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Peut-on vivre sans Etat ?

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« On vous demande de vous interroger sur le sens et la valeur d'une pensée celle qui consiste à penser une société sans Etat.

Une société, dans un sens très général, est un regroupement d'individus, structuré par des liens de dépendance réciproque et évoluant selon des schémas réglés.

On utilise alors aussi bien le terme de société pour l'animal que pour l'homme, même si les sociétés humaines se distinguent avant tout par une grande capacité de changements et d'évolutions.

L'Etat, lui, est l'ensemble des institutions politiques, juridiques, administratives et économiques qui organisent une société sur un territoire donné.

On pourrait alors simplement penser qu'une société sans Etat risque sans cesse d'être une société qui n'est pas organisée donc une société dans laquelle règne le conflit.

Vous pouvez penser ici aux analyses de Hobbes à propos de l'état de nature, sans un Etat fort maintenant les individus en respect, ces derniers sont dans un Etat de guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun.

Pourtant, si l'Etat est ce qui nous garantit la paix et la sécurité, ne peut-il pas être aussi ce qui, par les contraintes qu'il impose, porte atteinte à la liberté.

Vous pouvez ici penser aussi bien aux analyses marxistes qu'aux analyses anarchistes.

Marx montre ainsi que l'Etat est toujours au service des intérêts de la classe dominante, il est un moyen de perpétuer la domination et l'exploitation.

Sur ce point, vous pouvez lire le dossier sur Marx sous la rubrique « Dossiers ».

Pour Bakounine et Proudhon, l'Etat est le mal absolu dévorant les forces vives et la liberté des individus.

Toutefois, il faudrait se demander si la pensée d'une société sans Etat ne rencontre pas des limites.

Vous pouvez alors analyser ces deux positions qui pensent la disparition de l'Etat et saisir quelles sont les conditions requises.

Demandez-vous alors quelle valeur donner à cette pensée. [Les hommes ont longtemps vécu en société sans pourtant connaître l'État.

Aujourd'hui, il existe encore des sociétés non-étatiques qui datent de plusieurs milliers d'années. L'État n'est pas un mal nécessaire.

On peut s'en passer.] Les premières sociétés humaines ne connaissent pas l'État On parle généralement de sociétés « primitives » pour désigner des sociétés non occidentales dont la particularité est d'être « sans État ».

Il s'agit de groupes sociaux formant unité, mais qui ne possèdent pas d'organe séparé du pouvoir politique.

Dans cette absence de « roi » et de loi, on lit généralement la marque d'un déficit, qui signale surtout, au-delà de tout ethnocentrisme, une difficulté pour notre pensée : si ces sociétés ne s'organisent pas selon la division entre dominants et dominés, comment comprendre cette logique singulière d'un chef sans autorité, d'un pouvoir impuissant, d'une institution sans substance ? L'organisation d'une société suppose-t-elle la hiérarchisation et la domination ? Les sociétés archaïques ne connaissent pas l'Etat.

A la place, des rites et des coutumes sacrées régissent la vie sociale, sans l'aide d'une police.

Beaucoup de ces sociétés ont disparu.

Mais il en reste quelques-unes, identiques à ce qu'elles étaient il y a dix mille ans.

Comme quoi les hommes n'ont pas besoin d'État pour vivre en société. Les sociétés indiennes d'Amérique du Sud sont l'exemple d'une organisation singulière du pouvoir, puisque la communauté se donne un chef, mais ce chef n'est pas un chef d'État.

dans sa fonction diplomatique et guerrière, le chef parle au nom de la communauté, et prend en charge l'affirmation de son autonomie, mais aucune décision n'est imposée ensuite au reste du groupe : il est au contraire à son service. Ce « chef » porte donc un nom paradoxal, il n'est pas comme n'importe quel ministre des Affaires étrangères. En fait, il exécute seulement la volonté explicite de la tribu, et risque d'être destitué s'il commence à « faire le chef »...

Pour résorber les conflits qui peuvent surgir, il a pour seul moyen son prestige, et l'usage exclusif de la parole, pour persuader les individus ; prestige ne signifie pas pouvoir, puisqu'il arbitre mais ne juge pas.

Il tente de persuader, mais sa parole n'a pas force de loi. Anarchisme et communisme visent l'abolition de l'État L'État est forcément répressif.

Il incarne les intérêts d'une classe dominante, aux dépens des intérêts collectifs.

La libération de l'homme et l'instauration d'une véritable justice passent par son abolition.. »

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