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Platon: L'État doit-il se conformer au droit ?

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L'Étrange. - Si après avoir édicté des lois écrites ou non écrites sur le juste et l'injuste, le beau et le laid, le bien et le mal, pour les troupeaux d'hommes qui se gouvernent dans leurs cités respectives conformément aux lois écrites, si, dis-je, celui qui a formulé ces lois avec art, ou tout autre pareil à lui se représente un jour, il lui serait interdit de les remplacer par d'autres t Est-ce qu'une telle interdiction ne paraîtrait pas réellement tout aussi ridicule dans ce cas que dans l'autre ? [...] Si un médecin qui entend bien son métier, au lieu d'user de persuasion, contraint son malade, enfant ou homme fait, ou femme, à suivre un meilleur traitement, en dépit des préceptes écrits, quel nom donnera-t-on à une telle violence ? Tout autre nom, n'est-ce pas ? que celui dont on appelle la faute contre l'art, l'erreur fatale à la santé. Et le patient ainsi traité aurait le droit de tout dire sur son cas, sauf qu'il a été soumis par les médecins qui lui ont fait violence à un traitement nuisible à sa santé et contraire à l'art. [...] Mais qu'est-ce que nous appelons erreur dans l'art politique ? N'est-ce pas la malhonnêteté, la méchanceté et l'injustice ? [...] Or, quand on a été contraint de faire contre les lois écrites et l'usage traditionnel des choses plus justes, meilleures et plus belles qu'auparavant, voyons, si l'on blâme cet usage de la force, ne sera-t-on pas toujours, à moins qu'on ne veuille se rendre absolument ridicule, autorisé à tout dire plutôt que de prétendre que les victimes de ces violences ont subi des traitements honteux, injustes, mauvais ? [...] Mais faut-il dire que la violence est juste, si son auteur est riche, et injuste s'il est pauvre ? Ne faut-il pas plutôt, lorsqu'un homme, qu'il ait ou n'ait pas persuadé les citoyens, qu'il soit riche ou qu'il soit pauvre, qu'il agisse suivant ou contre les lois écrites, fait des choses utiles, voir en cela le critère le plus sûr d'une juste administration de l'État, critère d'après lequel l'homme sage et bon administrera les affaires de ses sujets ? De même que le pilote, toujours attentif au bien du vaisseau et des matelots, sans écrire un code, mais en prenant son art pour loi, sauve ses compagnons de voyage, ainsi et de la même façon des hommes capables de gouverner d'après ce principe pourraient réaliser une constitution droite, en donnant à leur art une force supérieure à celle des lois. Enfin, quoi qu'ils fassent, les chefs sensés ne commettent pas d'erreur, tant qu'ils observent cette grande et unique règle, de dispenser toujours avec intelligence et science aux membres de l'État la justice la plus parfaite, et, tant qu'ils sont capables de les sauver et de les rendre, autant que possible, meilleurs qu'ils n'étaient.

« D'un côté, la société semble subie : les règles et coutumes sont léguées par la tradition, les sociétés antérieures, que nous n'avons pas choisies.

D'un autre côté, elle résulte de l'action humaine, elle est instituée : les lois qui organisent les affaires humaines proviennent de la décision des hommes, ce qui implique qu'ils agissent librement dans la société. Bien entendu, ce second caractère sera d'autant plus effectif que le citoyen possède la possibilité de participer au processus de décision et qu'il accède réellement à la sphère du droit.

D'autant plus que ces lois lui seront par la suite imposées par l'État. Diverses tendances conflictuelles émergent au sein de ce débat : par exemple entre les idées de liberté et d'égalité. Chacun aspire à être libre et en même temps protégé par l'État.

D'autres idées mettent au contraire l'accent sur l'intérêt commun : par exemple la fraternité.

Ces enjeux d'idéaux annoncent le passage du social au politique. Une des principales difficultés de la philosophie politique est de concevoir les rapports entre l'État et la société.

Jusqu'à quel point l'État doit-il intervenir dans les affaires humaines ? Sa fonction régulatrice et organisatrice doit-elle avoir des limites et lesquelles ? La société civile peut-elle, pour l'essentiel, s'organiser d'elle-même, l'État n'intervenant tout au plus que dans quelques domaines bien précis, telle la justice ? Doit-il, selon la thèse libérale", laisser jouer la libre concurrence, le " marché" ? Ou doit-on penser que le libre jeu des intérêts divergents et contradictoires des acteurs sociaux ne peut conduire qu'à la violence, au désordre et à l'inégalité ? Selon les périodes et les lieux, les perspectives se modifient, en accord avec les diverses visions en cours de l'être humain. C'est sur le plan de l'administration du droit et de la justice que les rapports entre l'État et la société se révèlent complexes et problématiques.

Cela tient sans doute à ce que ces domaines sont plus que d'autres un lieu de rencontre entre le privé et le public, le moral et le politique, la liberté et l'autorité, le particulier et le général. On considère que la loi et la justice sont des attributions essentielles de l'État, mais elles concernent des faits qui relèvent de la pratique privée, ou des conflits entre individus.

II est nécessaire que l'État légifère et fasse appliquer la loi, mais en même temps, la société et l'individu doivent aussi pouvoir conserver une certaine autonomie.

Nombreuses sont les possibilités de décalage entre l'État et la société.

Qui doit détenir la primauté ? Qui doit trancher ? Platon: L'Étrange.

- Si après avoir édicté des lois écrites ou non écrites sur le juste et l'injuste, le beau et le laid, le bien et le mal, pour les troupeaux d'hommes qui se gouvernent dans leurs cités respectives conformément aux lois écrites, si, dis-je, celui qui a formulé ces lois avec art, ou tout autre pareil à lui se représente un jour, il lui serait interdit de les remplacer par d'autres t Est-ce qu'une telle interdiction ne paraîtrait pas réellement tout aussi ridicule dans ce cas que dans l'autre ? [...] Si un médecin qui entend bien son métier, au lieu d'user de persuasion, contraint son malade, enfant ou homme fait, ou femme, à suivre un meilleur traitement, en dépit des préceptes écrits, quel nom donnera-t-on à une telle violence ? Tout autre nom, n'est-ce pas ? que celui dont on appelle la faute contre l'art, l'erreur fatale à la santé.

Et le patient ainsi traité aurait le droit de tout dire sur son cas, sauf qu'il a été soumis par les médecins qui lui ont fait violence à un traitement nuisible à sa santé et contraire à l'art.

[...] Mais qu'est-ce que nous appelons erreur dans l'art politique ? N'est-ce pas la malhonnêteté, la méchanceté et l'injustice ? [...] Or, quand on a été contraint de faire contre les lois écrites et l'usage traditionnel des choses plus justes, meilleures et plus belles qu'auparavant, voyons, si l'on blâme cet usage de la force, ne sera-t-on pas toujours, à moins qu'on ne veuille se rendre absolument ridicule, autorisé à tout dire plutôt que de prétendre que les victimes de ces violences ont subi des traitements honteux, injustes, mauvais ? [...] Mais faut-il dire que la violence est juste, si son auteur est riche, et injuste s'il est pauvre ? Ne faut-il pas plutôt, lorsqu'un homme, qu'il ait ou n'ait pas persuadé les citoyens, qu'il soit riche ou qu'il soit pauvre, qu'il agisse suivant ou contre les lois écrites, fait des choses utiles, voir en cela le critère le plus sûr d'une juste administration de l'État, critère d'après lequel l'homme sage et bon administrera les affaires de ses sujets ? De même que le pilote, toujours attentif au bien du vaisseau et des matelots, sans écrire un code, mais en prenant son art pour loi, sauve ses compagnons de voyage, ainsi et de la même façon des hommes capables de gouverner d'après ce principe pourraient réaliser une constitution droite, en donnant à leur art une force supérieure à celle des lois.

Enfin, quoi qu'ils fassent, les chefs sensés ne commettent pas d'erreur, tant qu'ils observent cette grande et unique règle, de dispenser toujours avec intelligence et science aux membres de l'État la justice la plus parfaite, et, tant qu'ils sont capables de les sauver et de les rendre, autant que possible, meilleurs qu'ils n'étaient. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 L'homme politique peut-il transgresser la loi ? 2 Qu'est-ce qui détermine le caractère légitime d'un acte politique ? 3 En quoi le « pilotage » nous éclaire-t-il sur l'art politique ?. »

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