ne regarde qu'à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l'amour-propre, qui se compare, n'est jamais content et ne saurait l'être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible.

Voilà comment les passions douces et affectueuses naissent de l'amour de soi, et comment les passions haineuses et irascibles naissent de l'amour-propre.

Ainsi, ce qui rend l'homme essentiellement bon est d'avoir peu de besoins et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est d'avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l'opinion.

Sur ce principe, il est aisé de voir comment on peut diriger au bien ou au mal toutes les passions des enfants et des hommes.

Il est vrai que ne pouvant vivre toujours seuls, ils vivront difficilement toujours bons : cette difficulté même augmentera nécessairement avec leurs relations, et c'est en ceci surtout que les dangers de la société nous rendent les soins plus indispensables pour prévenir dans le coeur humain la dépravation qui naît de ses nouveaux besoins.

» Jean-Jacques ROUSSEAU, Émile, Livre quatrième. Introduction • Ce texte, extrait de l'Émile, se rapporte au thème de éducation, dans ses relations avec la genèse des passions. Le problème qu'il soulève est celui de savoir si l'éducation peut vraiment favoriser les passions naturelles et conjurer les passions négatives, nées de l'amour-propre et des besoins artificiels.

l'éducation peut-elle restaurer, sinon l'état d'innocence originel, tout au moins une certaine plénitude et harmonie ? • Quelle est idée directrice du texte ? On peut maîtriser les passions et les intégrer dans le processus éducatif si l'on comprend bien leur double origine (instinct de conservation et désir de paraître, de se comparer, etc.).

Loin de la dépravation sociale liée à l'amour-propre, un état de « pureté » s'avère possible. • On saisit, du même coup, enjeu du texte : nous faire gagner, éventuellement, une possibilité de maîtrise de l'affectivité.

Les retombées de ce pouvoir sont évidentes ; n'y gagnons-nous pas éventuellement la liberté et. »

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