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Peut-on vraiment dire n'importe quoi n'importe quand?

Extrait du document

« Utiliser une langue, c'est être capable de constituer un système de signes et de l'exprimer.

Le langage sert en général à établir un dialogue, c'est-à-dire à opérer une communication, un échange entre les hommes.

Les sophistes sont des spécialistes de rhétoriques, des maîtres dans l'art de bien parler en public.

Les sophistes se servent de techniques de discussions afin de persuader leurs auditeurs de la véracité de leurs dires.

Protagoras est un sophiste pour qui l'homme est la mesure de toutes choses.

C'est un adepte du relativisme, pour lui, il n'y a pas de vérités absolues, chaque homme énonce ses propres vérités sur le monde, chaque homme interprète le monde à sa convenance et exprime ses vérités à propos de celui-ci.

Et alors pour Protagoras nous pouvons dire n'importe quoi, n'importe quand, car quelques soit nos dires, nous exprimons une logique et des vérités qui sont propres à chacun. Mais alors si chaque homme exprime ses propres vérités qui lui sont relatives, il n'y a plus de communication, il n'y a plus de compréhension possible entre les hommes.

Et alors peut-on vraiment dire n'importe quoi, n'importe quand ? Pour Descartes, parler est le propre de l'homme, les hommes peuvent communiquer grâce au langage qui est l'expression de la pensée.

Et en ce cas nous ne pouvons pas dire n'importe quoi, n'importe quand, c'est-à-dire, nous ne pouvons pas dire quelque chose qui n'a pas de sens, qui n'est pas compréhensible, qui ne permet d'établir une communication entre les hommes. Mais pour autant le langage est-il vraiment l'expression fidèle, exacte de la pensée ? I Protagoras et le relativisme : l'homme est la mesure de toutes choses, on peut donc dire n'importe quoi n'importe quand. Pour Protagoras, de toutes les choses, la mesure est l'homme.

Cet énoncé est l'expression du relativisme que soutient Protagoras.

En ce qui concerne le langage, cela veut dire que toute affirmation faite par un homme n'aurait de signification absolue que pour cet homme.

En effet, si l'homme est la mesure de toutes choses, c'est-à-dire que toutes les choses sont sujettes à son interprétation subjective alors seul celui qui s'exprime peut véritablement comprendre ses propres dires.

Les hommes sont prisonniers de leurs subjectivités, nous ne pouvons pas savoir véritablement ce que ressent autrui, ni ce qu'il dit, c'est-à-dire ce qu'il veut signifier.

Et à ce propos, selon Protagoras, nous pouvons prétendre que tout est vrai, chacun possède sa propre vérité.

Par exemple, je peux dire « Cet homme est noir.

» en voulant exprimer l'idée de la malchance chez cet homme.

Mais autrui peut comprendre que « Cet homme est noir.

» comme exprimant la couleur de peau de cet homme.

Donc on peut dire n'importe quoi, n'importe quand puisque cela n'a pas d'importance, chacun à sa propre vérité.

Quoi que l‘on dise, il ne peut y avoir de compréhension parfaite absolue entre les hommes. Mais le problème est que si l'on peut dire n'importe quoi n'importe quand, c'est-à-dire selon Protagoras que tout est relatif à chacun, on ne peut pas communiquer, cette même vérité selon laquelle tout est relatif à chaque homme. Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote, « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».

Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.

Or, précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.

Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal." Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.

Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme nonhomme, alors il n'existe plus aucune différence entre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ».

Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » (Platon). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras, nient le principe de contradiction a donc permis la mise en. »

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