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Peut-on se fier aux apparences ?

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« Vocabulaire: Apparence: Aspect extérieur d'une chose; façon dont elle se manifeste à nous. Aspect trompeur des choses, par opposition à ce qu'elles sont réellement. Introduction -L'apparence désigne ce par quoi une chose apparaît ; elle est donc liée à la chose même dont elle constitue la manifestation. -Or, nous pouvons avoir deux conceptions générales de l'apparence : d'une part, l'apparence peut constituer une sorte de reflet qui manifeste un objet qui lui est par nature distinct ; mais d'autre part, l'apparence peut aussi être considéré comme étant par essence constitutif de cet objet même, en tant que l'objet ne serait rien d'autre que son apparence même. -D'où une attitude ambivalente face aux apparences : doit-on avoir une certaine retenue face aux apparences, comme si elles constituaient le lieu des illusions ? ou bien doit-on, au contraire, en avoir une confiance aveugle, au sens où elles seules constitueraient le socle réel à partir duquel le monde pourrait être perçu dans sa réalité propre ? Quelles sont les diverses attitudes à adopter face aux apparences, selon les conceptions particulières que l'on peut se forger de celles-ci ? I .L'apparence est le lieu de l'illusion sensible (Platon). Dans la perspective platonicienne, l'apparence constitue comme le reflet d'une réalité d'où elle dérive mais dont elle ne tire pas son essence : l'apparence et le reflet que celle-ci manifeste constituent des réalités aux statuts ontologiques bien séparés. L'apparence est constitutive du monde sensible en général : ce que nous prenons pour la réalité ne constitue qu'un reflet d'une réalité supérieur, le monde des Formes intelligibles, dont les apparences sensibles n'en constituent que les images dégradées, car mêlées entre elles.

L'on ne saurait donc jamais se fier aux apparences pour atteindre la vérité, puisque par essence elles sont instables au sein du devenir, contrairement au monde immuable des Formes ; c'est la raison pour laquelle la doctrine platonicienne du savoir ne prend absolument pas en compte la possibilité d'une physique, c'est-à-dire d'une science de la nature. Dans la célèbre allégorie de la caverne (République, VII), Platon présente dans un schéma simplifié le statut de l'homme dans le monde : la duperie du nigaud qui prend des vessies pour des lanternes.

Il faut imaginer une caverne profonde dans laquelle les hommes sont enchaînés face à la paroi du fond.

Ne pouvant tourner la tête, la réalité est pour eux ce mur sur lequel se déploient des jeux d'ombres.

A l'entrée de la caverne brûle un feu qui dispense une lumière suffisante pour découper sur ce mur les silhouettes des figurines que manipulent des montreurs de marionnettes, interposés entre le feu et la cloison.

Lorsqu'ils parlent, l'écho produit donne l'illusion aux captifs que ce sont les ombres projetées qui prononcent ces paroles.

L'illusion est parfaite et peut ainsi durer toute une vie. Mais si on en débarrasse un de ses chaînes - et c'est la mission du philosophe que de délivrer l'homme de l'erreur pour le conduire à la vérité -, qu'on le force à tourner la tête pour découvrir le stratagème, il sera frappé d'étourdissement.

Par la force de l'habitude, les ombres de la paroi lui paraîtront plus réelles que cette nouvelle vision des figurines manipulées devant le feu.

Il lui faudra un certain temps pour s'accoutumer à l'éblouissement du feu et convenir qu'il ne voyait que l'ombre projetée des silhouettes qu'il voit désormais en réalité.

Si maintenant on conduit cet affranchi hors de la caverne, l'éblouissement sera encore plus grand, et il faudra encore plus de temps pour voir les vrais hommes et les vrais objets, dont les figurines n'étaient que les imitations.

Plus grande encore sera la volonté de retourner dans le confort ténébreux de sa caverne.

A l'extérieur, il ne pourra d'abord observer que les ombres naturelles tant l'éclat est grand, puis les reflets des choses dans l'eau, puis les choses et les êtres en euxmêmes.

C'est à la faveur de la nuit qu'il pourra lever la tête aux cieux pour contempler les astres, et après une longue et patiente éducation regarder ce dont quoi toute réalité procède, ce qui donne l'être et la vie, la lumière solaire. Le peu de réalité auquel il avait accès dans la caverne procédait donc de cela : cette réalité unique et lumineuse, cause universelle de toute consistance et de toute réalité. Ce sera alors son tour de descendre dans la caverne pour en avertir ses camarades.

Sous l'éblouissement du soleil, il est plongé de nouveau dans les ténèbres, il passera pour un maladroit, un égaré ou un fou, tant il est vrai que nous préférons nos chimères et nos faux-semblants à l'effort pénible d'ouvrir les yeux et de nous retourner pour gravir la pente qui nous achemine vers la vérité à laquelle nous ne sommes pas préparés. Cette allégorie illustre parfaitement la métaphysique platonicienne.

Nous sommes plongés, par nos habitudes qui sont celles du commun des mortels, dans un monde de l'apparence et du faux-semblant.

Ce monde n'est pas entièrement faux (il suffirait alors d'en prendre le contre-pied pour accéder à la vérité), mais illusoire.

L'illusion n'est donc pas une erreur, mais une imitation lointaine du vrai.

Il existe un arrière-monde véridique et consistant dont toutes nos illusions tirent leur semblant d'être.

Ce monde est celui des Idées, immuables et universelles dont toutes les choses existantes sont des imitations grossières et approximatives.

Pour saisir la vérité, il faut se détourner du sensible et penser.

Ce monde vrai tire son être propre d'une seule et unique réalité qui est le Bien (le soleil, raison pour laquelle on présente la vérité comme une lumière qui dissipe les ténèbres.). »

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