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Pour quelles raisons devrait-on respecter la nature

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« 1.

La nature divinisée Il ne faut pas confondre la nature telle que l'étudient aujourd'hui les sciences de la nature (physique, chimie...) et celle dont parlaient les penseurs de l'Antiquité, par exemple les Stoïciens. a) La nature selon les Stoïciens • «Le monde, disent les Stoïciens, comprend la totalité des êtres et rien n'existe en dehors de lui.« Ce monde est «absolument parfait, de sorte qu'on peut aussi bien dire : «Le monde est Dieu, ou : «la substance de Dieu, c'est l'ensemble du monde« (dans Les Stoïciens, textes choisis par J.

Brun, P.U.F., pp.

51 à 55). • Dans cette pensée, la Nature est donc la totalité du réel, mais animée, vivante, intelligente, rationnelle, bonne, puisque parfaite.

Elle ne contient aucun hasard, elle ne peut être autre qu'elle n'est, tout en elle est nécessaire. Tout ce qui se produit est voulu par le Destin, l'ordre divin qui gouverne l'univers et que rien ne peut change r.

Voilà ce que les hommes ne parviennent pas toujours à comprendre, puisqu'ils cherchent, en vain, à changer l'ordre des choses au lieu de s'inscrire comme il convient dans la Nature. b) Le respect de la nature • Comme le dit Épictète, certaines choses dépendent de nous, d'autres n'en dépendent pas.

La Nature, ou Dieu, ou le Destin (ces mots sont ici synonymes) déterminent la nature de l'homme et chaque homme, donc les rôles qu'ils joueront fatalement au cours de leur existence.

Rien de cela ne dépend de nous.

En revanche, dépendent de nous «nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinaisons, nos aversions« (Manuel, I, ibid., p. 114). • Cela signifie que la Nature a donné à l'homme la capacité de comprendre et d'accepter en pleine conscience l'ordre divin de la Nature, comme le sage, DU de le refuser et d'en souffrir sans pouvoir réellement le changer, comme l'insensé.

` • D'où Épictète : «Dieu [ou la Nature] est l'auteur de chaque animal, fait l'un pour être mangé, l'autre pour servir au labourage [...].

Mais il a mis l'homme dans le monde pour l'y contempler ainsi que ses oeuvres, et non seulement pour les contempler mais encore pour les expliquer.

Aussi est-il honteux pour l'homme de commencer de s'arrêter où commence et où s'arrête la brute, ou plutôt il doit commencer au même point, mais ne s'arrêter qu'où s'arrête notre nature elle-même : or elle s'arrête à la contemplation, à l'intelligence, à l'accord de notre conduite avec la nature générale« (Entretiens, I, V, 18-21, dans J.

Moreau, Épictète, Seghers, p.

105). • Par conséquent, on doit dire que pour les Stoïciens, le respect de la Nature est l'attitude sage par excellence.

Il convient de reconnaître qu'elle est la valeur suprême et de s'incliner devant elle, c'est-à-dire de comprendre sa nécessité rationnelle et de se déterminer à suivre l'ordre qu'elle impose fatalement.

il est insensé de chercher à dominer ce qui domine.

Notre raison, qui est une partie de la Raison du monde, notre intelligence, partie de l'Intelligence divine, nous conduisent à prendre conscience que la Nature tout entière est en quelque sorte sacrée. REMARQUE On trouverait des thèmes analogues dans plusieurs philosophies de l'Antiquité.

Ainsi, chez Platon : – La Nature est fondamentalement Cosmos, Tout ordonné, hiérarchisé, à l'intérieur duquel chaque être a une place déterminée qui convient à sa nature. – Dire, comme le sophiste Protagoras, que «l'homme est la mesure de toutes choses», c'est, selon Platon, tout mettre sens dessus dessous, attribuer à l'homme une place démesurée, exorbitante, injuste. – La véritable justice consiste à reconnaître que c'est le Cosmos qui doit mesurer l'homme.

Inviter l'homme à s'intégrer dans l'Ordre générale du Cosmos qui le dépasse, c'est encore poser qu'il doit respecter la Nature comme l'harmonie suprême du Tout. • La pensée judéo-chrétienne, à la différence des philosophies platonicienne ou stoïcienne, pose une séparation essentielle entre Dieu et la nature.

Celle-ci est alors considérée comme une création.

Dieu, lui-même incréé, l'a produite à partir de rien (ex nihilo).

Elle dépend d'un être surnaturel.

Ce qu'il faut par conséquent respecter, c'est d'abord l'Être transcendant, Dieu, qui dépasse les autres êtres plutôt que la nature ou les êtres qui appartiennent à la nature. • Dans la mesure où le sacré est ainsi considéré comme radicalement extérieur à la nature, cette dernière n'a plus à être respectée.

Il devient donc possible de l'étudier pour mieux l'utiliser, de la connaître pour la mettre au service de nos fins.

C'est ce qui paraît s'accomplir à partir du début du XVIIe siècle, avec l'apparition des sciences expérimentales. 2.

La nature, objet de la connaissance scientifique a) La pensée scientifique de l'univers • Le développement de la pensée scientifique au début du XVIIe siècle a très vite ruiné l'idée antique d'une Naturemodèle, aux proportions harmonieuses, que l'homme devait respecter en trouvant sa place en elle.. »

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