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Peut-on respecter ce que l'on aime ?

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« Termes du sujet: RESPECT : Sentiment éprouvé face à une valeur jugée éminente ou absolue, et qui conduit à s'interdire tout ce qui pourrait lui porter atteinte.

Le respect est, selon Kant, le seul mobile subjectif possible de l'action morale désintéressée, c'est-à-dire d'une action déterminée objectivement par la seule représentation de la loi ( ou impératif catégorique).

Le respect est alors ce que l'on doit à autrui en tant que personne morale. AMOUR: 1.

Sens courant : sentiment d'affection passionnée d'un être humain pour un autre.

2.

Sentiment de profond attachement (à un idéal moral, philosophique, religieux) impliquant don de soi et renoncement à son propre intérêt (exemple : l'amour de la justice). 1.

L'inspiration mal inspirée Ce qui motive mon manque d'attention et ma précipitation, on l'a vu, c'est l'évidence de mon opinion qui s'impose avant même que j'aie pensé quoi que ce soit de manière réfléchie, et qui risque de bloquer toute possibilité de penser autre chose. Au lieu de laisser travailler dans l'ombre mon opinion, braquons les projecteurs sur elle, laissons-la s'exprimer avant de penser l'énoncé «à froid ». • Autant, lors de l'analyse précédente, «temps» et «même» semblaient immédiatement s'opposer, autant ici, «respecter» et «aimer» me paraissent inévitablement associés: le second ne va pas sans le premier ! Plus précisément, on doit respecter ce que l'on aime, sinon estce bien de l'amour? Mon propos sera donc clair : montrer que le respect est au coeur même de l'amour, lui donnant sa pleine dimension, tant affective que morale. • PEUT-ON respecter ce que l'on aime? Autrement dit, on demande si respecter ce que l'on aime est une chose POSSIBLE.

On se souvient que «peut-on», «possible» en français, se décline en trois sens : capacité, probabilité, autorisation.

(Il faut donc envisager chaque sens dans l'énoncé afin de vérifier ce qui «fait sens».) • Mon opinion et l'énoncé: que donne la comparaison? D'abord, un grand malaise...

Car enfin, se demander si on peut, éventuellement, parvenir à respecter ce que l'on aime, c'est donc qu'au départ ce n'est pas si évident que cela! Donc, c'est dissocier ce que notre opinion associe, elle, spontanément ! L'énoncé sous-entend exactement le contraire de ce que moi...

je sous-entends! Il suggère, en effet, qu'au départ, il y a différence, sinon même incompatibilité entre «respecter» et «aimer» puisque la demande porte sur la possibilité d'allier les deux. 2.

Analyse méthodique Comment démarrer? En partant de l'énoncé lui-même, c'est-à-dire justement de son sous-entendu, soit, de l'idée que «respecter» et «aimer» ne vont pas du tout ensemble. Quels cas, quelles attitudes pourraient nous venir à l'esprit ? L'amoureux qui épie, sinon séquestre l'être a i m é d e peur de le perdre, est sans doute ici un cas typique : par jalousie, l'amoureux, agressant l'autre d e s a méfiance, finit, pour m i e u x le surveiller, par lui organiser autoritairement une existence, à s a convenance de jaloux ne supportant chez l'être aimé aucune marge de liberté personnelle.

Il aime, et parce qu'il aime, il ne peut respecter l'autonomie propre à l'autre, cette liberté de l'être humain à disposer de soi et se donner soi-même ses propres fins.

En fait, l'amoureux ici ressent cette liberté comme un danger — risque de perte de l'être aimé — mais comme aussi ce qui lui échappe, ce qu'il ne peut s'approprier et qui lui reste étranger. Sans pour autant tomber dans le désir d e possession maladif du jaloux, il semble bien q u e l'amour cherche, toutefois, à abolir les distances, à unir.

Or le respect, sorte de crainte, disait Kant, mêlée d'admiration, «tient à distance» incontestablement.

Dès lors, dans cette distance qui marque en même temps une totale non-intervention, on risque de considérer, qu'en fait d'amour, il y a plutôt, à tant respecter, indifférence à l'égard de la personne elle-même, ne se préoccupant guère de ce qu'elle pense vraiment, de ce qu'elle vit, aime, veut... On voit donc mieux pourquoi la question pouvait se poser.

On en arrive m ê m e à concevoir en quoi «respecter» et «aimer» constituent finalement deux sentiments bien différents, pouvant même s'opposer semble-t-il.

Dans ces conditions, il faut alors se demander, ainsi que la question nous y invite, si, au-delà des divergences qui les séparent, il n'y aurait pas un point, un «lieu conceptuel» (d'idées) où respecter et aimer seraient en accord. « Une personne est ce sujet dont les actions sont susceptibles d'imputation.

» Kant, Doctrine du droit, 1797. « Les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi.

» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785. « L'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré.

» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785.

Respecter l'autre, c'est m'interdire de l'utiliser c o m m e un simple moyen pour parvenir à m e s fins.

Je ne respecte l'autre qu'en tant q u e je respecte en lui la nature raisonnable de l'humanité, qui est à elle-même sa propre fin. « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785. « Il appartient à la culture, à la pensée comme conscience que l'individu prend sous la forme de l'universel, que je sois saisi comme personne universelle : en celle-ci tous sont identiques.

L'homme a cette valeur parce qu'il est homme, non parce qu'il est juif, catholique, protestant, allemand, italien, etc.

» Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821.

Tout sujet a droit à être reconnu, au-delà d e l a communauté nationale, politique ou religieuse à laquelle il appartient, comme personne universelle. « Dans la mesure où chacun est reconnu c o m m e une essence libre, il est u n e personne.

C'est pourquoi le principe du droit peut s'énoncer aussi de cette manière : chacun doit être traité par autrui comme une personne.

» Hegel, Propédeutique philosophique, 1840 (posth.). »

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