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PLATON: De la nécessaire obéissance aux lois

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Les hommes doivent nécessairement établir des lois et vivre selon des lois, sous peine de ne différer en aucun point des bêtes les plus totalement sauvages. La raison en est qu'aucune nature d'homme ne naît assez douée pour à la fois savoir ce qui est le plus profitable à la vie humaine en cité et, le sachant, pouvoir toujours et vouloir toujours faire ce qui est le meilleur. La première vérité difficile à connaître est, en effet, que l'art politique véritable ne doit pas se soucier du bien particulier, mais du bien général, car le bien commun assemble, le bien particulier déchire les cités, et que bien commun et bien particulier gagnent tous les deux à ce que le premier, plutôt que le second, soit solidement assuré. PLATON

·         Il s’agit pour Platon dans cet extrait de prouver la nécessité des lois en ce qui concerne l’organisation politique de la cité. Nécessité des lois qui peut s’entendre à double titre : nécessité à la fois d’établir ces lois, mais aussi, et plus profondément de leur obéir inconditionnellement et universellement.

·         Ce double réquisit nécessaire de la loi se fonde sur une conception de la politique comme ordonnée au bien commun et non au bien particulier. Elle est donc axée sur la distinction entre individu et citoyens.

 

 

« Texte Les hommes doivent nécessairement établir des lois et vivre selon des lois, sous peine de ne différer en aucun point des bêtes les plus totalement sauvages.

La raison en est qu'aucune nature d'homme ne naît assez douée pour à la fois savoir ce qui est le plus profitable à la vie humaine en cité et, le sachant, pouvoir toujours et vouloir toujours faire ce qui est le meilleur.// La première vérité difficile à connaître est, en effet, que l'art politique véritable ne doit pas se soucier du bien particulier, mais du bien général, car le bien commun assemble, le bien particulier déchire les cités, et que bien commun et bien particulier gagnent tous les deux à ce que le premier, plutôt que le second, soit solidement assuré. Objet du texte · · Il s'agit pour Platon dans cet extrait de prouver la nécessité des lois en ce qui concerne l'organisation politique de la cité.

Nécessité des lois qui peut s'entendre à double titre : nécessité à la fois d'établir ces lois, mais aussi, et plus profondément de leur obéir inconditionnellement et universellement. Ce double réquisit nécessaire de la loi se fonde sur une conception de la politique comme ordonnée au bien commun et non au bien particulier.

Elle est donc axée sur la distinction entre individu et citoyens. Mouvements du texte - Deux mouvements dans ce court extrait, mais dense et fondamentale pour la suite de la réflexion platonicienne (puisque c'est ce qui vient fonder la suite entière de sa réflexion sur la cité et ses lois), à savoir : · · « Les hommes doivent nécessairement… » jusqu'à vouloir toujours faire ce qui est le meilleur ».

Dans ce premier moment du texte, Platon expose clairement sa thèse, à savoir la nécessité, en un double sens, des lois, et ce sous l'argument duquel ce n'est que par la loi que l'homme peut se distinguer de l'animal.

Thèse et argument qu'il va bien sûr développer, préciser. « La première vérité » jusqu'à la fin du texte.

Ce second mouvement, quant à lui, s'appuie sur la thèse développée en première partie, explicite une conception platonicienne de la politique comme orientée vers le bien commun, par opposition à l'individualité pure.

On comprend alors que le premier moment du texte sert de fondement à cette explicitation des fins de la politique : elle la conditionne de manière intrinsèque, car c'est parce que les lois sont nécessaires à double sens (et en expliquant pourquoi) que la politique peut, a fortiori, être ordonnée au bien commun.

Les deux mouvements du texte sont donc intrinsèquement, et réciproquement (de manière logique) liés. Problématique Dans quelle mesure peut-on, doit-on non seulement établir mais aussi respecter les lois de sa cité en tant qu'elle est politiquement orientée vers le bien commun, et non pas particulier ? D'où découle cette nécessité double de la loi ? Et en quoi la politique requiert cette nécessité essentielle de la loi pour s'orienter toujours vers le bien commun ? Il s'agira donc de mettre en relief la relation intrinsèque qui unit politique, bien commun, et nécessité double des lois, comme relation qui, en tant que telle, nous prémunit du danger de la guerre civile et est en cela la condition d'unité et d'unicité de la cité. Explication - PREMIER MOUVEMENT · · · · · · - La première phrase de notre extrait est purement et simplement l'exposition de la thèse générale du texte.

Platon pose donc d'emblée la nécessité des lois. Or cette nécessité est tout sauf évidente en ce sens que Platon parle ici des lois en tant qu'elles sont « instituées » (cf.

« établir des lois »).

La loi est en effet, une obligation valable pour tous.

Lorsqu'il s'agit d'une loi de la nature, il n'est évidemment pas question de s'y dérober.

Nul n'échappe, par exemple, à la loi de la pesanteur.

Cependant, lorsqu'il s'agit d'une loi voulue par l'homme, loi morale, loi politique, il en va autrement, puisqu'une telle loi est contingente (c'est-à-dire d'institution).

Pour la rendre universelle, il faut soit imposer une obligation extérieure par la force, soit obtenir que l'individu s'y soumette de lui-même.

On parlera en ce dernier cas de devoir.

Le devoir est donc l'obligation que chacun se donne à soi-même de se soumettre à une loi commune, et dès lors universelle. On comprend très bien ici que la nécessité platonicienne se place du côté du devoir et non du côté de la force.

Cette double nécessité consiste donc non seulement en un acte originaire de se donner des lois, mais plus encore à respecter nécessairement (= devoir) ces mêmes lois.

Sans quoi elles sont vaines et purement contingente : et en cela perde leur caractère même de loi (puisqu'une loi est nécessaire et universelle ou elle n'est pas). Cette double nécessité ainsi posée, Platon ajoute que sans elle, l'homme ne se distinguerait en aucune manière de l'animal.

La société concerne l'ensemble des hommes qui vivent sur un même territoire, et qui se soumettent à des lois et à des règles de vie commune.

Le problème majeur qui se pose à toute société est de rendre supportables à un "homme" qui appartient à une espèce naturelle (il est un animal), toutes sortes de contraintes liées à la coexistence. Par la société, l'homme cesse d'être sauvage, pour devenir civilisé.

Il n'empêche que ce qui définit naturellement son espèce demeure en lui et se rebelle contre les obligations et les limitations qui lui sont imposées par ses congénères.

L'homme à l'état de nature est en général défini comme un individu isolé, fier et libre, soumis seulement à la fatalité des forces physiques (la faim, le sommeil, la mort, etc.).

Il est égoïste.

Il est passionné.

L'homme à l'état social doit prendre en compte l'intérêt collectif, le bien-être de tous, ce qui ne va pas sans sacrifices de sa part.

Il doit apprendre à être désintéressé.

Il doit devenir raisonnable.

Passant des lois naturelles aux lois sociales, l'homme devient un être de droit. L'homme diffère donc de l'animal le plus sauvage en se donnant ses propres lois plutôt que dans rester à la simple loi naturelle (à laquelle cependant l'homme, même policé, est toujours soumis).

L'homme devient proprement humain en se donnant une cité régie par des lois.

Ces donc, en creux, une définition de l'homme comme être de droit qui s'esquisse ici. La nécessité de la loi (double toujours) naît donc de ce fait que l'homme, a une double nature : à la fois animal et rationnel.

En tant qu'animal, il est égoïste.

Cet égoïsme s'oppose au sens de l'universel qui caractérise la raison.

Si l'homme ne voulait pas prendre en compte sa raison, il ne serait plus qu'animal.

Or, il est rationnel par essence.

Ce n'est donc pas parce qu'il le veut bien mais parce qu'il le doit qu'il se donne à lui-même des lois, politiques ou morales. De plus, comme la raison est le principe en vertu duquel s'établit la vérité, l'homme doit se donner les moyens de penser la politique, non pas de façon empirique, mais idéale, en fonction de ce qui doit être.

Du point de vue de la raison, il n'y a qu'une seule politique vraie.

En d'autres termes, la politique ne saurait être livrée aux passions.

Il faut donc la loi (côté rationnel de l'homme) pour que l'homme obéissent non par volonté (côté animal de l'homme qui rendrait l'obéissance à la loi contingente) mais par devoir. DEUXIEME MOUVEMENT · · · · · Force est de constater en ce sens que c'est, a fortiori, une définition de la politique qui s'engage ici.

En effet, si la nécessité de la loi est ce qui tend à garantir à l'homme sa part rationnelle, c'est-à-dire sa condition d'être de droit, par opposition à son égoïsme naturel : alors la politique devra être conçu en vue du bien commun et non du bien particulier, ou encore du point de vue du citoyen et non pas de l'individu. Il faut ainsi distinguer, dans la cité, l'individu privé et le citoyen.

En tant qu'individu privé, je n'engage que moi.

En tant que citoyen, j'engage toute la cité dans chacun de mes actes.

Le citoyen est responsable.

Si je suis agriculteur, par exemple, mes productions me nourrissent moi, mais aussi tous ceux qui en ont besoin et qui produisent de leur côté autre chose dont j'ai besoin, moi.

La cité est ainsi constituée de l'interrelation de tous les besoins entre eux. C'est en cela qu'il faut entendre que le bien commun assemble, parce qu'il est replacé dans la perspective de la cité dans son ensemble, comme entité, alors que l'intérêt particulier divise.

Puisqu'il ne peut y avoir jamais qu'un agrégat d'intérêt particulier dont la somme ne donneront pas une cité à proprement parler, puisqu'elle ne conduirait, au contraire, qu'au déchirement des individus entre eux et au nom de leurs intérêts privés. Or, il est vrai que l'on ne peut pas nier l'intérêt privé, comme on ne peut pas nier la part d'animalité en nous.

Cependant, on peut, de manière conjointe, ordonnée notre part d'animalité à notre part d'être rationnelle, et ordonnée noter bien particulier à l'intérêt commun.

Il s'agit alors de fonder la cité sur le bien commun et non pas sur le bien particulier, qui reste, non pas nier, mais conditionner par le bien commun.

Car en effet, si la cité se définit dans l'interrelation de tous les besoins entre eux, alors l'intérêt commun sera apte à assouvir (en l'ordonnant) l'intérêt privé. L'art politique, c ' e s t-à-dire l'ac tion politique dans c e qu'elle doit repos er s ur une part de c o n n a i s s a n c e s pratiques rais o n n a b l e s , doit avoir pour objet l'intérêt c o m m u n , c ' e s t-à-dire doit vis er l'homme c o m m e c itoyen (c ' e s t-à-dire partie d'un tout dont la s o m m e n ' e s t pas réduc tible aux intérêts privés ) et non pas s i m p l e m e n t c o m m e i n d i v i d u .

L a v é r i t a b l e c o m p é t e n c e politique fondée s ur la double néc e s s ité des lois , c omprend qu'elle doit agir en vue de l'intérêt c o m m u n e t d C ' e s t donc la garantie du bien c ommun, qui à s on tour fera profiter de s a s olidité au bien privé.

Parc e que s i au c ontraire, le bien privé ordonnait le bien c ommun, alors auc u n d e s deux ne s auraient être s o l i d e m e n t a s s uré, puis qu'il y aurait guerre de c h a c un c ontre c h a c un (en tant qu'individu) et donc d e s truc tion de la c ité de l'intérieure. Conclusion ® Platon fait ic i l ' é p r e u v e d e l a n é c e s s ité des lois en tant qu'ins tituée mais aus s i en tant que res p e c ter.

Ces d o n c la loi et s o n n é c e s s aire ac c eptation inc onditionnée qui fait ac tualis e l ' h u m a n i t é d e l ' h o m m e , n o n p l u s c o m m e s i m p l e ê t r e a n i m a l é g o ï s te c onduit par s e s pas s i o n s , mais c omme être de droit c onduit par la rais on. ® En c e s e n s , le véritable art politique c o n s i s te à as s urer s o l i d e m e n t l e b i e n c ommun, et à ordonner à c e dernier le bien privé, et non pas le c ontraire, au ris que, s inon, d'une auto-des truc tion de la c ité. PLATON.

Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.

J.-C., mort à Athènes en 347 av.

J.-C. Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève de l'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement pour la musique et les mathématiques.

Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399, date de la mort du maître.

Platon se rendit alors à Mégare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages en Égypte et en Italie du Sud.

Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire accepter ses théories politiques.

Le tyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine.

Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.

Rentré à Athènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'Académos ; ce fut l'origine de l'Académie.

Il se rendit encore en Sicile auprès de Denys le jeune, mais aussi sans succès.

Il mourut octogénaire, à Athènes, désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'Académie. Toutes les oeuvres de Platon sont des dialogues.

Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes apocryphes s'y sont ajoutés.

— C'est sous l'influence de Socrate que Platon conçut son système philosophique, premier système spiritualiste complet, qui fait du philosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.

Pour les Pythagoriciens, la raison des choses se trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de la nature ; pour les Eléates, elle était une unité abstraite.

Platon fut le premier à poser un principe intelligent comme raison des choses.

— La méthode qu'il utilise dans ses dialogues est la dialectique.

Platon remonte à l'idée.

Il procède par élimination des dissemblances, et ne considère que les ressemblances, dont l'origine est commune.

Les ressemblances, qui font qu'un groupe d'individus peuvent être trouvés beaux, participent d'une beauté pré-existante, et inconditionnée.

La dialectique opère de même pour les autres notions.

Platon dégage, par ce moyen, l'Idée de la beauté.

Le point le plus important de la philosophie platonicienne est précisément la théorie des Idées.

Les phénomènes, « ombres passagères », ne renferment pas la vérité.

Il faut dégager l'intuition de la beauté de la jouissance des belles choses.

Dégager de chaque groupe d'individus le type éternel et pur, d'après lequel ils sont faits.

Les Idées, ainsi dégagées, forment une hiérarchie, dont le sommet est occupé par l'Idée de Bien.

Celle-ci est le soleil du monde intelligible, elle donne vie et lumière à toutes choses.

L'Idée de Bien est le principe de l'être et de l'intelligence ; elle est assimilée par Platon à Dieu même.

— L'homme connaît les Idées en vertu de la théorie pythagoricienne de la « réminiscence».

Savoir quelque chose, c'est se re-souvenir de ce que l'on a contemplé dans une vie antérieure.

L'amour, le « délire d'amour » s'explique lorsque nous retrouvons devant nous une beauté dont nous nous souvenons, et qui nous trouble.

— Avant la naissance, l'âme humaine parcourt la voûte du ciel, montée sur un char d'où elle contemple le monde des Idées.

Lors de la naissance, elle tombe dans le corps, où elle est emprisonnée.

Elle s'y divise et s'y répartit, dans la tête, dans la poitrine, dans le ventre.

Après la mort, l'âme injuste est châtiée.

L'âme juste, sur les ailes de l'amour, remontera jusqu'au principe de son bien.

La morale platonicienne consiste à ressembler à Dieu.

Il vaut donc mieux subir l'injustice que la commettre, et, si on l'a commise, il vaut mieux expier que ne pas expier.

— Platon a abordé le problème politique.

Il s'élève contre la position inférieure de la femme grecque.

Dans la république qu'il conçoit, la cité est un ensemble humain, où est instituée la communauté des femmes et des enfants ; chaque génération d'adultes considère comme les siens propres les enfants de la génération immédiatement postérieure.

Les arts sont soumis au soldat, qui représente le courage.

Les poètes sont exclus de la cité.

Le gouvernement appartient aux meilleurs, qui reçoivent une éducation musicale et sportive, sont initiés à la théorie des Idées et à la notion du Bien ; en un mot, aux philosophes.

Mais Platon sait bien qu'il est impossible de « faire que ce qui est juste soit fort ».

— L'enseignement de Platon s'arrête véritablement à sa mort.

Ni la nouvelle Académie, ni l'école d'Alexandrie ne le prolongent.

Saint Augustin, la Renaissance, Malebranche, telles sont les étapes du renouveau du platonisme, mais celui-ci est alors modifié par la pensée chrétienne.

Quoi qu'il en soit, l'influence de Platon durera sans doute toujours.. »

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