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Pourquoi est-il plus difficile d'être objectif lorsqu'on étudie l'homme que lorsqu'on étudie la nature ?

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« POUR DÉMARRER Pourquoi est-il moins aisé d'accéder à l'impartialité, à des jugements valables pour tout être raisonnable, quand on prend le sujet humain comme objet d'étude et non pas l'ensemble de ce qui est donné, la réalité dans sa totalité avec ses lois ? Un sujet classique qui met l'accent sur les difficultés de fonder solidement les sciences humaines. CONSEILS PRATIQUES Attention ! précisez bien les limites de l'expression étudier l'homme » : il s'agit ici d'exclure les études de type biologique, physique, médical qui font appel a u x sciences d e la nature.

Quand on étudie l'homme, on prend c o m m e objet d e réflexion un e n s e m b l e d e conduites porteuses de sens, proches des nôtres.

Donc on projette plus ou moins ses propres normes sur autrui et ses conduites.

Au contraire, la nature est l'autre d e nous-mêmes, d e manière absolue.

On explique la nature, mais on comprend l'homme, d'où u n e compréhension souvent subjective. BIBLIOGRAPHIE DILTHEY, Le monde de l'esprit, tome 1, Aubier. SARTRE, Critique de la raison dialectique, tome 1, NRF-Gallimard. La science et l'humanité se tournent si résolument le dos que l'on a peine à croire que ces deux termes, ces deux concepts ou ces deux modes de réalité puissent se réunir dans l'expression de sciences humaines.

L'homme paraît l'apanage des écrivains, des romanciers ou des poètes ; à la rigueur, il pourrait être l'objet d'étude du Philosophe.

Mais le Savant paraît ici usurper un titre et un droit auxquels il ne saurait prétendre. Pourtant, une telle représentation est des plus erronées : les sciences de l'Homme existent, elles sont même nombreuses et seule la légitimité de leur domaine propre est concrètement débattue.

Elles ont prouvé en fait qu'elles existaient en droit.

Devant les sciences de l'objectivité, la science de l'homme fait figure de parent pauvre, dernière née d'une longue chaîne qui remonte à vingt-six siècles.

Mais la science pure est plus naturelle qu'humaine. Il s'agira donc d'expliquer, de discuter et d'apprécier le rôle scientifique des disciplines humaines. I.

- LA SCIENCE DE L'HOMME 1.

Dans l'excellent cours d e M.

Maurice Merleau-Ponty, paru au C.D.U.

en 1950 s o u s le titre « Les Sciences d e l'Homme et la Phénoménologie », on relèverait cette idée neuve et féconde, sauf à être contestable, que la Phénoménologie finira par englober toutes les autres disciplines humaines. 2.

La science de l'homme est une science, c'est une « recherche progressive d'un ordre universel général et nécessaire au moyen de la mesure ».

Si les instruments sont limités, les lois n'en existent pas moins. Elle est une connaissance approchée. 3.

La science d e l' ho m me est un e n s e m b l e d e notions systématisées, m a i s cet ensemble de connaissances est finalisé vers un dépassement d e l'homme et d e la science par un courant métaphysique.

La science de l'homme doit être humaine. II.

— SCIENCE DE L'HOMME ET SCIENCE DE LA NATURE 1.

Les sciences naturelles sont fondées sur des connaissances palpables, sur des données réelles, sensibles, concrètes : l'expérience externe est s a principale source d'information.

La science humaine tire au contraire tout ce qu'elle peut savoir de la notion d'expérience interne.

Les unes sont objectives, les autres subjectives. 2.

La science d e la nature comporte une sorte d'unité fondamentale qui réside essentiellement dans l'objet qui la constitue : il s'agit d'expliquer la structure, la constitution, la formation ou le mécanisme du monde extérieur.

La méthode expérimentale est la seule méthode valable en l'occurrence.

Au contraire, la science d e l ' h o m m e ne saurait se réduire à cet objet ondoyant et divers, tantôt ici et tantôt absent dont on ne peut se représenter exactement ni le présent immédiat, ni le passé qui, dépassé, n'est plus, ni l'avenir incertain, indéterminé.

La méthode oscille entre deux procédés : celui de la biologie et celui de la statistique ; la « première personne », la « troisième » (ou la « seconde »). 3.

Enfin s'il n'est pas de science « que du général », pour parler comme Aristote, il n'est d'homme que particulier et l'on ne peut pas poser absolument q u e les sciences humaines satisfassent à cette condition.

Ainsi l'étude scientifique totale d e l 'h o mme devrait apparaître comme impossible : il ne s'agira jamais que d'esquisser des travaux d'approche, des connaissances relatives.

L'anthropologie n'est pas une science. III.

- SCIENCE DE L'HOMME ET SCIENCES HUMAINES 1.

L'homme est un tout et la science décompose : l'étude scientifique d e l ' h o m m e n e peut se faire que sur une base rigoureusement concrète et complète, synthétique et globale.

En elles-mêmes, les sciences morales n'ont aucune unité.

Elles s'exercent à un certain nombre de travaux qui les font tendre vers l'unité. 2.

La méthode fondamentale des sciences d e l'homme est incontestablement la connaissance par compréhension directe, intuitive et sympathisante: Cf.

Bachelard(Préface à la Psychanalyse du Feu) : « Quand il s'agit d'examiner des hommes, des égaux, des frères, la sympathie doit être le fond de la méthode.

» 3.

Si l'histoire forme une science d'un caractère très douteux, car cette étude du singulier, du contingent n'est pas exclusive d'autres descriptions plus rigoureuses, la sociologie est si proche des mathématiques, la psychologie de la biologie et telles autres sciences comme la linguistique, l'économie politique ou la géographie, nous écartent de tout élément commun.

Tout ce que l'on pourrait dire d'elles, c'est que leur caractère scientifique est tout aussi douteux.

Renan disait de l'une d'elles que ce n'était pas une science mais bien « une petite science conjecturale ». CONCLUSION.

- Depuis le début de ce siècle et à la suite des travaux de Dilthey, on a pu proclamer qu'il fallait expliquer la nature, mais que l'on devait comprendre l'homme.

S'il y a bien des manières d'expliquer une machine, il est infiniment plus complexe de comprendre les délicats ressorts de l'âme. Psychologie ou histoire, ethnographie ou biographie n'aboutiront jamais au-delà d'une explication fragmentaire du réel...

Quant à cette science de l'Homme en soi, la phénoménologie et l'anthropologie se la disputent.

Pour lors ces multiples disciplines humaines ne font pas perdre de vue l'idée de l'unité absolue de la science.

La connaissance, à ce niveau, ne peut plus se contenter de la simple intelligibilité.. »

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