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L'expérience peut-elle démontrer quelque chose ?

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S'il est vrai que tout ce qui est acquis par simple expérience, en fait par habitude passive, risque toujours d'être dénoncé comme insuffisant par ce qu'une situation peut offrir d'imprévu, ce qui se présente comme résultant d'expériences scientifiquement menées semble établi de façon sûre.  Problématique: Faut-il en conséquence admettre qu'une loi expérimentale doit être reconnue comme démontrée? La démonstration, telle qu'elle est menée dans les disciplines formelles, renvoie à une nécessité d'origine strictement rationnelle qui est différente de la causalité, ou même du déterminisme de la nature. En sorte que la portée démonstrative d'un expérience scientifique pourrait concerner davantage la démarche de l'esprit que le résultat de l'expérience.

  • I. La démonstration révèle une nécessité strictement rationnelle.
  • II. L'expérience prend au contraire le "réel" en considération.
  • III. Si l'expérience démontre quelque chose, ce ne peut donc être qu'à propos de l'esprit.

« Demande d'échange de corrigé de Boos léa ([email protected]). Sujet déposé : L'expérience peut-elle démontrer quelque chose? S'il est vrai que tout ce qui est acquis par simple expérience, en fait par habitude passive, risque toujours d'être dénoncé comme insuffisant par ce qu'une situation peut offrir d'imprévu, ce qui se présente comme résultant d'expériences scientifiquement menées semble établi de façon sûre. Problématique: Faut-il en conséquence admettre qu'une loi expérimentale doit être reconnue comme démontrée? La démonstration, telle qu'elle est menée dans les disciplines formelles, renvoie à une nécessité d'origine strictement rationnelle qui est différente de la causalité, ou même du déterminisme de la nature.

En sorte que la portée démonstrative d'un expérience scientifique pourrait concerner davantage la démarche de l'esprit que le résultat de l'expérience. I.

La démonstration révèle une nécessité strictement rationnelle. A.

Le syllogisme vaut par sa forme, et non par son contenu. Chez Aristote, c'est l'enchaînement logique qui fait la vérité du syllogisme, indépendamment du contenu empirique des propositions ( donnez l'exemple d'un syllogisme vrai, mais empiriquement absurde) B.

La nécessité logique provient de décisions de l'esprit lui-même. tout système logique ( ou mathématique) repose sur un certain nombre d'axiomes ( indémontrables, mais nécessaire, cf Pascal) qui sont formulés par la seule raison ( l'esprit humain), sans aucun souci du "réel". C.

Démontrer exige le respect des définitions et des principes posés par l'esprit lui-même. Une démonstration mathématique ne fait que reformuler autrement ce qui était implicite dans les points de départ: tautologie et invention y deviennent synonymes.

C'est cette rigueur qui a pu fasciner les philosophes ( Descartes, en conséquence méfiant à l'égard de l'expérience, ou Spinoza procédant more geometrico dans L'Ethique.

) II.

L'expérience prend au contraire le "réel" en considération. A.

Sa mise au point est un progrès historique. Russell: " L'esprit humain a progressé lorsqu'il s'est délivré d'Aristote", c'est à dire lorsqu'il est passé d'une démarche déductible ( démonstrative ) à une démarche inductive ( expérimentale ), à partir de Galilée. B.

L'expérience permet en effet d'établir des lois fiables. Résumer l'analyse, par Claude Bernard, des quatre moments du raisonnement expérimental: observation, hypothèse, expérience, induction, en soulignant que l'expérience elle-même ( comme montage) est incluse dans un raisonnement. C.

Mais les lois expérimentales sont par définitions révisables. Leur formulation dépend en effet des conditions historiques du savoir ( capacités techniques d'observation, connaisances déjà acquises, possibilités de financement des laboratoires et des montages expérimentaux, etc..) On peut alors se ranger au jugement de Popper: il n'y a pas des lois définitivement "vraies" ( importance de la falsifiabilité). III.

Si l'expérience démontre quelque chose, ce ne peut donc être qu'à propos de l'esprit. A.

L'expérience valide l'ensemble d'un raisonnement. Ce à quoi l'expérience donne son accord, c'est au raisonnement qui, à partir de ce qui a pu être observé, a construit une hypothèse et un montage pour la vérité. B.

Mais elle ne peut en garantir la vérité durable. Cela ne signifie aucunement que la loi ainsi établie soit définitive, pas davantage que le même raisonnement serait valide en d'autres circonstances ( d'observation, de capacités techniques) historiques. C.

Cette " démonstration" ne peut donc être complète. Une véritable démonstration est indépendante du moment de sa mise au point: la démonstration d'un théorème euclidien est toujours vraie ( dans le système euclidien, bien entendu).

C'est précisément parce que le raisonnement expérimental est lié à l'univers empirique, qu'il est "daté". Conclusion: On constate que les sciences, encore dites " expérimentales" comme la physique, deviennent de plus en plus théoriques, ainsi que la rappelle Bachelard.

Cela signifie au moins que l'expérience y est désormais postérieur à des raisonnements mathématiques dont elle ne fait que vérifier la pertinences relativement au "réel".

Or, même si cette vérification expérimentale n'avait pas lieu ( si elle était indéfiniment différée, pour des raisons techniques et financières), cela n'ôterait rien à la vérité du calcul ( mathématique).

C'est donc bien lorsque "l'esprit" travaille "chez lui", dans son domaine purement rationnel, que démontrer garde son sens complet: en elle-même, l'expérience, même la plus rigoureusement scientifique, reste extérieur à ce domaine. Sujet désiré en échange : Désirons nous que les choses que nous jugeons bonnes ?. »

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