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Pour ou contre la technique ?

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« Vocabulaire: TECHNIQUE Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.

La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas.

La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir. Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées. Depuis le XVIIIe siècle, qui fut le temps des Encyclopédistes, de Rousseau et de la révolution industrielle, la technique a été tantôt exaltée tantôt vilipendée.

S'affrontent les deux modèles antinomiques de l'enfer et du paradis.

Le débat est encore actuel. La légende noire de la technique Dans la Genèse, Dieu préfère les offrandes d'Abel le pasteur à celles de Caïn le cultivateur : on peut lire dans cet épisode une condamnation de la technique.

Laquelle pousse les hommes au péché d'orgueil, comme on va le voir avec l'histoire de la tour de Babel.

L'orgueil, théologiquement, a un sens fort : il consiste dans le désir d'égaler Dieu. La technique, en effet, est fille de la volonté de puissance ; et il n'est pas de puissance exercée sans violence. Violence double : contre le milieu naturel, l'homme se comporte en prédateur (il rase les forêts, extermine les animaux sauvages, etc.), contre le milieu humain, l'homme se comporte en bandit (sans la technique, pas de guerre mondiale ni de camp de concentration). La technique, ainsi que l'avait décelé Rousseau, est créatrice d'inégalités.

Elle discrimine de fait ceux qui possèdent les machines et ceux qui ne les possèdent pas, ceux qui savent s'en servir et ceux qui ne savent pas s'en servir.

Si les inégalités tendent aujourd'hui à croître dans le monde, cela est en grande partie dû aux nouvelles techniques (l'informatique induit des transferts énormes de richesses et met au chômage des millions d'hommes). La technique menace les libertés en enfermant la vie humaine dans des réseaux de plus en plus serrés.

Désormais les actes laissent une trace : dans aucune dictature du passé, le contrôle et la surveillance des citoyens n'ont été poussés aussi loin (on sait ce que tel dépense, regarde à la télévision, où il va, etc.). La technique ne bouleverse pas seulement nos modes de vie — elle détermine jusqu'à nos 'manières de penser, de croire et d'espérer.

Elle est, par nature, impérialiste, s'introduisant entre les fibres les plus serrées de nos existences.

La voiture, la télévision, l'ordinateur ne sont plus de simples moyens : ils dessinent le cadre de notre vie en même temps qu'ils le remplissent.

Partout la technique a imposé ses valeurs : la vitesse, la performance, l'utilité, l'efficacité...

Spontanément, on les jugera partout bonnes, sans critique. La légende dorée de la technique C'est grâce à la technique que l'homme a pu vaincre la millénaire fatalité qui pesait sur lui : la famine. En remplaçant la pénurie par l'abondance, la technique crée le bonheur, donc fait le bien.

Des Encyclopédistes à Victor Hugo, il y a cet argumentaire de l'optimisme : l'homme est méchant parce qu'il est malheureux, et malheureux parce que misérable.

Supprimons la misère, alors le bonheur se substituera au malheur, et le bien au mal.

De fait, les pays les plus corrompus, ceux qui sont déchirés par les guerres civiles, sont presque toujours les moins riches.

Or d'où vient la richesse ? Des engrais, des machines. La technique est une puissance ; or la puissance est la liberté même.

Plus un homme est puissant, plus il est libre. La voiture, la télévision, l'ordinateur nous ouvrent l'espace et le temps, le monde de la nature et celui des hommes. Les petits cercles de jadis (ceux du village, de la famille, du métier) qui enfermaient l'être humain et l'empêchaient de penser et de vivre, sont brisés.

La technique est la destination de l'homme. La technique ne supprime pas le travail.

Elle le déplace et le crée.

La très faible productivité des paysans d'autrefois est assimilable, par une économie moderne, à une activité de non-travail.

De plus, en délivrant l'être humain des tâches purement mécaniques (répétition de gestes identiques) la technique lui laisse ce qu'il y a de plus noble en lui : la pensée. Il est difficile de tirer une conclusion à partir d'arguments aussi contrastés.

Chacun, selon sa conception (ou ses préjugés) choisira de mettre l'accent sur tel facteur et de diminuer l'importance des autres.. »

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