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Peut-on s'affranchir de la subjectivité ?

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« Problématique : La question posée renvoie au problème du moi dans un rapport aux autres.

Si c'est la subjectivité qui permet l'existence du moi, alors s'en affranchir c'est dans un sens ne plus être soi-même, ainsi faire preuve d'objectivité c'est se détacher du moi intérieur.

S'affranchir de la subjectivité est la mort immédiate et certaine de l'individu. Suggestion de plan : Première partie : Le sujet et le moi Dans l'histoire de la philosophie, la subjectivité n'est en fait qu'un avatar du moi, une forme de son expression.

« Une démonstration grandiose de la misérable subjectivité de l'homme qui lui fait tout rapporter à lui-même est offerte par l'astrologie qui met en rapport la trajectoire des grands corps célestes et le misérable moi.

» Arthur Schopenhauer. C f : Pascal « le Moi est haïssable ».

La centration sur soi est répréhensible en ce qu'elle autorise à considérer l'individu comme digne d'entrer en rivalité avec Dieu. P ascal reprend ici un thème cher aux moralistes chrétiens.

À l'origine de l'injustice se trouve le « moi », épicentre d'un amour-propre qui voudrait que tout le flatte.

C 'est précisément en cela que l'on doit le haïr.

En se faisant « centre de tout », c'est-à-dire point de référence ultime du jugement, il pervertit toutes les valeurs.

Le « moi » est donc coupable de s'entretenir dans une illusion volontaire.

Il trouve en cela un point d'appui dans l'imagination, qui masque notre inconsistance pour alimenter le jeu de l'amour-propre.

Échapper à l'injustice du « moi », égocentrique par définition, ce sera au contraire se penser comme créature de Dieu et membre de Jésus-C hrist. Deuxième partie : Le moi et les autres T out sujet humain est dans un rapport inter-subjectif. C f : Sartre : le sujet humain n'existe que dans le rapport à l'autre.

Il n'y a de subjectivité que dans l'inter-subjectivité.

Je ne me connais que dans l'autre. Sartre dira : "A utrui est-il le médiateur entre moi et moi-même" Sartre, dans L'Être et le Néant (3e partie, ch.

I, I), pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise de conscience de soi.

Il en fait la démonstration par l'analyse de la honte.

J'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui, par exemple si je suis surpris à faire un geste maladroit ou vulgaire.

La honte dans sa structure première est honte devant quelqu'un.

Elle est immédiate, non réflexive.

La honte est un frisson immédiat qui me parcourt de la tête aux pieds sans préparation discursive.

L'apparition d'autrui déclenche aussitôt en moi un jugement sur moi-même comme objet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui.

La honte est, par nature, reconnaissance.

Je reconnais que je suis comme autrui me voit.

La honte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables.

A insi j'ai besoin d'autrui pour saisir à plein toutes les structures de mon être.

A utrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi et que je ne suis pas.

La présence d'autrui explicite le « J e s u i s je» et le médiateur, c'est-à-dire l'intermédiaire actif, l'autre c o n s c i e n c e qui s'oppose à ma conscience, c'est l'autre.

Le fait premier est la pluralité des consciences, qui se réalise sous la forme d'une double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autrui et autrui n'est pas moi.

C 'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre comme l'autre est ce qui m'exclut en étant soi. A vec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font preuve.

La même analyse pourrait être faite, comme Sartre lui-même le suggère, sur la fierté ou l'orgueil, et ce serait un bon exercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaît tributaire de Hegel, qui a montré, d a n s l a P hénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoir pour aboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de la formule de Sartre, c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de la connaissance de soi et qu'elle en apparaît comme le fondement. Il faut que je sorte du moi pour me connaître. A insi l'affranchissement fait partie même de la subjectivité. Troisième partie : L'affranchissement impossible et nécessaire Le rapport du sujet à lui-même doit être affecté d'une certaine distance.

Mais comment penser cette distance ? Q u'y a-t-il dans le moi pour qu'une certaine distance par rapport au moi soit nécessaire ? C ar s'affranchir de la subjectivité s'est s'affranchir en même temps du moi.

Il y aurait donc un besoin d'échapper au moi, en passant notamment par la médiation de l'autre. P ourtant dès qu'il y a projection dans l'autre, je ne m'affranchis plus car mon propre mouvement est de me récupérer. " C onnaître c'est toujours entrer en relation avec quelque chose...

que les choses puissent avoir une nature en soi, indépendamment de l'interprétation et de la subjectivité, c'est une hypothèse parfaitement oiseuse ; elle supposerait que l'interprétation et la subjectivité ne sont pas essentielles, qu'une chose détachée de toutes ses relations est encore une chose...

Le caractère interprétatif de tous les phénomènes choisis et groupés par un être qui les interprète." Nietzsche (Oeuvres posthumes) L'affranchissement n'est donc jamais total.

Il s'exerce donc un jeu de miroir du sujet lui-même (auto-appropriation).

" Le sujet ne retrouve dans l'objet que ce qu'il y a mis." Kant. Je suis dès lors affranchi dès que je suis sujet, je ne peux me connaître que dans l'affranchissement.

M ais il y a retour à soi, retour de la conscience de soi (cf : Hegel, La Phénoménologie de l'esprit).

A insi l'écart du départ s'en trouve annulé. Conclusion : Il faut qu'il y ait ce double mouvement pour qu'il ait un moi, qu'il y ait une conscience de soi.. »

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