Popper
Extrait du document
On peut dire que le principe d'une
action démocratique est l'intention de créer, de développer et de
protéger des institutions destinées à éviter la tyrannie. Il
n'implique pas qu'on puisse les rendre parfaites ou capables de
garantir que la politique adoptée par le gouvernement sera bonne,
juste, sage, ou même meilleure que celle que pourrait adopter un tyran
bienveillant [...]. Ce qui est impliqué, en revanche, est la conviction
que, dans une démocratie, l'acceptation d'une politique, même
mauvaise, tant qu'on peut s'employer à la modifier pacifiquement, est
préférable à la soumission à une tyrannie, si sage ou si bienveillante
soit-elle. Présentée ainsi, la théorie démocratique n'est pas fondée
sur l'idée que le pouvoir doit appartenir à la majorité. Elle consiste
simplement, face à la méfiance générale qu'inspire traditionnellement
la tyrannie, à considérer les diverses méthodes égalitaires de contrôle
démocratique — élections générales et gouvernement représentatif, par
exemple — comme des garanties éprouvées et raisonnablement efficaces,
mais néanmoins susceptibles d'être améliorées et même de fournir
certains moyens de cette amélioration. Popper