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Peut-on soutenir que rien n'existe ?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - « Rien n'existe » : cela signifie qu'aucune chose, quelle qu'elle soit – vivante, inerte, matérielle ou non – existe. Autrement dit, dire que rien n'existe revient à affirmer que le monde se réduit à un néant, un non-être. - « Peut-on » : pose à la fois la question de la possibilité et de la légitimité. Construction de la problématique : Le terme « soutenir » indique dès le départ que le sujet considère la proposition sur laquelle nous devons réfléchir comme improbable.

Soutenir, c'est affirmer quelque chose malgré les arguments qui portent à croire en l'inverse, c'est donc tenir une position délicate qu'il convient d'argumenter. è Si il est en théorie possible de soutenir que rien n'existe, reste à savoir si cela est possible de manière logique et rationnelle. Plan : I/ La seule réalité est celle de l'esprit, le monde matériel n'existe pas : Nous sommes tous persuadés que les choses que nous voyons existent parce que nous les touchons, nous les voyons, nous leur donnons un nom… Tout nom a une signification précise, et cette signification a été forgée par l'abstraction des caractéristiques particulières d'objets qui avaient un point commun.

Mais ce n'est pas parce que nous nommons, voyons ou touchons que les choses existent réellement. C'est ce qu'explique Berkeley dans Les principes de la connaissance humaine.

Il part du principe que a matière n'existe pas, qu'elle n'est qu'une idée générale abstraite, c'est-à-dire une création forgée par notre esprit, par généralisation.

En effet, la matière est en général considérée comme un être non sentant, subsistant par soi, une substance étendue, existant hors de l'esprit.

Mais cette définition est contradictoire : avons nous déjà vu réellement de la matière, c'est-à-dire quelque chose qui serait étendu mais soit sans poids, sans couleur, sans résistance ? La matière est donc une idée générale abstraite, c'est un mot qui a été créé par l'abstraction des caractéristiques particulières, et on croit qu'il a une signification précise.

Si la matière existait, cela voudrait dire que les objets sensibles existent même lorsqu'ils ne sont pas sentis par un entendement. Or cela est impossible pour Berkeley, rien ne peut exister en dehors de l'esprit.

En effet, « exister, c'est être perçu ou percevoir ou vouloir càd agir.

» Notes philosophiques, 429.

Pour exister, une chose a besoin d'être perçue par un esprit, d'y exister comme idée.

Si les choses n'existent, ne sont, que parce que nous les percevons, alors leur être est d'être perçues.

Or, avoir la perception d'une chose, c'est avoir l'idée de cette chose, et l'idée de la chose se trouve dans mon esprit.

Les choses n'existent donc que parce qu'elles sont dans notre esprit, que parce que nous les percevons.

L'être des choses, leur réalité, n'est donc pas matérielle.

« Tous les corps qui composent l'ordre puissant du monde, ne subsistent pas hors d'un esprit, que leur être est d'être perçu ou connu.

» Partie 1, § 6. Toutes les choses qui existent, n'existent donc que dans un esprit, puisque seul l'esprit peut leur donner l'existence.

La seule réalité, est celle des l'esprit, les idées sont des choses, et de ce fait, les idées des objets sont plus réelles que les objets eux-mêmes.

Ils n'existent pas hors de l'esprit.

« Leur esse est percipi.

», ‘'leur être c'est d'être perçu.

» partie 1, § 3.

Pour Berkeley rien n'existe en dehors de l'esprit.

(et c'est Dieu qui permet la cohérence de toutes les perceptions). Berkeley : « Etre, c'est être perçu » Cette formule de Berkeley peut sembler surprenante puisqu'elle consiste à n'accorder de réalité qu'à ce que nous percevons.

Dire « Etre c'est être perçu », c'est affirmer que rien n'existe en dehors de l'esprit, que toute réalité est un esprit qui perçoit.

Nous avons commencé par noter que la perception est cette activité de l'esprit qui rassemble, qui collecte, or c'est justement la raison pour laquelle Berkeley ne va accorder de réalité qu'à ce qui est perçu.

En effet, il est impossible de séparer, d'isoler une idée des sensations que nous éprouvons.

Par exemple, on ne peut pas parvenir à se représenter l'étendue (ce qu'on se représente étendu dans l'espace) dépourvue de couleur, de même nous ne pouvons pas nous représenter la matière indépendamment d'une certaine forme, d'une certaine étendue, d'une certaine figure.

Tous les éléments qui composent notre univers, que l'on pense à la couleur, la saveur, l'étendue, le mouvement…n'ont aucune existence en dehors de la perception que nous en avons.

L'étendue n'est ni grande ni petite, le mouvement n'est ni lent, ni rapide, ils ne sont donc rien ; de même je ne puis former l'idée d'un corps étendu qui est en mouvement sans lui donner aussi une couleur.

Quand nous pensons que la matière ou l'étendue existent seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.

Berkeley va répondre à un problème (le problème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait à se demander si un aveugle né, recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjà discerner par le toucher.

Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique abstraite, mais une description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instant l'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idée commune à la vue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous fait croire, à tort, à l'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Mais alors, si la matière comme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait que les objets qui tombent sous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous ne sommes plus là ? Berkeley va. »

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