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L'historien est-il soumis à sa subjectivité ?

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« Beaucoup de penseurs d’aujourd’hui ne croient plus que l’idéal d’objectivité impassible dont les positivistes avaient rêvé, que Fénelon (fin du XVIIe) lui‐même prônait jadis (« Le bon historien n’est d’aucun temps ni d’aucun pays ») soit réalisable.

Dans toute la masse des faits du passé que nous pouvons reconstruire à partir de leurs traces, il nous faut faire un choix.

Mais comment distinguer le fait historique, le fait important du fait non historique insignifiant ? Seignobos (historien français, mort en 1942) disait que l’on juge de l’importance d’un fait à ses conséquences mais celles‐ci à son tour ne seront‐elles pas appréciées subjectivement par l’historien? Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’y a pas en histoire de signification absolument « objective » d’un fait et que c’est en fonction du présent que nous donnons à tel ou tel fait passé une signification et une valeur.

Nous autres, hommes du XXIième, nous sommes surtout attentifs dans le passé aux faits économiques, tandis que par exemple les chroniqueurs du moyen âge voyaient d’abord les faits religieux (le récit du moindre « miracle » était pour eux essentiel).

L'historien est aussi le produit d'une époque, d'une culture, d'une histoire.

Sa lecture du passé ne peut faire abstraction de ce filtre majeur qu'est sa formation.

Chaque présentation qu'il fait d'un pays à une époque donnée est la rencontre entre cette culture qui est la sienne, et ce que cette culture lui permet de comprendre de cette période et de cette civilisation qui sont autres.

Il est bien évident qu'un historien chinois qui s'intéresserait à la Grèce antique n'aurait pas les mêmes interrogations, les mêmes étonnements, et ne présenterait pas les mêmes choses que le ferait un Occidental de l'époque actuelle.

Il y a même de radicales impossibilités dans la compréhension de cet autre temporel qu'est le passé.

Aucun historien, prétend‐on communément aujourd’hui, ne peut échapper à sa subjectivité.

Michelet, pour écrire sa monumentale «Histoire de France», voulait oublier l’époque contemporaine, s’interdisait de lire le journal, s’enfermait toute la journée aux Archives.

Cela ne l’a pas empêché d’écrire une histoire à la fois jacobine et romantique, une « épopée lyrique » de la France.

Il a projeté dans son œuvre des valeurs sentimentales, des partialités politiques, si bien qu’on a pu dire que « l’histoire de France de Michelet nous apprend plus de choses sur Michelet lui‐même que sur la France » ! Michelet rédigea son «Histoire de France» en deux parties.

Les six premiers volumes furent publiés entre 1833 et 1844.

Les onze derniers (de la Renaissance à la Révolution) parurent de 1855 à 1867.

C’est une œuvre littéraire tout autant qu’historique, quand l’auteur perd de vue la recherche de l’impartialité au profit du désir d’emporter l’adhésion du lecteur.

En lieu et place d’une Révolution faite par les notables à leur profit, Michelet alimente le mythe d’une Révolution populaire, donne aux masses une importance qu’elles n’ont pas eue.

Au regard des exigences scientifiques actuelles, Michelet ne serait peut‐être pas au nombre des historiens reconnus mais bien peu peuvent, encore aujourd’hui, se vanter d’insuffler à leur lecteur une semblable passion ardente pour l’histoire.

Les dons brillants de Michelet, fils d'un pauvre imprimeur, l'ont placé au faîte des honneurs; il est professeur d'histoire à l'École normale supérieure, chef de la section historique des Archives nationales et titulaire d'une chaire d'histoire et de morale au Collège de France.

=> https://www.devoir‐de‐philosophie.com/dissertations_pdf/30660.pdf Raymond Aron (opposant libéral de Sartre, le libertaire) a bien mis en lumière la subjectivité de la connaissance historique.

Pour lui, la réalité historique est « équivoque et inépuisable ».

Valéry dit, dans le même esprit, que l’histoire « justifie ce que l’on veut », elle prouve tout ce que l’on veut le vice comme la vertu ! Dans sa richesse hétéroclite, il y a toujours de quoi justifier n’importe quelle position a priori de l’historien. L’historien se projette dans l’histoire avec ses valeurs et ses passions.

Il ne saurait survoler l’histoire, la constituer du point de vue de Sirius (cad d’un point de vue désintéressé et transcendant), car il est homme lui‐même, il. »

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