Aide en Philo

Peut-on tout justifier ?

Extrait du document

« POUR DÉMARRER Un sujet difficile : d'un part, le mot « tout » confère un caractère absolu à la question ; d'autre part, « justifier » est un terme polysémique qui se réfère à des domaines très différents, aussi bien celui de l'exercice rigoureux de la raison que celui de la morale.

Est-il possible, est-il surtout légitime de donner sens et raison, mais aussi valeur morale, à toute la réalité et à tous les faits ? Telle est la question, dont l'enjeu est considérable.

Par ailleurs, ce sujet porte sur l'usage de la rhétorique car justifier, c'est aussi montrer comme vrai et juste au moyen d'arguments et de preuves.

En bref, toutes les opinions sont-elles recevables et peut-on justifier, dès lors, l'injustifiable, à partir d'arguments ou de « preuves » ? CONSEILS PRATIQUES Il faut vous attarder longuement sur les différents sens du terme justifier : expliquer quelque chose avec précision, donner une assise morale à une action, etc.

vous pourrez ensuite examiner la question posée à la lumière de ces différents sens. BIBLIOGRAPHIE Les Sophistes.

Textes choisis, PUF. LEIBNIZ, La Monadologie, paragraphes 31-32, Delagrave. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? Il faut prendre garde à la plurivocité du terme "justifier", qui signifie "rendre juste".

"Juste" renvoie à la fois à la "justesse" et à la justice. On peut donc traiter aussi bien la question de la vérité (peut-on justifier toute opinion ?) que celle de la morale (tout comportement est-il juste ?). Le mieux est de trouver un plan qui rassemble les deux perspectives.

Le terme "tout" doit faire l'objet d'une attention particulière. II - UNE DEMARCHE POSSIBLE. A - LE PRESUPPOSE RELATIVISTE. On trouve, dans la tradition sophistique, l'opinion selon laquelle toute cause peut être défendue, la bonne comme la mauvaise. Les sophistes enseignent d'ailleurs l'art oratoire, essentiellement pratiqué dans les procès et les délibérations publiques. Mais la sophistique, comme le pointe Platon, prend garde d'enraciner cette position axiologique dans une théorie de la connaissance, que l'on peut, avec François Châtelet, nommer sensualiste. Rien n'est plus juste ou moins juste, parce que d'abord rien n'est en soi vrai ou faux, aucune discussion ne peut trouver de solution définitive. En effet, tout énoncé serait un "point de vue", relatif aux sentiments et à l'état d'esprit de tel individu à tel moment. De ce point de vue, tout peut être "justifié" : ce que je fais et ce que je pense est juste du moment que je le pense et que je le fais. Et tout peut être "rendu juste" aux yeux de mon juge : il suffit de changer, par une habile rhétorique, l'état d'esprit de l'auditeur. B - L'IMPASSE DU RELATIVISME. On voit que la question ne peut être traitée sans s'interroger sur les fondements du jugement en général. Peut-on et doit-on faire usage de critères absolus du jugement ? Peut-on discriminer, dans la multitude des pensées et des actions, ce qui doit être et ce qui ne doit pas être ? Il apparaît que l'activité humaine ne peut, sans se leurrer elle-même, renoncer à rendre compte d'elle-même, c'està-dire à choisir des critères d'universalité et d'objectivité, aussi bien dans le domaine de la connaissance que dans. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles