Peut-on vivre sans désir ?
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Peut-on vivre sans désir ?
Avoir du désir, cela n'est pas simplement avoir une attirance (sexuelle) pour quelqu'un : ce sens est dérivé de celui
originel de tendance accompagnée de conscience.
Ce qui signifie que ce que l'on désire, on le pense et on cherche
à l'atteindre.
Le désir appartient ainsi en propre à l'homme dans la mesure où il consiste précisément en un écart, au
sein de l'être humain, entre ce qu'il est et ce qu'il conçoit qu'il pourrait être ou avoir.
Un enfant peut désirer devenir
médecin, une femme avoir un enfant.
L'un et l'autre n'en ont pas besoin au sens où ils peuvent continuer à vivre
sans que leur désir soit réalisé.
Dés lors, il semble que l'on puisse vivre sans désir.
Mais est-ce bien le cas ? Le désir n'est-il pas une condition
nécessaire de la vie humaine dans la mesure où l'homme, à la différence de l'animal, pense, et agit en fonction de
ses pensées ? Si le désir est propre à l'homme en tant qu'il est homme, ce dernier peut-il continuer à vivre, c'est-àdire à agir, mais aussi tout simplement respirer, se nourrir, etc.
?
I-
Pourquoi le désir diffère du besoin ? Il s'agit tout d'abord de distinguer besoin et désir pour
saisir la nature du second.
1-
Qu'est-ce que le désir ? Il s'agit de comprendre, « naturel » ou « nécessaire » d'après la terminologie
épicurienne, est recherche du plaisir et exige donc une réflexion sur la ou les fins du désir.
Texte d'Épicure
Parmi nos désirs, les uns sont naturels et les autres vains.
Parmi les désirs naturels, il y en a qui sont nécessaires,
et d'autres dont l'objet n'est que naturel, sans être nécessaires.
Parmi les nécessaires, il y en a qui regardent notre
bonheur, d'autres la tranquillité continue du corps, d'autres enfin l'entretien de la vie.
Une théorie exacte de ces
désirs sait ce qu'il faut fuir ou rechercher pour la santé du corps et pour la paix de l'âme : deux choses qui
constituent tout notre bonheur.
Car tout ce que nous faisons dans la vie se rapporte à ces deux points : écarter la
souffrance et atteindre la tranquillité de l'âme.
Quand nous les avons atteints, il n'y a plus en nous de trouble ni
d'agitations : l'être vivant n'a rien de plus à acquérir ni à rechercher pour compléter son bien-être.
Nous ne
ressentons le besoin du plaisir que quand la privation nous cause quelque douleur.
Dès que nous ne sommes plus
remués par cette douleur, nous n'avons plus de désirs.
C'est pour cela que nous disons que le plaisir est le
commencement et la fin du bonheur de la vie : c'est le plaisir qui a été reconnu comme bien principal et conforme à
notre nature.
C'est du plaisir qu'il faut partir pour déterminer ce qu'il faut rechercher ou fuir [...].
Quoique tout plaisir
soit un bien en soi, parce qu'il convient à notre nature, il y a cependant des plaisirs qu'il faut se refuser.
De même,
quoique toute douleur soit un mal en soi, il y a cependant des douleurs qu'il faut embrasser.
C'est à la raison à
considérer la nature des choses, à peser les avantages et les inconvénients.
Épicure
2-Qu'est-ce que le besoin ? A la différence du désir, le besoin se manifeste à l'homme et à l'animal, et il
représente ce qui fonde selon Marx le « royaume de la nécessité ».
Texte de Marx
En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l'on cesse de travailler par nécessité et opportunité
imposée de l'extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de production matérielle proprement dite.
De même que l'homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se
reproduire, l'homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de la société et
le mode de la production.
Avec son développement s'étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce
que les besoins augmentent ; mais en même temps s'élargissent les forces productives pour les satisfaire.
En ce
domaine, la seule liberté possible est que l'homme social, les producteurs associés règlent rationnellement leurs
échanges avec la nature, qu'ils la contrôlent ensemble au lieu d'être dominés par sa puissance aveugle et qu'ils
accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus
conformes à leur nature humaine.
Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité.
C'est au-delà
que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne
peut s'épanouir qu'en se fondant sur l'autre royaume, sur l'autre base, celle de la nécessité.
Transition : Nous avons compris dans un premier moment que désir et besoin différaient au sens où le premier
est une activité qui, bien que pouvant être qualifiée de « nécessaire » par Epicure, exige néanmoins une réflexion
sur sa fin, la recherche du plaisir.
Ainsi, le désir, conscient, n'est pas le besoin, ce dernier se manifestant à tout
être vivant.
On pourrait alors vivre sans désir ? Ce n'est pas sûr, tout au moins pour l'homme...
II1-
Pourquoi désirer est humain ? Pourquoi le désir est propre à l'homme ?
Qu'est-ce que vivre pour un homme ? Nous devons nous demander avec Aristote si on comprend la vie de la
même manière quand on parle de vie pour une plante, et de vie humaine.
Cette distinction permet de se
rendre compte que l'homme ne peut vivre qu'en désirant, le désir étant alors compris comme activité
rationnelle et recherche du bien.
Texte d'Aristote..
»
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