Aide en Philo

Peut-on se défaire de ses préjugés?

Extrait du document

« Analyse du sujet : Le préjugé, étymologiquement, est ce qui est jugé d'avance, ce dont on n'a pas contrôlé le bien-fondé En ce qu'il n'est pas fondé rationnellement, il se rapproche de l'opinion.

Il s'oppose donc à la connaissance qui, pour être vraie, doit être fondée. Cependant, le terme « préjugé » est employé le plus souvent dans un sens péjoratif, alors que l'opinion peut être une bonne opinion, malgré l'absence de fondement. Qu'est ce, plus précisément, que préjuger de quelque chose ? Nous avons dit qu'un préjugé est ce qui, par avance, était jugé.

Quelle est cette « avance » du préjugé ? Tout jugement est un énoncé sur quelque chose, il affirme quelque chose de quelque chose, par exemple : « Socrate est mortel ».

Cette affirmation est un préjugé si on ne vérifie pas sa validité.

Or la vérification est possible de plusieurs manières : l'affirmation peut par exemple être évidente ; on peut également la démontrer par un raisonnement.

Un même jugement peut donc être un véritable jugement ou un préjugé dans le cas où, par exemple, il serait une conclusion sans prémisses (les prémisses seraient ici : « Les hommes sont mortels » et « Socrate est un homme »).

Une affirmation non évidente et non démontrée est également un préjugé. Problématisation : D'après notre analyse, il manque quelque chose au préjugé pour être un véritable jugement, que celui-ci soit vrai ou faux.

Le préjugé, justement, n'est jamais l'objet d'une démonstration.

Se défaire de ses préjugés, c'est alors démontrer ce que nous croyions auparavant évident.

La question est donc de savoir si tous les préjugés peuvent ou non être éliminés, ou plus précisément acquérir le statut de jugement véritable, par le biais de la démonstration. Mais rien n'indique que tout puisse être démontré.

Il faut donc premièrement se demander : I - Qu'est ce qui peut faire l'objet d'une démonstration ? Supposons qu'en droit, nous puissions tout démontrer.

Le problème est alors de savoir si, en fait, il est possible de se débarrasser de l'intégralité de nos préjugés. II – Peut-on faire table rase de nos préjugés ? Proposition de plan : I - Qu'est ce qui peut faire l'objet d'une démonstration ? Référence : Aristote, Seconds analytiques « L'universel, ce qui s'applique à tous les cas, est impossible à percevoir, car ce n'est ni une chose déterminée, ni un moment déterminé, sinon ce ne serait pas un universel, puisque nous appelons universel ce qui est toujours et partout.

Donc, puisque les démonstrations sont universelles, et que les notions universelles ne peuvent être perçues, il est clair qu'il n'y a pas de science par la sensation.

Mais il est évident encore que, même s'il était possible de percevoir que le triangle a ses angles égaux à deux droits, nous en chercherions encore une démonstration, et que nous n'en aurions pas une connaissance scientifique : car la sensation porte nécessairement sur l'individuel, tandis que la science consiste dans la connaissance universelle. Aussi, si nous étions sur la lune, et que nous voyons la Terre s'interposer sur la trajet de la lumière solaire, nous ne saurions pas la cause de l'éclipse : nous ne percevrions qu'en ce moment il y a éclipse, mais nullement le pourquoi, puisque la sensation ne porte pas sur l'universel.

Ce qui ne veut pas dire que par l'observation répétée de cet événement, nous ne puissions, en poursuivant l'universel, arriver à une démonstration, car c'est d'une pluralité de cas particuliers que se dégage l'universel » Selon Aristote, seul l'universel peut faire l'objet d'une démonstration.

Le particulier, à l'inverse, ne le peut pas.

Or l'universel ne peut pas être perçu par les sens, alors que c'est par eux que nous percevons le particulier.

Donc il n'y a pas de science de la sensation. Se défaire de nos préjugés, c'est dans cette perspective ne pas se laisser tromper par nos sens, c'est-à-dire, ne pas leur vouer de force démonstrative, c'est encore ne pas admettre comme évident ce que nous percevons.

Ce point doit être nuancé, puisque Aristote précise que c'est par la répétition des observations de cas particuliers que nous parvenons à l'universel.

Il ne s'agit donc pas de laisser absolument de côté les sens, mais de parvenir par eux à l'universel en multipliant la perception des cas particuliers. Se défaire de ses préjugés, c'est alors s'assurer que nous avons observé suffisamment de cas particuliers pour en inférer l'universel qui seul peut faire l'objet d'une démonstration. II – Peut-on faire table rase de nos préjugés ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles