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Peut-on se représenter la mort ?

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« Nous savons tous ce qu'est la mort, l'arrêt des fonctions biologiques et de la vie.

Et pourtant cela est-ce si évident? L'homme est le seul animal qui sache qu'il doive mourir, mais il y a dans ce savoir quelque chose d'obscur et de mystérieux.

Représentation vient du latin repraesentare qui signifie "rendre présent".

La représentation est identifiée en philosophie mais aussi en psychologie à l'acte par lequel l'esprit se rend présent des objets, des actions.

La représentation est donc liée à l'idée d'image mentale.

Comment peut-on se former une image de la mort, la rendre présente à l'esprit? Il semble dans un premier temps que cette représentation soit impossible puisque personne n'a fait l'expérience de la mort et personne n'a pu la relater une fois mort( logique!).

Et pourtant la mort est bien présente dans notre vie, puisqu'il y a sur terre plus de morts que de vivants et que nous avons tous connu au moins une fois la perte d'un être cher.

Mais est- ce vraiment une représentation? Et à quoi peut-il nous servir de nous rendre la mort présent à l'esprit? 1.

Je ne peux me représenter ma mort Pour Épicure, la mort ne doit pas contrarier le bonheur parce que la mort n'est rien pour nous.

En effet, "tant que nous existons, la mort n'est pas, et quand la mort est là nous ne sommes plus."( Lettres à Ménécée).

La sensibilité réside dans le corps et lorsque celui-ci meurt, la sensibilité disparaît aussi.

La mort ne saurait donc faire l'objet d'aucune expérience vécue et ne peut être éprouvée, ni pensée. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle du platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas une évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien, puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière." Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous serons heureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucient pas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Une chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que déjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instant présent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instant présent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapport avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance. Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le plus longtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort. Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation.

» En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

». »

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