Aide en Philo

Pourquoi entreprend-on de démontrer ce qu'on sait déjà ?

Extrait du document

xxx ?

« La question « pourquoi » peut s'entendre de deux manières : lorsque je demande « pourquoi », je demande quelle est la cause de quelque chose, qu'elle est la raison du fait qu'elle se soit produit.

Mais je peux interroger également le but de cette chose, son but, l'objet vers quoi elle tend : je demande par exemple « Pourquoi as-tu fait ça ? » lorsque je désire connaître non ce qui a poussé mon interlocuteur à agir, mais ce qu'il a voulu obtenir.

Il ya donc un « pourquoi » causal et un « pourquoi » final. Démontrer est l'acte par lequel nous scientifique. procédons à une démonstration, c'est-à-dire, l'ac te par lequel nous prouvons la vérité d'un fait, d'une donnée C ette question pos e un problème important : dans quelle mes ure peut-on dire que l'on sait déjà quelque chose, dès lors que nous ne l'avons pas encore démontré ? Il s e peut en effet que la démonstration s oit l'unique moyen de s avoir quelque chose à proprement parler, et que ce s oit pour autant que l'on a démontré que l'on sait quelque chose. Nous nous demanderons donc si la démonstration est un redoublement du savoir ou la condition de celui-ci. I. a. On ne sait quelque chose que pour autant qu'on l'a démontré Démontrer pour lutter contre le douteux Si nous nous demandons « Pourquoi démontrer c e qu'on sait déjà ? » nous présupposons que nous savons quelque c hose, et nous interrogeons s ur la cause, ou la finalité, de la démonstration.

C ependant, il n'est pas certain que nous puissions dire justement que nous s avons quelque chose lorsque nous ne l'avons pas démontré : la démonstration apparaît au contraire comme le fondement même de la vérité.

A insi, démontrer est le moyen de lutter contre le douteux, ce que nous apprend D e s c artes dans les Méditations Métaphysiques, rejetant l'ensemble du s avoir dans la sphère du douteux, avant d'examiner comment fonder une connaissance assurée. LA VÉRITÉ ET LE DOUTE "Pour examiner la vérité il es t bes oin une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu'il se peut." Des cartes C omment puis-je savoir que ce que je pense est vrai ? Je crois détenir des preuves.

P our approcher de la vérité de l'être, une réflexion sur le savoir semble le meilleur moyen.

E n soumettant son entendement à l'expérience du doute hyperbolique, c'est-à-dire en suspendant son jugement s ur l'ensemble de ses perceptions, sur l'existence même de ses sens, Descartes es t conduit à découvrir un critère certain de la connaiss ance. b. Démontrer pour lutter contre le dogmatisme P ar ailleurs, dire que nous connaissons quelque chos e alors que nous ne l'avons pas démontré nous fait c ourir le risque de prendre pour certain un savoir qui n'est peut être que dogmatique.

P ar savoir dogmatique, nous entendons un savoir hérité, ou imposé, sans que nous ayons pris la peine de nous demander sur quel fondement nous le tenons pour vrai, c e que nous faisons néanmoins.

Nous dirons donc q u e n o u s ne savons à proprement parler une c h o s e que lorsque nous l'avons démontrée.

Il faut donc nous demander pour quelle raison, et dans quel but, nous entreprenons de démontrer ce que l'on sait déjà, c'est-à-dire, ce que nous tenons pour vrai alors que nous ignorons pour le moment si c e quelque chos e n'est pas douteux, ou le fruit du dogmatisme. II. a. Pour quelle cause démontre-t-on ce que l'on sait déjà ? Le désir de certitude, cause efficiente de la démonstration Le désir de certitude peut passer pour la cause efficiente de la démonstration de c e que nous connais sons déjà : en effet, nous démontrons pour établir des vérités qui sont certaines (mêmes si elles sont soumises à d'hypothétiques changements , elles ne laissent pas de nous permettre de nous orienter dans l'action) parce que nous ne pourrions vivre dans une incertitude permanente.

M a i s plus profondément, nous pouvons dire que la cause première de la démonstration est le dés ir de vérité qui anime l'humanité.

Nous démontrons la vérité car nous y sommes poussés par notre nature, semblable à Œdipe qui ne peut se contenter de l'ignorance et du doute et découvre son propre crime.

N ous dirons avec Kant qu'il nous faut c ultiver l'esprit des lumières, dont la maxime e s t « aude sapere », o s e penser.

E n effet, cette maxime nous invite à sans c e s s e poser la question « pourquoi » afin de lutter contre l'engourdissement de la raison, afin d'accroître la connaissanc e, et, pourquoi pas, dans une perspective positiviste, le progrès de l'humanité.

Il y a donc , à l'origine de la démonstration de ce que nous connaiss ons déjà, un besoin métaphysique de vérité b. La suspicion d'un changement dans l'ordre du monde M ais nous pouvons distinguer une autre raison pour expliquer pourquoi nous entreprenons de démontrer c e q u e n o u s s avons déjà : parce que nous soupç onnons le monde d'avoir changé, et voulons nous assurer de la permanence de nos connaissances.

Il se peut toujours que l'ordre de la nature que nous tenons pour permanent se modifie en fonction de causes dont nous n'avons pas pénétré les mys tères : démontrer c e que nous savons déjà revient à le mettre en cause comme savoir et à nous efforce de le fonder à nouveau c omme tel. III. a. Dans quel but démontre-t-on ce que l'on sait déjà ? Démontrer ce que l'on sait déjà pour le faire partager avec autrui C ependant, la question « pourquoi démontrer ce que l'on s ait déjà ? » a également un sens final : pourquoi démontrer, c'est-à-dire dans quel but, pour quoi ? A cette question, nous répondrons en disant que la démonstration nous permet d'établir une vérité durable et reproductible, une vérité accessible à tous.

En effet, le propre d'une démons tration est de pouvoir être reproduite par tout un c hacun : pensons au théorème de Thalès, qui établit une vérité que nous pouvons tous nous approprier.

O n démontre donc ce que l'on sait déjà pour établir et faire partager une vérité. b. Le pouvoir supérieur de la démonstration sur la persuasion et la conviction Enfin, il faut bien voir en quoi l'acte de démontrer est distinct d'actes voisins, par exemple, de l'acte visant à convainc re ou persuader.

C onvaincre, c'est faire en sorte d'emporter l'adhésion de quelqu'un en faisant appel à sa raison, certes , mais également d'arguments d'autorité ou de mensonge : le but de l'acte de c onvaincre est de rallier l'autre à son propre avis, plutôt que de lui faire partager une vérité.

Dans la persuasion, nous pouvons faire appel à des arguments spécieux, le but est également d'avoir une action sur autrui plutôt que d'établir une vérité.

En revanche, quand nous démontrons quelque chose, c'est à la seule rais on de l'autre que l'on fait appel.

P ourquoi démontrer ce que l'on s ait déjà ? P our faire appel à la raison d'autrui, et le rallier à la vérité plutôt qu'au mensonge. Conclusion Le sujet pose le problème de la fondation du savoir : dans la mesure où la démonstration est le fondement du savoir, nous ne pouvons dire que nous s avons quelque c hose lorsque nous ne l'avons pas démontré.

Savoir déjà quelque c hose sans l'avoir démontré revient à savoir inadéquatement, à croire que l'on sait.

P ar conséquent, nous entreprenons de démontrer ce que nous savons déjà lorsque nous obéissons à un besoin métaphysique de vérité ou à la crainte d'un changement dans l'ordre du monde.

M ais nous entreprenons de démontrer c e que nous savons déjà dans un but altruiste : pour faire partager notre savoir, en tant que la démons tration es t le meilleur moyen de c ette fin.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles